Quand vous étiez petites, vous supportiez très mal ma manie de me référer à des livres pseudo-psycho-pédiatros machin, dans lesquels je cherchais à me rassurer sur les avatars de nos mésaventures familiales. Il y a dans le « apparemment, c’est normal ? », quelque chose d’apaisant quand la crise couve. Souci d’être unique, raillerie devant mes inquiétudes ? je ne sais, mais j’ai le souvenir que ces lectures vous exaspéraient. Vous n’aimiez pas mes ardeurs à chercher dans la littérature sur ados le pourquoi du comment de ce qui me désarçonnait. Car, comme disait ma propre mère, en évacuant le problème d’un trait de plume, « on ne nous a pas appris à être parents ». Elle ajoutait qu’on fait pour le mieux, moyennant quoi, selon elle, on a, de facto, droit à l’indulgence du jury. L’argument lui ressemblait suffisant pour démontrer qu’ayant fait ce qu’elle jugeait bon, aucun critique n’était possible… elle qui, pourtant, était expert en dictons et ne pouvait ignorer 1) que l’enfer est pavé de bonnes intentions (sous les pavés, la plage !! et vive 68) (pardon ! « l’enfer c’est les autres » !!!) 2) que le mieux est l’ennemi du bien etc etc…
68 étant passé par là, et avec lui le besoin d’expliquer, de justifier et de comprendre, j’avais quant à moi recours à ce dérisoire besoin de normes pour tenter de m’adapter aux imprévus, et croyez-moi les filles, être parents ce n’est que de l’imprévu. On part bardés d’un enthousiasme accompli, qu’on ne rencontre à aucun autre moment de sa vie, on y croit à cette aventure éblouissante et si fort désirée. On s’y jette à corps perdu et avec un souffle jamais atteint auparavant, et on se retrouve propulsé dans un truc compliqué, où on ne fait que des bêtises, et où toutes les fameuses bonnes intentions se retournent contre nous comme autant des pièges désespérants. Alors on se précipite dans le docteur Spock puis plus tard dans Dolto, pour comprendre où ça a foiré. Prêt, contrairement à ce que votre désapprobation sous-entendait, à se remettre en cause, à reprendre à zéro, juste avant l’erreur, erreur commune, puisque le pédiatre consulté a la bonté de vous dire que d’autres l’ont faite avant vous, avant de vous servir un listing complet de conseils parfaitement judicieux mais forcément inadaptés. Il n’y a que le temps qui donne la décontraction nécessaire, qui fait réaliser que finalement il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre mesure, pire, que l’inquiétude rejaillit sur l’enfant et est trop lourde à porter pour lui. Mais je vous rassure, sauf à sombrer dans l’indifférence ou l’inconscience, on en a pour la vie à se poser des questions sur le bienfondé de la façon dont on s’y est pris.
Quant aux normes, elles continuent à vous tarauder le quotidien, tant il est vrai qu’elles sont rassurantes quand on se trouve pris à un piège quelconque. On a viscéralement ce besoin de ne pas se savoir seul à déraper, de ne pas se savoir le seul à s’être carrément plantés ou au contraire, de se dire que les sacrifices ou renoncements qu’on accepte sont réalisés dans un but d’adhésion à une référence universelle. Morale, légale ou simplement naturelle. On aime à savoir que d’autres ont partagé vos angoisses, que d’autres ont éprouvé vos inquiétudes, que d’autres ont eu vos aspirations. Parfois aussi, on s’en sert pour mieux affirmer sa singularité et on s’en éloigne volontairement, pour mieux se sentir unique. Mais toujours on s’y réfère.
Pourquoi aujourd’hui ce préchi-précha philosophico juridique ? Oh, juste un copieux et inextricable mélange de réflexions politiques, sociales et personnelles. Est-il normal qu’un homme épouse une femme qu’il connaît depuis deux mois à peine ? Est-il normal qu’un président de la République traite un péquin lambda de « pauvre con », alors qu’on s’est offusqué à juste titre, peu auparavant qu’un élève traite son prof de « connard » ??? Est-il normal qu’un jeune homme, renversé par une voiture sur la route de Semussac à Saujon, soit laissé pour mort par le chauffard responsable, puis de nouveau écrasé par le suivant ? Et accessoirement, (je vous dis, c’est un mélange bizarre !), j’essaie en ce moment de me convaincre qu’il est normal que vos enfants, partis vivre leur vie, vous oublient ou du moins ne prennent pas le temps de vous appeler parfois pour vous dire, simplement qu’ils vous aiment ! Comme on le fait avec ceux qui vous sont chers et dont l’amitié risque de vous être ravie. Parce qu’être parents, finalement, c’est une aventure compliquée, et qu’on met vraiment beaucoup de temps à tout comprendre !!
* « Eh con ! » est une expression courante de la banlieue bordelaise (dont je suis originaire), plutôt affectueuse et qui n’a absolument rien d’insultant… Un peul'équivalent de "eh couillon !"... Quant au relief que les médias donnent à chaque soupir ou soubresaut présidentiel, cela pourrait faire l’objet d’un article à part du Petit ReNaudon, Ah ! le pouvoir des médias … et des petits films "instantanés volés" qui circulent sur le net, il y aurait de quoi persiffler longuement sur ce sujet là ! Dans un contexte totalement à fleur de peau et sans le moindre recul, c'est plus délicat. J'en reparlerai...
Alors pour ce qui est de l'éducation que l'on donne à nos enfants... malgré tous les efforts que l'on fait, tous les livres que l'on lit, rien n'est jamais parfait, rien n'est jamais facile ! et puis finalement comme chaque enfant est différent, on a beau faire de notre mieux... on ne sait jamais si c'est la bonne méthode, mais je crois qu'il faut suivre son instinct et ne pas s'occuper de tout ce que l'on entend, des conseils de chacun, au diable,ce sont nos enfants, à nous! oui mais comme on dit "personne n'appartient à personne !" et un jour, on les perd, pourtant on s'est préparé parcequ'on nous a prévenu... mais je ne sais pas comment font les gens qui arrivent à couper les liens ? Petite Nicole, je sens qu'il y a un manque ... ne tinquiète pas, même si c'est dur, ça veut dire qu'elles vont bien ! qu'elles sont si heureuses, qu'elles n'ont pas le temps de tout te raconter, mais elles ne t'oublient pas ! Il faut aussi reconnaître que cela peut vouloir dire qu'elles sont trop mal pour appeler... mais nous les mères, ça finalement on finit toujours par s'en douter! enfin tu vois là encore ce n'est pas facile, et ça continue ! Mais pourquoi donc ne vivons nous pas notre vie tranquillou sans nous occuper d'elles? après tout ce serait lemieux à faire non? mais voilà, nous sommes des Mères !!!!
RépondreSupprimer"Ha putain con" j'ai oublié la 2 ème parti de l'article !
RépondreSupprimerles médias et Sarko !effectivement y' a article à écrire, j'attends ça !parceque moi aussi,je suis un peu (beaucoup)remontée, donc il faut peut être qu'on se calme avant !
Je suis peut être un peu vieux jeu parfois ? mais j'avoue qu'il y a des choses qui passent mal.