Marie, promise pour ce week-end aux découvertes peu affriolantes d’un charcutage de front, savait qu’elle finirait enrubannée, la tête ceinte d’un bandeau style années 20 d’une esthétique moyenne. Pour dédramatiser l’outrage, elle avait prévu une pipe pour la photo souvenir, immortalisant son réveil. Elle a beaucoup amusé son équipe soignante en leur déclarant qu’elle allait enfin ressembler à Apollinaire, et que c’était un grand honneur pour elle. En fait, recherche faite sur le web, c’est sur 2 photos différentes qu’on retrouve ces accessoires, mais l’image est là, et elle a joué son rôle avec beaucoup de sérieux. Un sacré coureur de jupons ce Guillaume Apollinaire…
Quant à Louise de Coligny Chatillon, c’était une fieffée coquette : c’est deux jours après son engagement dans l’armée, que piquée par l’abandon de son sémillant poète, elle décide de céder à sa flamme. Préférant sans doute les charmes de l’uniforme à ceux du sonnet. Quelle fugitive passion que la leur, consommée en quelques mois ou plutôt quelques heures. Il la rencontre le 27 septembre 1914, se pique au jeu de la séduire alors qu’elle lui résiste, s’engage le 4 décembre et passe avec elle une semaine ardente du 7 au 14 décembre. Le 2 janvier 1915, il en rencontre une autre et au mois de mars, la rupture entre eux est avérée. Mais cette brève idylle a marqué nos imaginaires tant les mots du poète pour la prédire et la dire sont éternels.
Le portrait de l’aimée sous sa vaste capeline écrit en calligramme, « Reconnais-toi, cette adorable personne c’est toi » s’est imprimé dans nos mémoires comme un symbole de la légèreté de la belle, et nous avons tous lus en cachette les poèmes d’un érotisme échevelé qu’il lui dédiait. On ne peut oublier son « Mon très cher petit Lou, je t’aime »… dont les vers les plus drôles « Mamelon droit couleur de champagne non champagnisé je t’aime, Mamelon gauche semblable à une bosse du front d’un petit veau qui vient de naître je t’aime » restent liés pour nous à la découverte émerveillée et surprise de l’anatomie féminine, revue et corrigé par un homme amoureux.
Quant à Marie, elle supporte vaillamment sa nouvelle coiffure, et nous attendons avec impatience le retrait du bandeau pour juger de l’effet de l’intervention. J’espère que sa bonne volonté sera récompensée, et le résultat définitif.
Très bonne photo, la patiente a fait ça avec beaucoup de sérieux ! J'espère qu'elle va bien et alors le résultat ?? Contente Marie ?
RépondreSupprimerRéponse au dessus... le sourire épanoui de la "patiente", qui grâce justement à cette patience n'a même pas un bleu, répond à ta question !!
RépondreSupprimerPS et sans rapport avec ce qui précède, tu avais vu les œufs de Pâques que m'a offert ta maman ??? dans l'article du 24 mars...
RépondreSupprimerOui les oeufs suisses ! Et ils sont bons ! :-)
RépondreSupprimerAh mais je n'avais pas compris qu'ils venaient de Suisse ces œufs !!! Ta maman a bien dû le dire à Michel, mais il est un peu dans la lune...
RépondreSupprimer