mercredi 26 mars 2008

LES BONNES TOILES

La tradition michelaise des week-end pluvieux a été respectée : outre les 2 bonnes bouffes, les 2 bonnes balades, nous avons réussi à voir aussi nos 2 bonnes toiles.
L'une au ciné, l'autre en DVD. Tu nous avais offert pour Noël "le dernier roi d'Ecosse" et j'avoue que, malgré mes préventions, j'ai assez aimé. Je n'avais en fait rien compris au sinopsis, et j'ai été surprise car je pensais que le personnage de Garrigan, le médecin préféré d'Amin Dada, était un sinistre arriviste dont le film faisait l'apologie. C'est en fait un blanc-bec plus rêveur et maladroit que mal intentionné. Son indifférence frise l'irresponsabilité et sa découverte abrupte de la pauvreté, de la corruption, de l’inégalité sociale et la tyrannie ne semble guère l'affecter. Le film est noir, affreusement sombre (à tous les sens du terme, j'ai passé mon temps à demander à Michel ce qui se passait !), mais son côté trop romanesque lui enlève beaucoup de force de démontration, et l'absence totale de conscience politique du jeune héros est quand même frustrante. Heureusement le film est magistralement porté par Whitaker dont la stupéfiante composition est à saluer.

Au cinéma nous avons vu le dernier Assayas, dont le thème était finalement bien adapté à notre état d'esprit pascal "que devient une "maison de famille" après la mort de celle qui la faisait vivre ?". Marie, tu n'as pas aimé Clean, je ne sais pas trop si tu apprécieras cette chronique familiale un peu trop huilée où "tout le monde il est riche, tout le monde il est de bonne compagnie". Il faut savoir que le film a été conçu à la suite d'une commande avortée du Musée d'Orsay à l'occasion de son 20ème anniversaire. Assayas contacté pour un documentaire sur le musée, a décidé de transformer son sujet en scénario quand le projet est tombé à l'eau : à partir du décès de la grand-mère qui entraine la vente de la maison, il s'éclate sur les tenants et aboutissants d'une dation en paiement des droits de succession qui donne une tonalité improbable à son histoire. Elle est pourtant très banale cette déchirure face aux reliefs d'une vie, face aux objets qui perdent leur vie le jour où ils ne sont plus l'objet d'un culte entretenu. Il y a ajouté une peinture intéressante de l'évolution des mœurs et des vies, qui ne suit pas nécessairement celle des habitudes affectives. Les ruptures générationnelles sont suggérées avec subtilité, et sans la moindre lourdeur. Même s'il parait simple à lire, le film est une savoureuse approche de ce qui construit la culture familiale, ces petits riens qui nous tissent tels que nous devenons, de façon parfois totalement décalée par rapport à notre vie sociale. C'est aussi un superbe décorticage du temps qui passe et nous entraine vers un ailleurs qui n'est pas celui qu'on aurait rêvé de construire. Une réflexion raffinée, élégante (un peu trop diront certains) et allusive sur l'ancrage familial, la nostalgie de l'enfance, l'impossibilité de sauver ce qui n'est plus, l'inanité des regrets et la méprise du prisme du passé. La caméra, vraiment superbe, est d'une justesse jamais prise en défaut et Charles Berling parfaitement juste. Certaines scènes secondaires sont étonnamment maladroites mais le film est à voir sans hésitation. Sauf peut-être si on n'est plus très jeune et trop attaché à sa maison de famille !!!

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