vendredi 11 juillet 2008

LES DESESPOIRS DE LA POLITIQUE

Avignon le retour... comme chaque année, depuis tant et tant d'années, nous avons repris le chemin du Vaucluse... Route hyper calme, à croire que les oiseaux de mauvaise augure ont raison, la France est morose, elle ne part même plus en vacances ! Sur la route halte traditionnelle en face de la Cité, comme quand vous étiez petites et qu'on vous tirait du sommeil en exigeant votre admiration devant Carcassonne illuminée.

En arrivant, après l'installation au Mercure, qui a pour essentiel mérite d'être hyper central, mais qui a perdu sa splendide terrasse de petit déjeuner au profit de quelques chambres supplémentaires (rentabilité quand nous tient), première quête : se procurer la carte du Off. Les autres années c'était hyper simple, on l'achetait lors que premier spectacle et cela prenait 2 minutes... on se voyait délivrer un petit carton modeste, sur lequel s'étageaient à la fin du séjour la liste des spectacles vus, un peu comme une liste de trophée. Il faisait mémoire des festivals antérieurs et on s'y référait les années suivantes pour éviter de retourner voir les mêmes ! Il était nominatif certes, mais sans doute était-il possible de le donner ensuite à quelqu'un d'autre afin qu'il bénéficie des tarifs du Off, sans payer l'abonnement. Dieu sait que nous sommes venus en Avignon, et pourtant jamais nous n'avons eu l'occasion de faire bénéficier quiconque de notre carton, et d'user de cette triche. Mais, paranoïa ambiante aidant, on m'a déclaré d'un ton sentencieux qu'il y avait eu tellement d'abus qu'on a décidé une carte format carte bleue, le off labellisé et standardisé... mais surtout avec une photo. Je ne vous dis pas la panique que cela entraine. Au bureau central du palais des Papes, deux malheureuses filles s'évertuent en restant cool, de satisfaire la longue file d'attente des festivaliers excédés. Elles doivent prendre chacun en photo avec une webcam, et gentiment expliquer les nouvelles mœurs aux nouveaux abonnés. Un brave avignonnais nous a dit être passé trois fois dans la journée, avant de revenir comme nous vers 19h00 pour enfin ne faire que 3/4 d'heure de queue. Combien de spectateurs seront découragés par cette attente qui, le 14 juillet va frôler la demie-journée, émeutes et crises de nerfs assurées... et renonceront aux représentations faute du précieux sésame, la carte étant rentable à partir de 3 entrée seulement. On la prenait facilement et du coup, on ne se restreignait plus. Les gens qui ne seront à Avignon que pour deux jours, en passeront pas des heures carrées à faire la queue, et se contenteront de errer dans les rues surchauffées ! Encore une mauvaise bonne idée... Advienne que pourra.
Le truc, pour ceux qui arrivent en train, est de prendre sa carte du Festival Off à la gare TGV, il est vraisemblable, mon blog n'ayant pas une telle audience, que cela sera plus calme. Accueil tous les jours au guichet de TCRA (bus) de 10h à 18h !!!

Du coup nous n'avons pas eu le temps de dîner, juste un petit verre de côte du Rhône dans les jardins du Chêne Noir, avant notre premier spectacle. Entre les fanatiques qui renoncent à leur humanité au nom de l'espoir d'un monde meilleur, en tremblant qu'il n'arrive pas et que leur sacrifice soit inutile, et la machine d'un seul meurtre, vengeance et désespoir confondus devant la tyrannie, qui sait pertinemment que ceux qui remplaceront le tyran ne seront ni pires ni meilleurs, il régnait dans ces pages une angoisse désabusée qui a rendu la soirée grave.

Les Justes

Camus Albert
DU 5 AU 27 JUILLET. “En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l’ont précédé et suivi font le sujet des Justes...” (Albert Camus)
Nous étions allés en voir une version décevante l'an dernier, interprétée en contre-sens total, uniquement par des filles... alors que c'est une pièce d'hommes. Nous avons cette année senti encore plus fort le ratage de l'autre ! En effet, celle du Chêne Noir est très juste, même si quelques acteurs sont un peu maladroits, les deux rôles principaux sont parfaitement interprétés, et la mise en scène est d'une sobriété parfaite. Certains moments sont même émouvants, même si au total, le contexte date. Mais les aspirations et rêves de ces terroristes, mourir pour une idée, la fraternité du groupe, restent d'actualité... L'interprétation du théâtre de la main gauche, fait de Dora celle qui introduit dans cette exaltation masculine une dose d'humanité, à laquelle elle renonce après la mort de l'homme qu'elle aime. Cette dimension, importante sans doute, qui oppose amour humain et idéaux révolutionnaires, était totalement occultée l'an dernier.

C’est sur la place de l’Oulle, au fond d’un restaurant dont les fumets appétissants nous chatouillaient les babines pendant l’attente, qu’avait lieu notre deuxième spectacle :

L'action se passe à Florence, en Janvier 1537. Depuis peu, la ville a signé la paix avec Charles Quint, Empereur d'Allemagne. Ce dernier, avec la complicité du Pape, a remis le pouvoir entre les mains du D
uc Alexandre de Médicis, le bâtard, qui règne avec sauvagerie sur la ville en pratiquant crimes, iniquités, corruptions... Lorenzo s'est mis en tête de restaurer la république florentine. Il joue à devenir l’ami de débauche du tyran, son cousin, pour le tuer. Il subit alors le mépris de tous. Mal soutenu par la confiance et l'amitié du vénérable Philippe Strozzi, Lorenzaccio en vient à douter de la mission qu'il s'est fixée, mais reste convaincu que ce meurtre est le "seul brin d'herbe" auquel il peut "cramponner ses ongles"...

Pendant que nous faisions la queue en regardant défiler des somptueuses entrecôtes, de délicates souris d’agneau et d’appétissantes brochettes, on nous distribua un programme dont je ne compris trop la teneur. Il insistait sur les nombreuses versions qui, depuis Sarah Bernhard, ont « violé » le texte de Musset, l’ont affadi, dénaturé et vantait celle, jeune et enlevée, que nous allions voir. J’avoue avoir alors conçu quelques doutes sur sa qualité, mais sans trop savoir pourquoi. Les premières minutes inutilement provocatrices nous ont un peu inquiétés, mais en fait c’est plus par naïveté, manque de professionnalisme et approximations grossières que pêchait ce Lozzenzaccio. Les acteurs jouaient plutôt mal, la mise en scène était indigente et parfois grottesque, et l’ensemble s’est révélé plus ennuyeux que franchement mauvais. Des coupures maladroites fardaient la pièce en une suite agitée de faits décousus, et s’il n’y avait pas à proprement parlé viol, il y avait de nombreuses gaucheries. L'acteur qui interprétait Lorrenzo avait parfois, malgré un physique de rugbyman, un trois quart centre au visage anguleux et carré, des fulgurances assez justes, et sauvait à peu près l'ensemble bien décevant qu'on ne vous recommande pourtant guère. Une de ces prestations qu’on trouve immensément longue, et dont on se contente d’attendre la fin avec impatience.

Nous sommes sortis un peu découragés, le ventre vide et fatigués. Un énorme cornet de glaces italiennes nous a consolés, mais nous nous sommes promis d’être plus vigilants à l’avenir dans nos choix.



2 commentaires:

  1. Mais tu fais même le blog quand tu es à Avignon !!!!! Si j'avais sû je me serai connectée dans un cyber ! ;-)
    Sommes déjà rentrés, deux petits jours seulement... merci pour le "Erendira" !!! J'aurai dû le voir le dernier jour car après tout m'a semblé morose... en avons vu certainement moins que vous mais avons aussi passé un bon moment ! Déception car plus de places pour "Dialogue avec le Chien"... Michael a apprécié "le facteur" !
    Suis allée voir "Récits de bains", suite de "Récits de lits" de l'année dernière, deux très beaux textes relation père-fille, et peur d'être père... les deux histoires se tressent magnifiquement bien ensemble, et visuellement une chorégraphie autour de deux baignoires ou les acteurs se terrent, se mouvent, se découvre...
    Avons vu "La mégère à peu près apprivoisée" et un "Roméo et Juliette" de la troupe de Los Figaros au théatre des Béliers, bon toi tu n'aimes pas le comique donc je ne pense pas que tu apprécies, mais c'était assez drôle, un language contemporain, une jeune troupe avec selon moi des acteurs très prometteurs !

    Merci encore pour tes conseils avisés ! Michael a beaucoup apprécié ! Du coup il t'as même envoyé des sms tout seul ! ;-)

    Bonne fin de festival !

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  2. Si si j'aime le comique mais à bon escient, je n'aime pas les méchancetés, les lieux communs ou les rires inadaptés... j'adore rire et le goldoni ou le dialogue avec le chien m'ont enthousiasmée... j'aime aussi l'absurde mais qui a un sens (??!!) les pièces contemporaines et créatives, mais ce que je DESTESTE ce sont les "trucs" gratuits, la démagogie et les soi-disant trouvailles qui ne sont là que pour flatter le public dans ses instincts grégaires. J'aime qu'on respecte le public, et qu'on lui serve une sauce accommodée avec finesse et talent, inventive et sans contre-sens, car il faut aussi respecter l'auteur !

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