vendredi 29 août 2008

VENDANGES TARDIVES ou TRIFFON LOGISTICIEN

Ma Marie, puisque tu étais loin en ce jour de fête improvisée, il faut que je te raconte tous les détails. L'histoire a commencé il y a quelques mois, on retrouverait la date exacte dans le Petit Re, quand nous sommes allés au domaine musical de Pétignac, revoir notre ami Gérard qui nous avait vendu le Pfeiffer des 40 ans de Michel ! C'était en 1980... En réalité l'histoire a commencé depuis plus longtemps car j'avoue que j'avais, dès que nous avons fait des plans pour le garage de Meschers, la vision de ce que nous y avons réalisé aujourd'hui !
Donc, vers le mois de mai, nous sommes allés à Pétignac : j'avais des étudiants en stage à visiter aux environs de Jurignac et j'ai traîné Michel avec moi, l'ai posé au domaine et suis allée voir mes stagiaires. En fait, ce jour-là, nous sommes bien et mal tombés. C'était, nous ne le savions pas, une journée consacrée à une démonstration Steinway. Ce qui nous a valu la chance de revoir Arlette, venue faire un concert et aider Gérard à présenter les différents modèles de la marque, assisté par un responsable commercial venu tout exprès le seconder. Nous avions passé une excellente journée, mais Gérard n'avait guère eu le temps de s'occuper de Michel, ce sur quoi je comptais pour vaincre les réticences de ce dernier. Faut dire que côté réticences, j'en ai eu mon comptant !

Quand plus tard notre Triffon préféré, qui ne s'appelait pas encore Triffon, m'a appelée pour s'émerveiller de figurer en bonne place dans le Petit Re, journal de réputation internationale (ben oui, la Chine (coucou Emmanuel, t'es où à propos ????), le Portugal (Frédéric tu es toujours là ?), la Suisse (ah là oui, Emilie, toujours prête !)... Je m'égare... Quand Gérard m'a déclaré en riant comme un fou au téléphone "Salut Agnès, tu vas bien ?" et que nous avons repris vraiment contact, je lui ai signalé que tout bon vendeur qu'il soit (et Dieu sait qu'en la matière c'est un champion) il n'avait pas tilté quand nous étions passé chez lui en ce jour de mai trop perturbé (la tempête soufflait de tous côtés à Pétignac). Je lui ai exposé mes difficultés à convaincre Michel de s'offrir la folie de sa vie, et il a résolu le problème en disant "le mieux c'est de lui en apporter un"... Pour nous voir, mais aussi pour décider quel modèle serait le mieux adapté à la pièce, Fabienne et lui sont passé début août à Meschers, et cela nous a valu une journée mémorable, comme le sont toutes celles qu'on passe en compagnie de Triffon (au passage, pôôôvre Fabienne, tu te rends compte ! passer sa vie avec un homme qui raffole des journées mémorables... au début c'est génial, mais sur le temps, ça épuise, forcément ! mais je te rassure, Fabienne, elle assure, c'est une super nana !).

Donc nous en étions là, Michel argumentait, coupait les cheveux en 4, refusait, récriminait, voulait entreprendre le tour de France des magasins de piano, disait et répétait que c'est du beurre aux cochons (que oui, mais aux petits cochons gentils !)... bref, dès que je disais "bon, ok, c'est idiot, on laisse tomber", il suggérait d'aller chez Hanley à Paris, ou de retourner à Pétignac comparer les pianos pour trouver le meilleur rapport qualité prix... Et dès que je disais "bon, alors c'est décidé", il poussait des cris d'orfraie en disant que c'était une folie sans nom. Nous étions partis pour user des tonnes de salives, passer des heures à dire l'inverse et son contraire, et ne jamais arriver à rien.
Mardi, un peu excédée par ces divagations dont je connaissais l'issue, d'autant qu'il en avait une envie folle de ce piano, j'ai appelé Gérard, et lui ai dit, "ok tu amènes le piano".
Alors là, tout est allé très vite... Quand on lance Triffon sur un projet, on peut être certain qu'il assure un max... Côté organisation, un crack. On a décidé que ce serait pour jeudi, il a prévenu Arlette, mobilisé ses hommes pour venir l'aider à descendre le Pfeiffer au sous sol, leur a trouvé un travail à La Rochelle dans la foulée, et a décidé qu'il resterait après la livraison, Fabienne nous rejoignant avec Arlette le soir afin de le récupérer.
Entre temps Hélène a annoncé son arrivée pour jeudi 14h40... idéal ! Elle a été chargée de retarder Michel un max avec des "courses de chien" parfaitement inutiles, mais il était tellement content de la voir, qu'il était prêt à affronter les embouteilages de Royan sur son caprice ! Pendant ce temps la "maison Pétignac" s'activait, déménageait la pièce, déballait le Steinway, descendait le Pfeiffer (j'ai fermé les yeux et Madeleine qui était chez Madame Robert a regardé ailleurs quand il a pris l'escalier !), astiquait le piano, et finalement se faisait mettre dehors sans autre forme de procès qu'une bouteille d'eau fraiche.
Il ne nous restait plus qu'à attendre le retour de Michel, et je n'étais certainement pas la plus excitée... Gérard était dans l'état d'un enfant qui va faire sa première communion (n'oublions pas qu'il a fait le petit séminaire !!)... impatient et ému.
Il ne s'est pas écoulé 10 minutes entre le moment où Hélène et Michel ont franchi le seuil, et celui où il a décidé "d'aller faire son piano"... Réaction ? Retenue, bien sûr, profondément impressionné, il n'osait pas le toucher, il a tourné un bon moment autour avant d'enfoncer la première touche, rétif mais heureux, à fond, submergé par un sentiment d'évidence en face de l'objet tant désiré et tellement censuré. Triffon, monté en catimini pendant qu'il jouait, avait un plan d'enfer, répété avant l'arrivée de Michel, pour prendre la photo du siècle... qu'il a ratée bien sûr, mais qu'importe on en a pris d'autres !

Ils ont joué, parlé, commenté, Gérard nous a faits coucher sous la table d'harmonie pour mieux s'imprégner du son, il a joué des tapis, tourné l'engin en tous sens pour trouver la meilleure orientation... Nous avons bu du thé, gringnoté du gingmebre confit... Rejoué, ri encore... Et, vers 19 heures, Fabienne et Arlette sont arrivées. Tu aurais vu l'émotion de papa, et Gérard qui sautait comme un marsupilami en contemplant le résultat de sa logistique aigue, c'était grandiose ! Arlette nous a joué quelques morceaux, Madeleine et Pascal sont venus sabler le champagne avec nous... Oui, oui, Michel a bu une coupe de champagne, comment faire autrement, et a eu une crise de goutte cette nuit, mais FOSKIFO ! Au coucher du soleil Arlette nous a joué, tellement délicatement qu'on aurait cru qu'elle inventait le morceau pour nous deux, la "sonate au clair de lune"... banal diras-tu, ben non ! Neuf, parfait, ciselé ! Michel était tellement tarbusté par tout cela qu'il n'a même pas reconnu le morceau, je te promets, il pensait que c'était du Chopin ! Incroyable ! Puis nous avons dîné, Gérard nous a régalés de ses anecdotes inimittables, Arlette nous a raconté son amour du piano et Michel était béat !
Et les vendanges tardives, me diras-tu ??? Quand Triffon m'a dit qu'il venait accompagné de 2 sbires, il a ajouté "étant donné les difficultés de transport, on va faire ça à l'ancienne, avec bâche, sangles et muscles... à la main". Je lui ai dit "comme le raisin, c'est meilleur. à la main.. mais ce sont des vendanges tardives... tiens, je vais aller chez le caviste..." "Surtout n'en fais rien, j'ai EXACTEMENT ce qu'il nous faut...". Tu sais qu'il est d'origine alsacienne, ou qu'il a vécu en Alsace plutôt ! Et, de fait, il nous a apporté un Gewurstraminner de 1998, grains nobles, Paul Buesher, grand cru etc etc... à la hauteur de l'événement ! Il a vraiment le sens de la formule Gérard ! Et du détail qui tue ! D'une mort délicieuse !

1 commentaire:

  1. Triffon a dit :
    Je m'en veux. Je ne savais pas que la mise en place d'un Steinway & Sons modèle "O 180" pouvait causer une crise de goutte... Je vais me mettre en relation avec l'usine Steinway pour remédier à ce Bugg, et vous tiens au courant. Qu'est-ce que ça risque d'être avec un grand "D 274" !

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