
Il fallait bien aller vérifier si nos artistes avaient travaillé depuis dimanche dernier et comment Triffon de Pétignac allait présenter son spectacle ! De bon matin donc, départ pour Ruffec, via Verteuil sur Charente.
Image datant de plus de 20 ans, j’avais gardé un souvenir marquant d’une étonnante mise au tombeau en terre cuite vue, un jour de balade charentaise dans l’église de Verteuil. Certes le temps n’était guère au tourisme et l’air glacial et humide qui montait du fleuve n’était pas des plus affriolants. Pourtant Michel et Françoise m’ont suivie avec beaucoup de bonne volonté dans ce petit pèlerinage et le
village de Vertueil, dont je n’avais d’ailleurs aucune réminiscence, vaut à lui seul le détour.
Un superbe château, qui fut propriété des
la Rochefoucault, domine fièrement la vallée, et impose partout au regard ses tours massives et ses hauts murs. Cette ancienne forteresse du XIe siècle, reconstruite au XVème, vit séjourner de nombreux rois de France : François 1er, Henry IV, Louis XIII ainsi que Charles Quint. Plus bas un moulin qui doit être riant sous le soleil, s’élève sur
la Charente qui se divise ici en plusieurs bras, et paresse entre des rives ombragées de saules, d’ormes et de cèdres. Pour trouver le but de notre visite, il fallut demander de l’aide aux locaux, qui, en l’espèce étaient trois anglais rigolards et parlant un français approximatif, mais qui connaissaient bien les lieux.

Quelques ruelles en pente, et tout en haut l’église Saint Médard sur une terrasse dégagée qui offre un joli point de vue sur la ville. Malgré un sinistre clocher néo-roman, l’église conserve de son ordonnance romane du 12ème siècle un élégant chevet. Mais elle est surtout intéressante pour sa Mise au tombeau du 16ème siècle en terre cuite polychrome dont la couleur est étonnamment conservée.

Commandée par la veuve du deuxième duc de
La Rochefoucauld, cette œuvre a été exécutée par André Pilon et son fils Germain
, sculpteur des tombes royales durant la Renaissance. Cet ensemble de 7 personnages quasi grandeur nature, éplorés et priant autour du Christ mort dans son linceul, témoigne d’une richesse et d’une culture qui surprennent dans ce coin reculé de campagne. C’est dans ce village que Balzac fit naître Rastignac et après tout on comprend l’idée
de l’auteur du Père Goriot, dont le jeune héros, regardant ceux de la « bonne société » d’un regard à la fois surpris et envieux, sera prêt à tout pour toucher du doigt ce luxe et ce pouvoir dont il aurait entrevu des bribes éblouissantes durant son enfance !
La finesse du travail de la terre cuite, l’expressivité des personnages, l’étonnante somptuosité des étoffes et la toujours vive fraîcheur des polychromies font de cette mise au tombeau un des plus beaux ensembles sculpturaux de la Charente, en tout cas leur visite mérite largement le détour. Si, comme c’était le cas pour nous, l’église est fermée, il suffit de sonner chez la dame qui habite l’ancien presbytère elle vous prêtera très gentiment la clé !
Vous remarquez combien il fait chaud et l'héroïsme de mes touristes !
C’est un peu frigorifiés que nous avons regagné la voiture pour aller déjeuner à Saint Groux,
aux « Trois Saules » le petit restau sympa découvert il y a un peu plus d’un an lors de visites de stages et dont l’accueil et la table sont toujours aussi agréables. Comme la dernière fois, nous avons pris un bouchon pour emporter notre Chablis qui était, ma foi, fort gouleyant ! Et franchement saules pleureurs ou mise au tombeau, les larmes n'étaient plus de mise à la fin du repas !
Quel courage, avec ce temps !! Enfin, c'est bien de se culturer :p
RépondreSupprimerElles donnent super bien les photos du tombeau !!
RépondreSupprimerEt celle de la petite Françoise frigorifiée aussi !!!!
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimer