dimanche 7 décembre 2008

LA FETE A NICO

Matin fanfare et fleuri ! Pas de doute c'est la Saint Nicolas... Tradition retrouvée depuis qu'on a abandonné la foireuse idée de fêter la Saint Nicolas de Tolentino située quelque jour obscur du mois de mai, au motif fort louable de compenser ainsi la négligence de mes parents qui n'avaient pas remarqué que l'autre Saint Nicolas, le vrai, le seul, se fêtait quelques jours avant mon anniversaire. Le vrai Saint Nicolas de Myre c'est tout de même mieux, celui des écoliers et des petits enfants lorrains, celui qui distribue les cadeaux avec le Père Fouettard (merci Marie !), celui des fresques médiévales, qui jette des dots dans la cheminée de trois pauvres jeunes filles que leurs parents envisageaient de prostituer, celui qui rescussita trois jeunes garçons mis au saloir par un boucher méchant, et dont les ossements ne se retrouvèrent à Bari que grâce à un rapt dont l'époque était coutumière !

Cet après-midi, c'était rugby, Stade Français contre quelque arlequinade qui leur a volé la victoire... (mauvais foi et ignorance caractérisée !)... C'était aussi la seule séance possible pour "Les Bureaux de Dieu", dont tu m'avais dit grand bien Marie, dont nous avons fait équipe à part ! Je reconnais que le film de Claire Simon est parfait quant à la forme. C'est très bien fait, car elle arrive à vous captiver sur une espèce de docu fiction improbable, où il ne se passe rien, que des entretiens au Planning Familial. Les actrices qui jouent les conseillères sont très justes, Nicole Garcia, Isabelle Carré, Nathalie Baye et les autres. La caméra est maniée avec beaucoup de sensibilité et de talent, on a l'impression qu'il y a une vraie histoire qui vous tient en haleine. Quant au fond par contre, j'avoue avoir été gênée par le côté manifeste qui ne donne jamais la parole à la défense, c'est à dire à l'enfant. Nous le savons, le sort des femmes en matière de procréation est toujours difficile, malgré l'évolution des moeurs, malgré les combats des féministes. Elles portent seules la responsabilité du choix quand une grossesse non désirée s'annonce, car même si, cas rare dans le film, l'homme, le père, participe parfois à la décision, c'est dans leur chair que l'enfantement se fait et se défait, c'est dans leur ventre que la vie bat ou se tait, c'est dans leur tête que la blessure de cette décision solitaire se cicatrise ou non. Et le film, tout occupé, comme les conseillères, à parler de liberté de choix et de liberté tout court (tant il est vrai que cette liberté formelle doit être aménagée, défendue, praticable, et qu'elle l'est grâce au Planning), néglige de parler d'après. Seule une maman un peu mièvre évoque en pleurant cet après que devra vivre sa fille de 15 ans. Ce qui me frappe c'est que toutes les femmes qui ont vécu ce déchirement m'en ont toujours parlé en disant qu'elles ne s'en étaient jamais remises. Et croyez-moi, elles sont nombreuses ces femmes, pour des raisons de confort, de peur, ou même simplement parce qu'elles voulaient exercer cette liberté laissée aux femmes que notre époque leur offrait enfin de décider quand et comment elles seraient mères. Toutes disent leur douleur, des années plus tard, leurs regrets de l'enfant non né, les dates fêtées dans le secret de leur mémoire... Toutes disent qu'on ne s'en remet jamais tout à fait. Et le film ne parle pas de cela, qui pourtant est partie intégrante de l'interruption de grossesse. J'ai été frappée aussi qu'aucune des consultations ne débouche sur une décision de garder l'enfant, ou d'accoucher sous X, ou de revenir avec le père pour en parler à deux. Le film salue le travail dans l'urgence, fait par des gens consciencieux et bien intentionnés, mais repose sur l'a priori de départ qu'une grossesse non désirée doit être interrompue, et que le rôle du Planning est de faciliter cette décision. Cet a priori est biaisé, et laisse un goût de procès mal mené, où l'enfant n'a jamais sa place. Oui, c'est vrai je parle de ce que je ne sais pas, n'ayant jamais été confrontée à ce problème. Grâce au Planning Familial qui me permit, à l'âge de 17 ans à une époque où la majorité était à 21 ans et la contraception balbutiante et interdite aux mineures, de bénéficier de la pilule ! Et à cause de l'accident qui m'a "privée" du risque d'une grossesse tardive, de celles qu'on décide ou subit quand on ne juge plus nécessaire de se protéger.
Quant à moi, et bien je n'aurais jamais dû aller voir ce film ! Outre la caméra à l'épaule qui m'a filé des nausées auxquelles j'ai décidé de résister courageusement pour éviter de me tourner en ridicule en t'avouant ici Marie que je n'avais pas pu rester jusqu'à la fin à cause de cela (ma voisine se demandait pourquoi je baillais comme une perdue, en me cachant la tête entre les bras !), je suis sortie carrément en larmes et j'ai mis deux heures à m'en remettre. Ben oui, je m'étais dit que j'ai 54 ans, que la blessure évoquée plus haut n'a même plus de sens, et que cela devrait être supportable pour ma petite tête obtuse. Ben non, on ne s'en remet décidemment pas de devenir stérile à 32 ans, même avec deux enfants... voilà c'est comme ça, ça reste au fond de vous à vous faire hoqueter comme une idiote en sortant du cinéma ! En gros c'était pas ma fête ce film... Mais je vous rassure, quand je suis arrivée Nico, qui a un coeur grand comme une maison m'a consolée avec un déploiement de câlins inhabituel !!! Il est marrant ce clébard, pourtant si discret d'ordinaire, en me voyant pleurer comme cela il ne savait plus que faire pour me dire son affection ! Drôle de fête à Nico quand même !

2 commentaires:

  1. Je comprends que ce film t'ait rendu triste : les thèmes abordés ne pouvaient que te toucher profondément. Ceci dit, est-ce grave d'être triste ? Même très triste ? La catharsis, cette purgation des passions par le biais de la représentation dramatique, et plus particulièrement du cinéma, n'est-elle pas saine ? On s'émeut, on s'attriste, on pleure, on se souvient et on réfléchit : ce processus est-il totalement vain ?
    Pour les nausées, je n'avais même pas remarqué que le film était tourné en caméra à l'épaule... mais il est vrai que tu y es très sensible. Désolée de ne pas t'avoir prévenue !

    Quant au message... je n'ai justement pas trouvé qu'il soit dogmatique ou féministe à outrance. Les femmes qui demandent à avorter ont de toute évidence pris leur décision auparavant. Il est vrai que l'on ne nous montre pas le processus de réflexion et les doutes qui peuvent précéder une telle décision, ni la façon dont cette dernière est vécue sur le long terme. Mais ce n'est pas le propos du film. Certaines des femmes aimeraient de toute évidence garder l'enfant, mais elles ne le peuvent pas pour des raisons variées. Soit elles ont déjà plusieurs enfants et ne peuvent plus assurer financièrement, soit elles sont terrifiées par la réaction de leur entourage, soit elles sont trop désemparées... Elles ne viennent pas de gaieté de coeur, sont souvent très seules (la communication avec leurs parents ou leurs amis étant de toute évident impossible) et repoussent au maximum la décision...

    Ce film n'est ni pro, ni anti-avortement. Il montre justement que la liberté sexuelle, ce n'est pas si simple. Il a le mérite de nous rappeler que le planning familial, ce mouvement d’éducation populaire né dans les années 1950, peut avoir encore aujourd'hui beaucoup d'importance pour les jeunes femmes qui ne sont pas aussi libres et émancipées que nous. Et il consacre la parole comme échange, exutoire, voire thérapie.

    J'ai donc beaucoup aimé ce film, sensible, loin de tout voyeurisme. Les comédiennes qui jouent les consultantes sont belles et généreuses, et les actrices non professionnelles sont profondément "vraies".

    Et ne l'as-tu pas trouvé belle, cette prostituée roumaine dont l'étrange histoire révèle malgré tout la force de son amour ? Elle est inconsciente et accumule les avortements, mais ses yeux brillent de tant de passion quand elle évoque l'homme qu'elle aime et qu'elle ne voit qu'une fois par an...

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  2. Zut, je n'ai même pas vu que c'était déjà la St Nicolas ! alors avec un peu de retard, Bonne fête Nicole !!

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