samedi 31 janvier 2009

INDEMODABLE

Soirée opéra, pour une énième Tosca, œuvre phare, opéra mythique, celui-là même avec lequel sur un vilain tourne-disques et grâce à la version référence de Callas et Guiseppe di Stefano, j'ai découvert l'opéra dans mon enfance.
En situant son action à Rome en 1800, après la bataille de Marengo et l'effondrement de la république romaine, Giacomo Puccini atténue la mièvrerie d'une banale romance entre une cantatrice passionnée et jalouse avec un peintre rêveur et généreux. A l'ombre des églises et des palais, dans les dédales de la religion et de la politique, il donne une dimension universelle et intemporelle à son oeuvre, avec le sinistre personnage de Scarpia, chef de la police maniant avec zèle abus de pouvoir et torture. Il veut posséder plus qu'aimer, détruire plus que dominer, et les deux jeunes amants, artistes aveuglés d'absolu, deviennent ainsi ses plus belles proies.

La mise en scène d'Anthony Pilavachi, en situant l'action au sein d'une milice éternelle qui va de la France à l'Allemagne en passant par l'Espagne, l'Italie et même Guantanamo, appuie sur le côté "drame politique" de l'action. Scarpia y est campé en personnage petit, médiocre avec une apparence raffinée à l´extrême. Lui-même le dit, il utilise les personnes puis il les jette.

La croix du premier acte, qui symbolise l'église où se situe l'action, se transforme au second acte en une porte symbolique qui mène aux enfers, tous les personnages y devenant prisonniers du monde de Scarpia. Ce monde est symbolisé par l’agrandissement de la fresque « La chute des anges» de Signorelli à Orvieto. Mise à l’envers, les ailes des anges symbolisent les couteaux servant à torturer. Le boudoir d’amour de Scarpia utilisé pour séduire ses conquêtes devient ainsi un lieu cruel. Les parois qui s’ouvrent sur la salle de torture symbolisent l’incommunicabilité entre Tosca et Mario.
Jean Philippe Laffont interprète un Scarpia remarquable, le salaud absolu, il est répugnant.
Tosca, jouée par Catherine Naglestad, était belle, et chantait avec un talent et une sensibilité impressionnants. En plus elle jouait magnifiquement. Mais la découverte de la soirée a été le ténor Alfred Kim, certainement le plus étonnant Mario que nous ayons jamais entendu. Une voix superbe, juste, puissante, un soliste de tout premier plan. Enfin la direction de Kwamé Ryan était tout en finesse, d'une élégance et d'une précision pleines de nuances. Pour l'anecdote, comme Tosca fut le premier 33 tours classique que j'ai écouté en boucle dans mon enfance, le nouveau chef de l'ONBA, porte lui aussi un regard affectif particulier sur "Tosca", seul enregistrement lyrique disponible dans son enfance et qu'il écoutait sur une K7 offerte par sa mère quand il avait six ans.
Nous avons terminé la soirée sous les ors du "Café Louis", ancien brasserie du grand Théâtre rénovée il y a quelques années, où nous avons dégusté un excellent steak tartare sur fond de Pessac Léognan. C'est donc assez tard que nous avons rejoint notre charmante chambre d'hôte, joliment appelée "Une chambre en ville", bien située en centre ville, juste à côté de la place Gambetta.



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