bien jolies il est vrai, de mes balades au port de Meschers
Selon un phénomène récurrent, chaque fois que c'est moi qui fait la soupe du chien, il la boude, alors qu'avec les mêmes ingrédients il se précipite goulument sur celle de Michel. Solidarité entre mâles ? Recette miracle du chef en cuisine canine, sans doute plus doué que moi pour écraser les différents éléments du brouet ? Toujours est-il que Michel a trouvé l'explication, assénée comme un couperet sans ambages oratoires "C'est normal, ce que tu fais c'est de la cuisine de femme" ! Nous voilà bien, heureusement qu'il y a Anne Sophie Pic (et la mère Brazier en 1933 !) et ses trois étoiles pour sauver l'honneur de la gent féminine, car ce serait la Bérézina.Toujours est-il que, bonne épouse, et quelque peu coincée à la maison pour cause de voiture en réparation à durée indéterminée (on frôle le voile et les moucharabiehs ici, me voilà femme cloîtrée) j'ai ce soir décidé de mitonner à mon tendre et cher quelque velouté de tomate, suivi d'un plat de légumes farcis qui me semblait ma foi fort honorable et qui me prit pas mal de temps. Que croyez-vous qu'il en fût ? Michel, se gobergeant sans complexe de cet ensemble modeste et, avouons-le, typiquement féminin, m'asséna "C'est bien ce soir, on mange comme le chien". Coup fatal s'il en est, et si j'avais quant à mes capacités culinaires quelques illusions attardées, les voilà bien perdues. C'en est fait, je suis déclassée, ravalée au rang de la mitonneuse de Canigou, menacée d'une fin tragique à la Vatel "" Je ne survivrai pas à cet affront-ci, j'ai de l'honneur et de la réputation à perdre"... Il ne me reste plus qu'à aller me transpercer trois fois le coeur pour échapper à la honte qui me guette... Sauf que ??? Je n'ai pas d'épée et la pique du makila de Michel est trop courte pour faire office de rapière.
J'ai trouvé la solution ! Pour laver cet affront, j'ai promis mon pardon au goujat qui ose à peine murmurer, tant le crime était grave, à condition qu'il m'invite dans un deux ou trois étoiles Michelin ! Oups... Il faut bien sacrifier aux nouvelles du jour qui nous labourent les oreilles des nouveaux macaronés et des macaronis au foie gras et au salmis de palombe en passant par le "toqué" de Saint Pée sur Nivelle qui refuse son étoile !!! Sans parler du retour en force de la Mère Brazier qui a récupéré d'un coup deux de ses trois étoiles perdues depuis perpète (1968 excusez du peu ! signe des temps). Oui, oui, je sais la mère Brazier est décédée depuis 1977, et pas comme Vatel, de belle et bonne mort, à 82 ans ! Mais ses successeurs avaient perdu leurs galons. Un nouveau venu a racheté l'affaire et vient de se voir attribuer d'un coup deux des précieux insignes qui changent la vie d'une affaire comme celle-ci. C'est pour cela d'ailleurs que Cédric Béchade, le joyeux basque de Saint Pée, refuse celui qui lui est attribué ! Il a décidé avec un panache béarnais (excusez l'insulte Monsieur Béchade) que "ce serait l'étoile qui s'adapterait à l'auberge et non l'inverse". Voilà qui nous remonte le moral en temps de crise, comme il est d'usage de conclure ces temps-ci.
J'espère qu'il te dira "Bon Dieu, ça vaut pas les bons petits plats que tu me prépares!" quand vous serez dans votre 3 étoiles !!
RépondreSupprimerTu as raison, il faut laver l'affront, il te doit bien un 3 étoiles ! Tu as raison Koka pas sûre qu'il voit la différence !
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