Assis face au pronaos, qui ici n’existe pas, ce qui fait penser que le monument que nous admirons avait une fonction plus de prestige que de culte, nous dégustons un morceau de ricotta en savourant l’instant : nous sommes dans la peau d’un berger élyme.
Un bus nous emmène ensuite vers l’Acropole, dont nous parcourons les ruelles sans trop en comprendre l’organisation.
Le site vaut surtout pour son théâtre, qui étage ses gradins face à une vue éblouissante sur le golfe de Castellamare. Un autre morceau de ricotta salue cet instant magique, entre deux averses violentes, mais brèves. Négligeant le bus, nous redescendons à pieds au milieu d’une végétation luxuriante qui s’épanouit à loisir entre les vestiges complexes des différentes occupations des lieux.
L’étape suivante sera pour Erice, une ville dont on dit qu’elle offre un point de vue unique sur les îles Egades, voire jusqu’en Tunisie certains jours : la perspective est alléchante. Nous voilà vers Trapani, le soleil semble être de nouveau au rendez-vous. Nous abordons la montée vers Erice, 750m au- dessus du niveau de la mer. La route monte et serpente en épingles a cheveux serrés, on croise de nombreux cars, normal l’endroit est très touristique. Mais soudain, les nuages commencent à apparaître, puis à s’épaissir, et la visibilité devient quasi nulle. On ne voit plus la route, ni le moindre panneau indicateur. Nous parvenons péniblement sur le parking, quasi vide, nous garons au jugé, et entamons une visite absolument fantasmatique de la cité. On n’y voit pas à 10m, soudain, totalement imprévus surgissent des clochers, un château, des silhouettes égarées. On tâtonne, il fait une humidité d’environ 100%, les cheveux s’imprègnent d’eau, mais on continue. Nous arpentons les ruelles désertes de cette petite bourgade en tous sens, visitons une dizaine d’églises, découvrons des sanctuaires admirablement restaurés, riches d’œuvres religieuses populaires originales, comme ces groupes de statues réalisés pour les congrégations professionnelles qui représentent des scènes complètes de la Passion du Christ, grandeur nature. Le tout dans une ambiance feutrée, improbable, et vraiment étonnante. Certes, nous n’aurons pas profité de la vue sublime qui semble s’offrir au visiteur d’Erice, mais cette visite restera gravée dans notre souvenir !
Après avoir sacrifié au rituel de la dégustation des biscuits de chez Maria Grammatico, réputée pour ses canelli succulents et pour ses genovese à peine sortis du four. Cela nous réchauffe et nous nourrit un peu car nous n’avons mangé que notre fromage et nous évitons grâce à notre gourmandise une averse éclatante. Bien que la journée soit fort avancée, nous décidons d’aller jusqu’à San Vito Lo Capo, village dont le guide vante l’aspect presque africain et le charme de bout du monde. C’est en effet le bout du monde, et sur fond de ciel d’orage, à la tombée de la nuit, le paysage environnant est tout simplement grandiose. Par contre, San Vito Lo Capo, vulgaire bourgade balnéaire développée de façon totalement anarchique le long d’une plage sans cachet, nous déçoit beaucoup.
De retour à Balestrate, nous retrouvons notre table habituelle, et, déjà habitués des lieux, bénéficions d’un traitement de faveur qui nous vaut des portions presque doublées par rapport à celles du premier soir. L’Alcamo local nous réjouit toujours autant et finit d’effacer les craintes d’un refroidissement imputable à nos promenades arrosées.
Mais vous avez fini de manger, oui ????
RépondreSupprimerMa belle ! on ne fait que ça, c'est bien fini le temps du tourisme intellectuel ! On mange, on déguste, comme dirait Montalbano, on se baffre !!! Et on boit, des solides rouges et de petits blancs bien traitres, 14° ! et... ah, non... je n'en dirai pas plus. La vie est belle.
RépondreSupprimer:) Il faut reconnaitre que vous avez un appétit certain pour les belles et bonnes choses...la quatrième photo en partant du haut (entre autre) est un vrai régal ;))
RépondreSupprimermerci monsieur le "pro" !!!
RépondreSupprimerNos deux visites d'Erice sont finalement complémentaires. Tu as eu le brouillard et les cannoli de Maria Grammatico. Nous avons eu le soleil, la vue sur le golfe à tomber par terre, mais point de pâtisseries, pour cause de congés annuels, flûte de flûte! Il faudra donc revenir. Mais toujours est-il que ce troisième séjour en Sicile aura toujours été aussi enchanteur!
RépondreSupprimerBon, nous aussi nous devrons y retourner pour voir cette vue superbe !! Et, tu le dis justement, on ne se lasse pas de cette île merveilleuse !!
Supprimer