mercredi 15 avril 2009

FAMILLES...

"... je vais hais, disait Gide... foyers clos, portes refermées, possessions jalouses du bonheur". Est-ce un effet induit de Pâques, mais en moins de 24h j'ai été l'objet de nombreuses (3 ! c'est beaucoup non ?) confidences attristées, voire récriminatrices de la part de personnes confrontées à des scènes éprouvantes de conflits ouverts. De ceux où l'on se jette à la figure tout ce qu'on a réprimé pendant des années, pour maintenir un lien parfois contraint, parfois affecté, rarement affectueux. Et ce sont des blessures ouvertes qui suintent la rancœur, la douleur de la solitude, les reproches mal digérés et servis sur fond de "cela fait 30 ans que...".
Difficile, Gide aidant, de prétendre que c'est un phénomène récent, un effet des temps modernes, une résultante de la perte du lien social. Difficile aussi d'admettre que la famille, c'est soit le déchirement soit une vague tendresse, à peine teintée aux couleurs d'une politesse épisodique. Et de se consoler de la seconde alternative en devant se dire que sinon, ce serait la première !
La famille, quand on la crée, c'est un époustouflant avenir, plein de promesses et de rêves échevelés, où l'on ne commettra aucune des erreurs dont on a soi-même souffert. Quand on la construit, au jour le jour des difficultés d'un quotidien qui vous tombe dessus sans vous laisser le temps de souffler, c'est le piège permanent des bonnes intentions qui virent en erreurs sans cesse plus insurmontables. On ne veut que bien faire, et on passe son temps à foirer. La famille, quand elle devient d'autres familles créées à partir ("en partir") de la vôtre, c'est un très instable équilibre entre discrétion et attention, un délicat mélange de tendresse profonde et de sagesse patiente, avec pour ligne d'horizon l'infini des possibles et un rôle toujours difficile à cerner. C'est aussi la nostalgie d'un temps où l'on se croyait maître de l'avenir, décidé à tout surmonter pour réussir sa propre vision d'une Histoire familiale enfin épanouie, et débarrassée des scories que Gide nous avait assénées.

13 commentaires:

  1. Familles, je VOUS hais... difficile d'imaginer que l'on peut briser une famille aussi rapidement qu'on l'a construite ! Il y a tellement de choses en jeu, de choses dites et toutes les non-dites qui font la différence, qui nous empêchent, une objectivité certaine voire même une certaine objectivité... C'est triste oui de briser les chaînes mais c'est tellement mieux que de les laisser rouiller et entraver l'être jusqu'à une profonde blessure...
    J'ai envie de féliciter celles et ceux qui ont le courage après tant d'années de tourner la page, de croire à nouveau au bonheur, de ne pas rester par.. pour... parce que... et de repartir pour de nouveaux sourires, de nouvelles amours !
    Je suis encore certainement hors sujet mais qu'importe en somme, j'aime à réagir sur les mots même si je prends toujours les chemins de traverse...

    A bientôt

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  2. Oui, c'est vrai, on dirait que cette période d'avril est bien "tendue" sur le plan des relations...
    Je vis moi-même quelque chose de semblable en ce moment, non en famille, mais au niveau professionnel et ce n'est pas joli, joli...
    Comme si quelque chose "dans l'air " attisait les problèmes et les tensions...
    Certains, plus sensibles que d'autres, ressentent cette "tension" latente, invisible et l'expriment avec force.
    D'où les conflits personnels et collectifs qui se multiplient.
    Qui inversera la tendance et "sèmera la paix" ?
    Peut-être avons-nous bien besoin des "voeux de paix" du pissenlit de Moun !

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  3. Non, tu n'es pas hors sujet puisque le sujet c'est bien LA FAMILLE, mis sur le devant de la scène par les fêtes de Pâques, enfin si j'en juge par les groupes compacts de gens qui déambulaient sur la plage en promenade post-prandiale ce week-end sur la côte !
    Quant à savoir ce qui est le mieux, de continuer vaille que vaille quand tout est bancale, ou de rompre nettement, va savoir ! Mais c'est toujours un sujet difficile, voire douloureux pour certains (d'après les confidences reçues en ce lendemain de week-end familial vécu par les uns et les autres), et qu'on avait abordé la fleur au fusil quand on a construit la sienne, avec ces adorables poupons qui nous semblaient porteurs de tous les espoirs d'amour et d'équilibre partagé !

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  4. (Pour Licorne) Ah voilà tu as raison, y a de la tension dans l'air... c'est ce que j'ai ressenti, et pas seulement dans les familles semble-t-il... beaucoup d'agressivité gratuite alentour. Moi je mettais ça sur le compte "des temps qui courent", voire de la pleine lune !!! Vaut mieux en sourire, le dénoncer avec légèreté et compatir auprès de ceux qui en souffrent. C'est vrai que parfois, les relations professionnelles peuvent vous pourrir la vie. Sauf à prendre du recul, ce qui n'est pas toujours facile. Courage, et soulignons aussi qu'on croise, et c'est heureux, des tas de gens merveilleux, simples et apaisants, sur les blogs en particulier ;-)

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  5. Ah! Parceque la famille aussi est en crise?
    Je la vois pour ma part comme le refuge ultime et salutaire.

    Notre Bun-coeur, celui qui nous sauvera des éclats d'Abus.

    Peace.

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  6. Oui oui tu as raison c'est un refuge. Et quand on n'en a pas, ou peu, cela vous manque ! Mais j'ai été surprise de voir que certains, comblés d'une nombreuse famille, la supportent fort mal, et que les crises s'y déploient parfois avec fracas... d'abus ! Mais ce qui fait, je crois, la force de la famille, c'est qu'on y oublie vite les (petites) crises et qu'elle n'est pas EN crise ! Elle a la vie dure, et belle !

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  7. Bien sûr que c'est parfois bancal et douloureux, la famille. Mais je crois que certains oublient l'essentiel : le lien parents-enfants demeure toujours, parfois altéré, mais il existe. Certains parents oublient que leur rôle, lorsque les enfants grandissent, consiste essentiellement à fournir un refuge, une ancre... Ce qui est essentiel dans ce nouveau lien entre les parents et leurs enfants qui grandissent, c'est la gratuité. Certains parents l'oublient, et dès lors les reproches fusent, directs ou masqués, et la culpabilité pèse. Or j'ai eu la chance de découvrir cette "gratuité" en devenant "marâtre", car mon rôle est de donner sans jamais attendre en retour : ce que je reçois, je le considère toujours comme un cadeau, jamais comme un dû. Peut-être les parents "normaux" devraient-ils se mettre dans la peau des "parâtres" et "marâtres" pendant un week-end ;) Ils se rendraient alors compte que même si leurs enfants ne se comportent pas aussi parfaitement qu'ils le souhaiteraient, même s'ils ne donnent pas assez de nouvelles, même s'il y a parfois des tensions... ils ont la chance de recevoir l'amour de leurs enfants. Même si cet amour est un peu moins inconditionnel qu'à l'époque où ils représentaient des dieux vivants pour leur progéniture, même si les enfants s'éloignent et ne manifestent pas toujours leur affection comme les parents le souhaiteraient, ces derniers peuvent compter sur ce lien profond, indéfectible, qui fait que des années plus tard l'enfant n'hésitera pas à se réfugier dans le giron familial quand il en aura besoin, ou à faire partager ses joies quand il en aura envie. Et ça, c'est inestimable.

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  8. Tu as mal lu mon article et pas compris son contenu. J'ai été, en moins de 24h, prise comme déversoir de confidences de 3 personnes qui, ce WE de Pâques passé avec les leurs, ont vécu des scènes douloureuses, voire extrêmes, de conflits où ont éclaté d'anciennes rancunes. J'en ai tiré des réflexions sur ce qu'implique le fait d'être parents, pour en arriver à la conclusion que, dans les familles, se présente tout l'éventail des sentiments, et que ce n'est pas un monde à part, préservé, idyllique, en dehors de la société.
    Quant à ta vison du rôle de "parent", tu as sans doute beaucoup découvert. Tu appelles cela le saut générationnel. Tu aurais donc, en un an, parcouru un chemin que de pauvres parents "normaux" n'ont pas réussi, selon toi, à couvrir en 25 ans. Il est possible que tu n'aies cependant pas, de ton côté non plus, apprécié tous les aspects du rôle de parents, n'ayant, tout simplement, pas encore d'enfant. Tu n'as pas connu cette exaltation qui te saisit devant le nouveau né et qui te propulse vers un infini que la vie se charge de réorganiser à sa manière. Tu n'as pas la charge de devoir assumer toutes les responsabilités qui vont de pair avec la mise au monde d'un enfant . Ton rôle est complexe et différent, et tu le remplis sans doute très bien.
    Enfin, le fait d'avoir des enfants n'entraine pas une attente en retour, mais ils tiennent dans ton cœur une place affective qui n'est comparable à rien d'autre. En résumé on t'aime, mais ce n'était pas le sujet de l'article.

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  9. Boudi... la famille !! quel sujet ! ancêtres, parents qui vieillissent, enfants qui grandissent et quittent le nid (heureusement !), couple qui se remet en question... bref, il y a plein de passage dans la vie, mais avec l'Amour et le sens de la famille, le sang commun qui coule dans les veines, les rapportés qu'il faut adopter, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile mais qu'est-ce que c'est bon de savoir qu'on a une famille, qu'on fait partie d'une "tribu" je crois que même si parfois c'est insupportable, c'est tout de même indispensable et puis, et puis, y'aurait tant de choses à dire !!!

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  10. Oups, il n'était donc pas si obscur que ça mon article, et pi, y a pas à dire, au moins, la famille, ça vous fait du commentaire !!!! tout le monde a son mot à en dire, d'accord pour admettre que c'est compliqué.
    Moi, je me suis toujours un peu sentie "sans famille" ou une si petite famille, que la phrase de Gide m'avait toujours interpelée... c'était, aussi, une occasion de ressortir cette vieille interrogation et puis, une sorte de fascination pour les FAMILLES, celle où y a plein de gens qui s'aiment, se déchirent, se cherchent, se fuient, se font de grandes réunions, et de grands règlements de comptes. Quand on a toujours été un ou deux, pas eu de cousins, ni de kyrielles d'oncles, tantes, enfin quand on a eu des parents malthusiens et fiers de l'être, on regarde tout ça avec étonnement, parfois envie, parfois (ce qui m'est arrivé mardi en entendant cette vallée de larmes) soulagement.

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  11. PS je suis certaine que ma vilaine orchidée toute floue fera moins de bruit !! et pourtant, la pauvre, elle était bien belle, toute velue !

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  12. Désolée de n'avoir rien compris à ton article. J'ai sans doute mal interprété également le "dialogue d'initiés"... et tu as mal compris mon commentaire puisque je ne parlais nullement de mes pauvres parents "normaux".

    Peu importe, tu as bien fait de me le rappeler : n'ayant moi-même pas d'enfants (et donc ni l'exaltation ni les responsabilités qui vont avec), je n'ai aucune légitimité pour m'exprimer sur la parentalité.

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  13. par contre, tu en as certaine, voire très grande, en matière de "beau-parent", rôle ô combien particulier, difficile et mal codifié... d'autant plus que tu le prends, ce rôle, avec un sérieux et un engagement total, et que tu t'y frottes avec les moyens du bord, improvisés et à créer à chaque instant... cela demande beaucoup de réactivité, d'inventivité (heureusement ou malheureusement) il n'y a pas de recette... et, à part Christophe, personne n'est vraiment à même d'apprécier ton implication et ta volonté de réussir.

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