« Moi, j’ai connu les cartes géographiques avec des blancs ! Tu réalises !! ». Michel, s’empiffrant de peccorino au poivre accompagné du traditionnel pain noir de Castelvetrano tout en buvant un Altavilla della Corte, s’émerveille de la progression hallucinante des moyens de communication. Il rajoute, imperturbable « le vin n’a pas beaucoup changé, lui ! ». C’est la halte déjeuner, dans une forêt d’eucalyptus au-dessus d’un petit lac artificiel, sur une aire de pique-nique où s’alignent les barbecues des dimanches siciliens en famille. Pour l’heure, et malgré l’approche de la fête nationale du 25 avril, nous sommes encore seuls dans ce lieu enchanteur.
Ce matin nous avons consciencieusement visité Castelvetrano, ses trois places imbriquées bordées de palais et d’églises, sa fontaine, et le monument au philosophe local qui rend hommage aux vertus multiples du penseur. Comme rendent hommage à tout un tas de gens célèbres les plaques de marbres disséminées sur chaque pan de mur disponible. Le plus valeureux, et le plus notable de ces célébrités étant bien sûr Garibaldi, le héros parfait s’il en est. Nous avons admiré aussi notre troisième éphèbe, trouvé à Selinunte, artistiquement beaucoup moins élégant que les deux autres, mais de très belle facture. Cette malheureuse statue, découverte au début du siècle, a subi des avatars multiples, confisquée par Palerme, restaurée longuement, volée, de nouveau restaurée, et ce n’est que depuis moins de 10 ans que Castelvetrano a pu lui offrir un musée digne de son intérêt.
Après avoir acheté quelques vivres, dont le fameux pain noir, nous avons réussi à découvrir, avec un peu de sens de l’orientation et beaucoup de chance, le baglio Trinità qui enserre en son sein une superbe église anglo-normande, petit chef d’œuvre de régularité et de sobriété, reconstruite pour servir de nécropole familiale aux Sapori, qui en autorisent la visite. Un petit monument début XXème, en marbre blanc, appelle la compassion du passant : un jeune garçon couronne de fleurs une colonne funéraire et l’inscription proclame « Mamma, mamma mia, rispondi a Stefanino tuo ! ». L’endroit offre un charme tranquille, l’église étant posée comme une pierre précieuse sur une prairie fleurie.
Plus tard, nous avons fait une petite virée dans la vallée du Belice. Partout des vignes et des champs d’oliviers irrigués, parfaitement entretenus, prospères… et à l’horizon, pas le moindre tracteur, pas le plus modeste paysan. L’organisation spatiale en gros bourgs, très éloignés les uns des autres, donne une impression de désert, et pourtant toute cette nature domestiquée est cultivée, choyée, l’homme s’y devine mais ne se voit pas.
Nous sommes allés jusqu’à Sciacca, une ville thermale et portuaire qui s’étage sans grand charme au-dessus de la mer. La vue est splendide, le noyau urbain ancien réduit à quelques ruelles, où les immeubles modernes, comme ailleurs, s’élèvent avec impertinence entre les églises XVème et les palais XVIIème.
Au retour, nous avons fait halte dans la réserve naturelle « Foce del fiume Belice » dont notre hôtesse, Cintia, nous avait dit grand bien. Quelques dunes littorales de faible hauteur, une végétation de plantes de sable, une vague pinède, rien qui puisse impressionner les spécialistes de la dune et des forêts de pins que nous sommes. La réserve est minuscule, encadrée d’établissements pompeusement intitulés beach quelque chose (genre paradise ou autre) qui gâchent irrémédiablement le paysage, l’endroit est bien aménagé mais nous a un peu déçus.
Après un petit apéro sur la terrasse de notre gite, et le coucher de soleil sur la mer et les oliveraies, nous sommes retournés dans notre restaurant Lu Disiù, Le Désir… une table de roi qui nous fait regretter de quitter Castelvetrano ! Ce soir, des gnocchis dans une épaisse soupe d’herbes, quelques fèves à la menthe, du filet de porc dans une sauce à l’orange savoureuse, une petite granita de fraises fraiches, c’était un vrai festin !
Bonjour Michelaise, juste te dire que je lis chacun de tes billets passionnants et que je ne vois pas te dire d'autre que "Bravo et merci pour ce voyage"
RépondreSupprimerA bientôt
Merci Moun, j'avoue que, quant à moi, je n'ai guère le temps de lire les blogs amis, car déjà le compte rendu de chaque journée prend pas mal de temps, surtout le tri des photos car il y en a tellement chaque jour que c'est un vrai binz d'en choisir quelques unes !! mais je tiens à raconter le voyage en direct à mes filles, Hélène qui est une férue de Camilleri et qui adore les moulins, Marie qui est allée en Sicile et connaît bien tous ces endroits ! Alors je lirai les blogs amis au retour, finalement on a beaucoup plus de temps quand on travaille ! Vivent les vacances !
RépondreSupprimerMoun, je suis contente de voir ta photo ! Tu es belle comme un soleil avec cette fleur ! Lilas ??
RépondreSupprimerY'a pas à dire, c'est l'estomac qui vous guide !!!
RépondreSupprimer