PAQUES AUX TISONS

On nous affirme qu'un soleil insolent brille ce week-end au nord de la Loire, et les spectateurs du Millenium (Toulouse Cardiff), arborant des serviettes sur la tête pour se protéger d'un soleil qu'on imagine intense, viennent nous provoquer jusque dans nos salons. Comme s'il ne nous suffisait pas que Cardiff ait battu le Stade (grr... Marc doit être au 36ème dessous, lui qui nous a appelés juste avant le match pour nous dire tous ses espoirs et sa fierté d'être TOULOUSAIN)! Faut dire que c'est la pleine lune et l'ère des catastrophes : soyons juste, nous avons eu un superbe soleil juste le temps de faire notre petite marche des plages à marée basse, et depuis, il fait un froid de loup. Pas bon pour les tomates, ça mais FOSKIFO ! D'ailleurs, "Noël au balcon, Pâques aux tisons", on aurait dû se méfier ma bonne dame ! Le grand-père de Michel avait ainsi une petite collection de proverbes que nous transmet Simone avec une régularité immuable, en général pour nous annoncer des catastrophes atmosphériques :

"Une hirondelle ne fait pas le printemps."

"S'il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard."

"Avant la Saint-Jean, pluie bénite ; après la Saint-Jean, pluie maudite."

"Avant Saint-Gervais, point d'été ; après plus de gelée."

"A la Sainte-Luce, les jours croissent du saut d'une puce."

"Février trop doux, printemps en courroux."

"En avril, ne te découvre pas d'un fil ; en mai fais ce qu'il te plaît."

Ceux que j'ai appris et qui bercèrent mon enfance, et par conséquence la vôtre, avaient une portée moins météorologique, et se voulaient moraux, voire formateurs.

• Il y avait eu ceux qui nous rendirent vertueux, enfin à la mode ancienne, celle des vertus bourgeoises, dont on ne dit plus trop grand bien aujourd'hui :

"Qui vole un oeuf vole un boeuf."

"Bien mal acquis ne profite jamais."

"Il n'y a que le premier pas qui coûte."

"Chose promise, chose due."

"Il n'y a pas de petites économies."

"Il n'est point de sot métier."

"Nécessité fait loi."

"Ne remettez jamais à demain ce que vous pouvez faire le jour même."

"L'oisiveté est mère de tous les vices."

"Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt."

"Qui ne risque rien n'a rien."

"Qui peut le plus, peut le moins."

"Qui veut voyager loin ménage sa monture."

"L'argent ne fait pas le bonheur."

• Ceux qui nous rendirent prudents, voire méfiants :

"Il faut se méfier de l'eau qui dort."

"Il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier."

"Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

"Chat échaudé craint l'eau froide."

"Dans le doute, abstiens-toi"

"Deux précautions valent mieux qu'une."

"Entre deux maux, il faut choisir le moindre."

"Les meilleures choses ont une fin."

• Les mises en garde, les truismes réconfortants... ceux qui, les plus nombreux, nous ont appris à être pragmatiques et adaptables face aux imprévus de la vie :

"Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs."

"C'est en forgeant qu'on devient forgeron."

"Faire contre mauvaise fortune, bon coeur."

"Faute de grives, on mange des merles."

"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée."

"Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras."

"Plaie d'argent n'est pas mortelle."

"On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs."

"On ne peut ménager la chèvre et le chou."

"On ne prend pas les mouches avec du vinaigre."

"Il ne faut pas dire « Fontaine je ne boirai pas de ton eau.»"

"Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés."

"Les jours se suivent et ne se ressemblent pas."

"Il n'y a pas de fumée sans feu."

"Qui vivra verra."

"La nuit porte conseil"

"L'exception confirme la règle."

• Ceux qui m'exaspéraient, parce que toujours servis pour me mettre en défaut :

"Avec des « si » on mettrait Paris en bouteille."

"Ce qui est fait n'est plus à faire."

"Charité bien ordonnée commence par soi-même."

"Chassez le naturel, il revient au galop."

"Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre."

"Le mieux est l'ennemi du bien."

"L'habitude est une seconde nature."

• Ceux qui me rendaient carrément folle de rage, toujours assénés avec un rien de critique non déguisée, au bon moment :

"Jeux de mains, jeux de vilains."

"On voit la paille dans l'oeil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien."

"Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler."

"Il n'y a que la vérité qui blesse."

"Mieux vaut tard que jamais."

"La curiosité est un vilain défaut."

"L'enfer est pavé de bonnes intentions."

"Les absents ont toujours tort."

• Ceux qui me semblaient obscurs à force d'être évidents, ou trop imagés :

"Ventre affamé n'a point d'oreilles."
"Quand on parle du loup, il sort du bois."

• Ceux que je n'ai jamais voulu comprendre :

"On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve."
"La parole est d'argent, mais le silence est d'or."
"Les arbres empêchent de voir la forêt."

• Ceux qui, un rien provocateurs, me laissaient perplexe :

"A quelque chose malheur est bon."
"Aide-toi et le ciel t'aidera."
"Abondance de biens ne nuit pas."
"Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage."
"L'argent n'a pas d'odeur."
"Mieux vaut faire envie que pitié."

• Ceux que je trouvais parfaitement idiots ou inutiles :

"Il vaut mieux prier Dieu que ses saints."
"Quand le vin est tiré, il faut le boire."
"La nuit tous les chats sont gris."
"L'appétit vient en mangeant
"La vérité sort de la bouche des enfants."
"Qui ne dit mot consent."
"Qui se ressemble s'assemble."
"Qui trop embrasse mal étreint."

• Celui que j'aimais bien, et pour cause car il était toujours flatteur :

"Les grands esprits se rencontrent."

• Celui dont maman fit, allez savoir pourquoi, ma devise :

"Qui s'y frotte, s'y pique."

• Celui, renversé, dont je fis, ma Marie, à mon tour, moitié résignée, moitié admirative, ta devise :

"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué"

• Celui qui te fait bien rire, Hélène :

"Les chiens ne font pas des chats."

• Celui que ma mère ne m'a, malheureusement pas appris :

"Le plus sûr moyen de vaincre la tentation, c'est d'y succomber."

• Et enfin celui qui sert toujours, quand on est parents !

"Pas de nouvelles, bonnes nouvelles."

• Pour finir, je vous en propose un que je ne connaissais pas, mais qui m'a bien fait rire :

"Il n'y a pas d'économie à se coucher de bonne heure pour épargner la chandelle, s'il en résulte des jumeaux."