Piazza Armerina de jour est aussi belle, sinon plus, que de nuit. Très riche de nombreux monuments de toutes époques, particulièrement baroques (on parle de 120 églises dont toutes, bien sûr, n’ont pas survécu), elle a été suffisamment pauvre depuis l’après-guerre pour n’être pas gâchée par des bâtisses intempestives et cette pauvreté est en train de faire sa richesse. En effet, tout est en restauration, restructuration et réorganisation pour donner à ces édifices des fonctions diverses, qui en justifient l’entretien et les mettent en valeur.
Nous avons donc consacré à Piazza Armerina une très longue matinée, un peu amputée par l’épisode loufoque de l’achat de timbres. Déjeuner sympa sur la piazza Garibaldi, bruschette, Nero d’Avola, et notre première (et dernière) granita… aux amandes. Un peu étourdis par les vapeurs du Nero, nous avons fini par nous résoudre à aller voir « le » site touristique du lieu, la très célèbre villa impériale Casale, une villa romaine du IVème siècle après JC, pas la meilleure époque car l’art y devient terriblement décadent, mais célèbre pour ses mosaïques. Malgré notre réticence, il faut avouer que le lieu vaut, comme le dit le guide, à défaut du voyage au moins largement le détour : en effet, enseveli vers le XIIème siècle par un glissement de terrain, elle conserve de très hauts pans de murs qui en rendent la structure parfaitement lisible. La mise en valeur, sans doute insupportable l’été car les ruines sont protégées par des constructions entièrement transparentes qui reconstituent fidèlement les proportions des bâtiments, est vraiment du meilleur effet du point de vue de l’intelligibilité de l’organisation spatiale. Or pour des ruines c’est primordial. De plus, la profusion des mosaïques, même de qualité artistique très limitée, fait de cette villa un des sites archéologiques les plus frappants d’Italie.
Pour finir la journée, et après une cassate sicilienne (là aussi la première, il était temps, mais il a fait si froid durant notre séjour que nous n’avons guère sacrifié au rite des gelati), nous avons opté pour un site industriel. La vallée de Floristella abrite un parc minier installé sur les lieux même de l’activité qui a fait sa prospérité jusqu’en 1984. Jusqu’à cette époque en effet, la Sicile produisait les 4/5 du soufre mondial et c’est en grande partie à Florestilla que se déroulait son extraction. Les lieux, exploités de façon industrielle depuis le XVIIIème siècle, sont impressionnants. On a conservé et maintenu en état les puits d’extraction, les fours, les baraquements, enfin tous les équipements nécessaires à cette activité. C’est immense et totalement désert : en ces lieux où une intense activité de labeur s’est déroulée pendant des siècles, règne un silence total. Partout les traces de cette vitalité disparue témoignent de la souffrance, de la pénibilité et de la dureté de ce que fut la vie de ceux qui y travaillaient. Les mines, durement touchées par la concurrence du soufre américains, ont fermé il y a 25 ans, et on a aménagé ce lieu de pédagogie et de mémoire où poussent les herbes folles, malheureusement non terminé et visitable seulement sur rendez-vous.
Il était temps de faire les bagages, de retour à notre villa Clémentina nous avons bu un « lemoncello » (là encore, sauvés par le gong, c’est aussi une spécialité sicilienne très prisée et très parfumée), en discutant avec Rita et son mari. Ils nous ont fait visiter leur maison, nous avons parlé des enfants, Guiseppe, Giorgio et Clementina, nous avons même parcouru le nouveau jardin potager. Le terrain de foot (aux dimensions règlementaires !) étant devenu inutile après le départ des enfants, le propriétaire des lieux a décidé d’en faire un « orto »… tomates, aubergines, courgettes, herbes en tous genres, et, sous un tunnel, une plantation de pleurotes ! Ils ont tenu à tout prix à nous en offrir une grande barquette que nous dégusterons à Meschers (si cela passe la douane!).
Coucou Michelaise ! Nous avons une amie qui est professeur de mosaïque traditionnelle. Je vais lui transmettre l'adresse de ton blog car je suis certaine qu'elle sera intéressée par tes articles.
RépondreSupprimerJe te quitte pour ce soir. Bonne nuit !