mardi 14 juillet 2009

FETE NAT...

Le 14 juillet à Avignon, la foule envahit tout doucement la ville qui halète dans une chaleur écrasante, pour un feu d'artifice sur le Pont dont la splendeur n'a d'égale que l'intensité de sa fréquentation. Quant à nous, notre sport consiste à tenter d'éviter les hordes que cette manifestation engendre, pour slalomer d'une pièce à une autre, en tentant de garder la tête froide.

L'oiseau Bleu
de Maeterlinck

Une création originale menée par J.Richetta et E.Stirnemann-Coqueran. Escapade onirique ou conte initiatique, L’Oiseau Bleu parle de ce balbutiement par lequel nous laissons chanter nos cœurs, celui des souffles suspendus dans la vibration des mots, celui du regard simple, autre, qui fait naître du quotidien une poétique du monde. Imaginez un poète, jeune mais sans âge, en quête de l’oiseau bleu qui détient le secret du bonheur. Sur sa route se dresse une vieille femme étrange, une «laide beauté». Pour les accompagner, l’univers sonore et fascinant de G.Berutto, compagnon de Grotowski et des comédiens de Brook. «Sur scène, des masques étranges et baroques, un visuel grandiose de simplicité mais qui fait rêver»
Notre premier spectacle était haut en couleur et d'une poésie lumineuse. Michel s'est plaint de la ressemblance avec Macondo... mais même si cela présente un air de famille avec ce type de mise en scène qui joue sur le rêve et le merveilleux, la tonalité générale est plus vive, plus tendre aussi. Après il a décrété qu'il avait préféré le côté glauque du texte de Garcia Marquez, mais tout de même Maeterlinck est plus adapté à ce genre de merveilleux. Hélène avait envie d'aller l'entendre en souvenir du temps où son papa, le même susdit Michel, le lui lisait pour l'endormir et moi, je trouve que mon tendre et cher n'a pas assuré sur ce coup-là... Je sais pas moi... il aurait dû trouver ça génial, coûte que coûte !!! Cependant, les coupures étaient trop nombreuses et altéraient un peu la compréhension et surtout la fin de l'histoire. Va savoir, moi, c'est mon grand frère qui m'avait lu L'Oiseau Bleu, et je vous avoue que, depuis, j'ai un peu oublié ! Sauf la joie de ces lectures d'avant sommeil qui ont bercé nos enfances.

"Père, quand vous serez passé par ce que j’ai vécu avant de naître, vous pourrez l’ouvrir"
Enceint Malaussène ! Dialogue savoureux entre Benjamin Malaussène et sa future descendance où sont convoqués tous les personnages de sa tribu : Jérémy, Le Petit, Thérèse,Stojil,La Reine Zabo…
Dans ce récit poignant, drôle, et souvent loufoque, le comédien fait littéralement vivre le personnage de Benjamin qui raconte à l’enfant à naître l’histoire de sa grossesse, elle-même aussi farfelue que la vie de son père.
"Tu vas naître du rien pour aller vers le pire !"
“Une belle histoire avec une interprétation aussi prenante, émouvante et réussie ne se retrouvent que rarement. C’est à ne manquer sous aucun prétexte.” S.Niel La Provence - Avignon 2008
Dans une salle surchauffée et absolument comble, le texte de Pennac, fort bien joué, certes, mais finalement moins prenant qu'avec seulement les mots de l'auteur. J'adore la tribu des Malaussène, mais sur une scène, cela manque de couleur. C'est dit, alors que lu, c'est rêvé, enlevé, ébouriffant d'inventions et de folie. Le spectacle donnait une impression d'étroitesse, de raccourci, même si l'acteur jouait avec beaucoup de crédibilité. Un gentil moment mais je préfère la lecture des romans de Pennac et la tribu dans mon imaginaire plutôt que par les gestes d'un autre !

Prononcé au Carême du Louvre le 22 mars 1662, devant le roi et la cour, LE SERMON SUR LA MORT est "le" chef-d'oeuvre de Bossuet sermonnaire.
Le grand prédicateur, insistant sur la vanité, reproche à l'homme de ne jamais "se mesurer à son cercueil, qui seul le mesure au juste".
Puissance du verbe et beauté du style sont au-dessus de tout éloge.
Salué unanimement par la presse, Patrick SCHMITT a interprété ce sermon, en alternance avec le Sermon du mauvais riche, dans toute la France, notamment en les cathédrales de Dijon, Metz et Meaux... à Notre-Dame de Paris en 2000 et 2004.
Nous sommes allées Hélène et moi à la Chapelle de l'Oratoire un peu par bravade, un peu par curiosité. Les hommes quant à eux, avaient décidé de jeter l'éponge, l'un pour une sieste, l'autre pour les facéties de Versailles, ce qui au moins, était d'époque ! Un vrai sermon, dit sur le ton d'un sermon, sur un thème assez peu croquignolet, et nous sommes sorties totalement euphoriques. Une langue superbe, un argumentaire irréprochable, le tout servi par la diction sobre et parfaite de Patrick Schmitt, tout cela contribue à faire de ce Sermon un des grands moments du Off.
Il peut sembler absurde de monter un sermon en spectacle mais Bossuet annonce la couleur dès l'introduction : il veut nous donner à voir ce que nous refusons de voir. "Et je puis dire, Messieurs, que les mortels n’ont pas moins soin d’ensevelir les pensées de la mort que d’enterrer les morts mêmes". L'orateur, en distillant pas à pas ses arguments, construit avec subtilité un discours à la rhétorique irréprochable qui nous mène, d'images en exemples clairs, à la conclusion qu'il nous faut comprendre que notre enveloppe terrestre n'est rien au regard de l'importance de notre âme.


La pièce écrite par Buzzati est née de ses conversations nocturnes avec une comédienne Milanaise.
Dans cette adaptation, le terme Strip-tease est un étalage de confidences d’une artiste désabusée sur son parcours.
Vélia Britti s’ouvre sans complexe avec audace et ironie.
C’est une Rita Hayworth Milanaise, une Gena Rolland transalpine.
Le personnage est joué par 2 comédiennes en 2 langues (Italien, Français) 2 voix.
L’une est habitée par le jeu de la folie, l’autre par la folie du jeu.
L‘action se déroule dans une chambre d’hôtel, oops…D’hôpital!
À travers 9 monologues, elles jouent tour à tour une amante, une
prostituée, une barmaid, une clocharde..
Mais en fait rien de tout ça…ELLE EST FOLLE!
Nous avons été un peu frustrées car on nous annonçait un spectacle bilingue mais l'italien est relégué au rang de "décor" dans cette double interprétation du désarroi d'une artiste qui a sombré dans la folie. L'idée est excellente : l'actrice, égarée dans sa maison de repos où elle égrène des souvenirs aux relents pathétiques, est doublée par une autre actrice qui, sous la direction supposée de Dino Buzzati, interprète le rôle de cette femme qui fut célèbre. Mais le système de la traduction simultanée se fait un peu au détriment de la compréhension du texte italien qui est finalement chuchoté, même si finalement l'ensemble est cohérent et bien ficelé.


Maud, romancière anglaise habituée des best-sellers, Leo, écrivain juif américain tourmenté, et Simon, dandy postmoderne qui n’a publié qu’un roman en 10 ans, se retrouvent pour animer un atelier d’écriture au beau milieu de la campagne anglaise. Tandis que leurs visions de la littérature s’affrontent, leurs libidos se déchaînent… « C'est comme une cocotte minute ! » Une comédie subtile et désopilante de David Lodge, le maître de l’humour britannique.
Un vrai décor, une vraie mise en scène, 5 personnages et une intrigue, assaisonnée de quelques pensées pas toujours amènes sur les tenants et aboutissants du comportement de nos semblables... Lodge, avec le talent qu'on lui connait pour l'écriture, s'est lancé dans le théâtre. Pour notre plus grand plaisir... Rien de vraiment désopilant cependant ! Ses personnages sont moins saisis de remords existentiels qu'à l'ordinaire, un peu plus obsédés par le sexe que de coutume, ils restent torturés par leurs contradictions et leurs ambitions mal définies. La pièce était superbement jouée par une troupe de gens talentueux, le rythme était clair et net, cela fait du bien de voir du théâtre à Avignon !! Mais non, je plaisante, mais le règne du one man show ou du minimalisme incontournable nous laisse parfois sur notre faim !

2 commentaires:

  1. Je reste coite après la lecture de cette autre série de critiques de spectacles... Je dois avouer que je me sens un peu ridicule à côté de toi car ma culture personnelle est quasiment inexistante. J'admire -très sincèrement- le talent avec lequel tu parles de ces pièces que tu as vues. Tes phrases sont ciselées, ton vocabulaire choisi.
    Je ne peux que te tirer mon chapeau.
    Bon week-end Michelaise

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  2. Tu sais, Avignon c'est un peu notre cure théâtre de l'année... c'est un moyen de voir plein de pièces sans courir (nous, pour aller au théâtre c'est un minimum de 50 voire 150 kms), en se permettant des ratés, et en découvrant des choses qu'on n'aurait pas idée d'aller voir en temps normal, faute de temps ou de disponibilité d'esprit. Merci pour tes compliments Oxy...

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