lundi 13 juillet 2009

AVIGNON, NOUS VOILA !

Il me faudra un jour prochain vous faire partager les réflexions d'après-boire (dur dur les lendemains de noces !) que nous avons échangées au cours de notre voyage vers la Cité des Papes, mais pour l'instant, place au théâtre, comme tous les ans... Démarrage au ralenti pour cette première journée, sans doute avons-nous inconsciemment gardé les chefs d’œuvre pour la fin.
Hier soir en arrivant, nous avions prévu un spectacle aux Doms, vous vous rappelez notre passion inconditionnelle pour les Belges. Hélène l'avait vu et aimé, c'était tout à côté de notre (merveilleuse) chambre d'hôte à la Banasterie, c'était court, intime, pas trop tard, bref tout était parfait. Le temps d'aller déguster l'assiette du jour aux Doms, et nous voilà en position devant la porte, prêts à foncer vers, selon l'inspiration, le premier ou le dernier rang. Le temps passe, le précédent spectacle sort, et le quart d'heure charentais (ou n'importe quoi d'ailleurs, il marche partout le susdit quart d'heure) commence à s'écouler tout doucement. Bizarre, bizarre, y a jamais de quart d'heure charentais à Avignon ??? Jusqu'au moment où il est apparu que nous n'étions pas au bon endroit... Nous étions une bonne quinzaine à patienter ainsi en vain, la salle de "Causerie sur le lemming" ayant 30 places, autant vous dire qu'elle était restée à peu près vide. Bref, nous sommes donc allés voir la pièce suivante

"L'héroïsme au temps de la grippe aviaire"

Sa vie a un goût de vieux de savon et ressemble à une cour de récréation dont les surveillants seraient en grève.
Trente ans, sans emploi, célibataire et en charge de sa mère en état de choc post-traumatique !
Voilà le super-héros du quotidien raconté avec la truculente imagination de Thomas Gunzig. Hommage à une culture populaire et évocation d'une Belgique désenchantée, dans le style flamboyant de cet auteur à l'humour qui fait mouche et au sens de la formule inimitable !
Un propos déjanté servi par un acteur-Spiderman…très à propos…
Une pochade qui devait être émouvante sur la vie ratée et finalement dramatique d'un pauvre raté qui voudrait, mais qui ne peut pas, parce qu'il n'est même pas un méchant... Mais (cela arrive parfois) les rires gras et inadaptés d'un public manifestement venu pour se fendre la poire de rien gâchaient quelque peu le rendu du spectacle. Quelques bonnes idées, comme un bonus un peu décalé à la fin dans le genre de ceux qu'on trouve sur les DVD...
Notre premier spectacle du matin faisait fort, au moins quant au texte :
Jean-Luc Lagarce, actuellement l’auteur français le plus mis en scène après Molière, incarne la culture française tout autant que le théâtre contemporain et différentes générations comme différents milieux sociaux se reconnaissent dans ses thèmes et dans son écriture :

Le fils retourne dans sa famille pour l'informer de sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l'on se dit l'amour que l'on se porte à travers les griefs et les rancoeurs qui ressortent. De cette visite qu'il voulait définitive mais qu’il vit comme un chemin de croix, le fils repartira sans avoir rien dit.
Une pièce dense, intense, un texte qui prend au coeur et aux tripes, joué par une troupe de très bonne volonté mais parfois légèrement maladroite. Disons que jouer Lagarce, ses dialogues hachés et répétitifs, son souffle haletant et angoissé au coin de chaque pensée qui affleure comme une blessure jamais cicatrisée, jouer Lagarce, c'est hyper difficile. Là, la mise en scène tentait, pas toujours avec bonheur, de mettre du rythme dans ces mots qui, si on n'y prend garde, peuvent friser l'ennui. Certains acteurs jouaient très juste mais il y avait quelques achoppements. Bref, on sentait que c'était une pièce magnifique, mais que l'ensemble aurait pu être mieux... ou (ça on est bien placé pourl'avoir déjà subi avec du Lagarce) bien pire. Donc globalement l'impression était plutôt positive.



Abolition des Tracas

de Fred Vargas


Deux textes humoristiques de Fred Vargas, Petit traité de toutes les vérités sur l’existence (2001) et Critique de l’Anxiété pure (2003) : ce courrier imaginaire écrit pour ses lecteurs, adapté avec la complicité de l’auteur et du peintre Jo Vargas a pris la forme d’un spectacle… Abolition des tracas. L’auteur prétend avoir résolu haut la main la totalité des soucis liés à l’amour, la guerre, l’angoisse, la politique, l’économie, la religion –et sans oublier l’amour-, et se propose de démêler avec nous « la monstrueuse pelote » des tracas du monde. Avec nous et avec notre soutien.
À l’aide public !

Là, c'était d'un ennui rare... nos deux hommes se sont d'ailleurs endormis, quant à nous, nous avons eu du mal à défendre la malheureuse comédienne. Il y avait quelques idées de mise en scène, mais le texte est fait pour être lu, il s'enlise parfois un peu dans le fromage blanc, et surtout c'était d'une lenteur fatigante... pas de souffle, juste une juxtaposition de moments dits et pas trop mal joués cependant. L'ensemble était finalement plutôt pédant et pas très intéressant. Disons que cela tourne vite court et qu'on se lasse de regarder cette jeune fille pérorer en rond.

Karl Valentin et rien d'autre - une comédie burlesque

Karl Valentin

Une comédie Absurde, Enthousiaste et Intelligente. "Toi" et "Toi", deux clowns sans nez rouge ni trompette viennent interpouéter des sketches de Karl Valentin. Tout se déroule parfaitement mais très vite les éléments du spectacle disparaissent. Plus de costume, plus de loge, plus de coulisse, plus de régisseur. "Toi" et "Toi" utilisent, dans cette comédie ultra rythmée, presque du mime, presque des marionnettes, presque de la magie, mais pas du tout de lancer de couteau. Recréer l'univers de K.Valentin c'est sûrement le trahir, nous proposons un autre voyage avec ses célèbres textes. "fait renaître nos rires d'enfants" Les trois coups "Absurde!" le Parisien "Surréaliste" le Progrés "désopilant, rire épidémique" lecloudanslaplanche


Après avoir hésité avec un Ibos que nous verrons sans doute à Blaye, et un peu pour faire plaisir à Hélène, nous avons choisi Karl Valentin en souvenir du temps où elle faisait du théâtre. Et finalement c'était un bon choix car le texte se prête plutôt bien aux facéties de ces deux clowns sans nez rouge, dont le spectacle très enlevé, petit à petit se délite pour laisser place à la simple sobriété des planches. Un moment de drôlerie bien mené qui nous a franchement détendus.


Hamelin

Juan Mayorga

Il était une fois une jolie ville, Hamelin, qui cachait derrière ses murs une famille modeste manipulée par un notable fort attiré par les enfants… Un faux suspens policier, des personnages complexes et ambigus, un commentateur complice des spectateurs… dans une mise en scène qui montre "comment la déstructuration du langage s'accompagne inexorablement d'une déconstruction sociale". Un texte de la nouvelle génération espagnole qui a reçu pas moins de trois prix en deux ans !
Certainement notre meilleure pièce de la journée : du sens, du sentiment, une langue claire et prenante... une excellente composition sur l'horreur de la pédophilie, sur la difficulté de juger, sur l'emprise personnelle d'une affaire de ce style sur la vie de ceux qui y sont confrontés. Joué avec une précision parfaite sans l'once d'un décor, l'acteur jouant les didascalies étant en quelque sorte le témoin, nous, le spectateur, l'auteur, bref le regard extérieur qui tente de démêler le vrai du faux.

1 commentaire:

  1. Michel a dit:
    Ouf! J'ai accès à l'ordinateur pendant que ma douce moitié est partie faire une course. Car si cela ne se voit guère du fait de son énorme facilité d'écriture, aligner ainsi des pages d'articles fait tourner longuement le processeur. Je me glisse donc dans les trous. Quelques remarques sur ces pièces vues ensemble:
    Hamelin, nom de la ville qui est le siège du conte de Grimm "Le joueur de flûte". L'auteur est espagnol, connu paraît-il.
    Le juge: personnage central, habité de la passion d'aboutir (mais n'est-ce pas là enfin l'affaire inespérée qui lui tombe dessus un soir de permanence) entouré de silences et de mensonges, incapable de rassembler les preuves, incapable, lui qui passe ses nuits dans son bureau de voir que son couple sombre et que son fils s'enfonce dans un début de délinquance.
    La voix qui ponctue tout comme le choeur dans la tragédie grecque,qui chuchote "silence" et ressasse jusqu'à l'obsession l'ambigüité de tous et ,oserai-je, du crime lui-même, enfants abusés, parents consentants. SUPERBE!

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