mardi 28 juillet 2009

LAPSUS DERNIERE

Paul Rome de Silmette
Pomerol 2007


Bravo Koka et merci d'avoir joué le jeu... Je ne crois pas qu'une contrepèterie soit nécessairement déplacée. En fait ce qu'on appelle ainsi c'est le jeu sur les phonèmes ou syllabes, la connotation coquine n'a rien d'obligatoire ! Il y avait au logis de Paradis un couple belge, lui flamand, elle wallonne. Elle nous disait connaître le principe de la contrepèterie et nous en a, avec beaucoup d'humour, cité une belge typique : "En Belgique, il fait beau et chaud !"*
Bref, j'en étais là, l'autre jour chez Ludo, quand j'ai enfin goûté mon vin. Pas raccoleur, ni facile, c'est sûr, mais en vert et en âpre, des promesses, de sacrés promesses, même si je n'ai ni le nez ni le goût pour les définir... ce vin de table, il avait quelque chose ! Tu sais Hélène comme lorsque nous sommes allés en Médoc et que nous avons dégusté en mars 2008 ce Mouton Rotschild 2006, qui allait juste être mis en bouteilles... Très difficiles à apprécier les grands vins destinés à une longue garde !
C'était donc bien un Pomerol 2007 mais pas n'importe quel Pomerol. Je cite l'étiquette :
Ce vin n'a pas pu se prévaloir de son terroir. Il en a perdu le droit non pour raison de qualité, mais par l'application de la règle des rendements relatifs. Sa véritable identité ne peut donc qu'être devinée... Il est issu de merlots cultivés sur des graves et des sables anciens, cueillis du 21 au 27 septembre 2007 et vinifiés sans autre additifs que du souffre. Il a été mis en bouteille, cru et vivant, le 5 mai 2009 (tu retrouves bien là le délai de préparation d'un grand vin qu'on ne déguste pas en primeur quelques semaines après la vendange !), après un élevage de 15 mois en fûts de chêne français. Son bouchon en liège naturel garantit son vieillissement si ce flacon est couché dans une cave silencieuse, obscure, aérée, fraîche et humide. Il se dégustera jeune (2010-11), pour sa force, ou mûr (2015-20+), pour sa finesse. Afin d'écarter le dépôt qui se forme avec le temps - il n'a été ni filtré, ni collé - et l'apprécier au mieux, il est conseillé de l'aérer (jeune) ou de le décanter (mûr), quelques heures avant le service dans une carafe qui doit être rebouchée après opération"


Avouez que ce discours, haut en couleurs, alléchant et précis, vous donne envie de savoir quel "château" se cache sous ce vin de table, déclassé pour cause de quotas et dont les propriétaires n'ont pas eu envie de jeter en bout de vigne la vendange excédentaire. Ils ont choisi d'en faire un vin anonyme mais pour autant prometteur, aussi soigné que leur cru officiel, vin qu'on s'indique sous le manteau et qu'on dégustera dans quelques années en espérant qu'il tiendra ses promesses. C'est de toutes façons un domaine proche de Petrus (vous aviez remarqué Petrus, Lapsus), mais en Pomerol tous le sont plus ou moins ! Je crains cependant de créer des ennuis à ce domaine qui, vous vous en doutez, a déjà bien énervé les autorités fiscales et douanières avec son initiative, en indiquant en clair le nom exact du vin... Pour autant, avouez que l'histoire est savoureuse, comme le sera le nectar que notre cave, pas tout à fait aussi idéale que l'exige l'étiquette, va nous concocter. Car c'est cela aussi le Pomerol, le temps et l'attente !

*ce qui donne "En Belgique, il fait chaud et beau !"... ouf, c'est bien belge n'est-ce pas !

4 commentaires:

  1. Tu penses bien, Michelaise, qu'avec ma passion pour le vin, surtout pour le bordelais, je ne peux qu'approuver ton sentiment sur cette réglementation trop compliquée en matière d'AOC, surtout dans votre région. Le pomerol a l'avantage d'être une toute petite aire d'appellation, ce qui fait que, jusqu'à présent, il n'a produit que de la qualité et n'a pas besoin d'un classement (celui issu de 1855) dont la plupart des autres AOC spécifiques du bordelais ont bénéficié, certains allant même jusqu'à un 5ème GCC (grand cru classé) ! C'est trop, et c'est quelquefois assez arbitraire, surtout depuis la "parkérisation" des vins qu'à connue cette région grâce ou à cause de sa notoriété mondiale. Sans compter l'ambiguïté ou la confusion sciemment orchestrée pour égarer le consommateur moyen sur les étiquettes... C'est vraiment dommage, il y a eu beaucoup d'abus cette dernière décennie, ce qui explique en partie la désaffection des consommateurs vers des étiquettes plus faciles à lire... jusqu'à ne parler qu'en terme de cépage, ce qui est une hérésie totale, à mon sens. Mais, comme toujours, il est plus facile d'aller vers une simplification que vers un apprentissage élaboré et intelligent... Pour l'acheteur moyen, la règle de sagesse reste toujours la même : à cause de cette réglementation et des problèmes de quotas dont tu parles, les grandes années, achetez des seconds vins, voire des appellations toutes simples (je parle toujours du bordelais) de viticulteurs connus, souvent ce sont de très grands vins ou crus déclassés pour la cause susdite... Ton Lapsus m'a bien fait sourire... C'était un peu facile pour moi grâce à ma cave, où le pomerol est en bonne place, même si je préfère les vins plus charpentés de la rive gauche. Je ne boude quand même pas mon plaisir à aller caresser quelquefois les étiquettes du Château Gazin sur mes étagères, à défaut... de Château Petrus, que je n'ai guère eu l'occasion de savourer que lorsque je suis invitée (trop rarement !) dans certains restaurants ! Merci pour ce billet très intéressant, vu par une enfant du pays, Michelaise !
    PS : on dit souvent que le pomerol est un vin... de femme, à cause sa sa rondeur (le merlot, très présent)?!?

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  2. Colibri, pas de doute ton commentaire est... PRO ! Tout y est, et je n'ai rien à ajouter. Pomerol vin de femme ? En tout cas, souvent vin fait pour séduire ! Quant à moi, mais c'est un peu snobisme car je suis née au sein de ce vignoble-là, j'ai une prédilection pour le Pessac Léognan.
    Quant au Petrus, mythique pour moi, car je n'en ai jamais bu un verre (j'ai voulu essayer dans un bar à vin de St Emilion la dernière fois que j'y suis passée, mais l'annonce de 60 euros le verre m'a propulsée dehors aussi résolument que j'y étais entrée), il paraît que, crise aidant, il serait abordable (c'est tout relatif) cette année... je me demande si je ne vais pas investir. Tout en étant persuadée comme toi qu'il est possible que, finalement, quelque voisin plus modeste m'offre les mêmes joies dans 20 ans ! Oups !!

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  3. J'ai beau m'intéresser aux vins, mon neurone déficient (encore lui !) m'interdit de me rappeler ce que j'ai lu à propos de tel ou tel cru. il n'en reste pas moins que j'aime le bon vin.
    Si j'ai bien compris et pour l'apprécier pleinement il nous faudra faire un détour chez toi entre 2011 et 2015 quand ton Pomerol commencera à acquérir cette maturité qui lui donnera toute sa finesse... ;-)

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  4. Pas de problème Oxy, je t'attends pour la maturité !!! On a le temps de quelques échanges d'ici là !

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