Pour le premier, nous nous sommes carrément trompés de village, une homonymie mal pensée nous a fait terminé la soirée ce jour-là en mangeant une glace chez Lopez pour nous consoler. Pour le second, nous avons été refoulés par les pompiers qui avaient fixé la jauge à 190 personnes et nous étions les 200èmes ! Enfin, nous avons réussi à assister hier soir à notre premier "jeudi musical des églises romanes". 21ème édition de cette manifestation qui cette année , du 4 juin au 24 septembre, n'offre pas moins de 31 concerts dans une foultitude d'églises romanes de la région royannaise. Ici aussi se dressent de jolis édifices, plus humbles, moins spectaculaires que dans les terres, et que parfois on ne ferait pas l'effort de venir visiter, tout occupé que l'on est de parcourir, Zodiaque à la main, les grandes saintongeaises. Ces concerts sont d'ailleurs l'occasion de mieux les regarder, on a le temps, entre le "quart d'heure charentais" de début de concert, l'entracte et le pot qui suit ! Et puis, pour l'occasion, elles sont ouvertes et illuminées !
C'est ainsi que nous avons peu détailler tout à loisir l'église Saint Pierre de Mornac, à peine entrevue lors de précédents passages dans ce village, dont le charme hivernal vous séduit chaque fois que nous allons y chercher nos fameuses "pousses en claire". Un portail sans cachet et une nef décevante freinent l'ardeur du visiteur qui pousse la porte... Des départs d'arcs brisés arrachés et une solide charpente de bois en couverture dénoncent des restaurations qui ont, après guerres de religions, révolution et autres ruines diverses, dénaturé le plan des constructeurs romans. Pourtant, si on va jusqu'au transept, on a la surprise de trouver une croisée rectangulaire très élégante, surmontée d'une coupole oblongue, surprenante, posée sur 4 trompes d'angles bien appareillées. C'est là que nous étions, le nez en l'air à scruter cette coupole étrange, quand un "né natif", sans doute un membre du conseil municipal, est venu demander à Michel si c'était lui qui avait construit l'église et s'il admirait son travail !
Il nous a expliqué que la tour du transept avait été surmontée d'une flèche en bois qui désespérait l'ancien curé, qui ne cessait de dire qu'il faudrait que le Bon Dieu s'en mêle et fasse tomber la foudre pour débarrasser Mornac de cette excroissance malséante. Il paraît que 8 jours après sa mort, en 1943, l'affaire fut entendue, la construction malgracieuse brûla sous un choc d'orage particulièrement violent. Et l'on découvrit, ainsi que ce saint homme l'avait prévu, de superbes trompes romanes, sur lesquelles on adapta une coupole reconstituée, qui sonne très vrai.
En verve, notre mentor nous fit ensuite l'histoire de l'abside, intégralement XIIème quant à elle, et d'une richesse décorative incontestable. Il y a une cinquantaine d'années, le sol de l'église était enfoui sous un bon mètre de terre, afin de permettre un accès de plein-pied avec la rue (on descend actuellement un escalier d'une bonne dizaine de marches). Il s'agissait donc de "découvrir" sous cette gangue épaisse les bases des structures de l'église, de l'assainir et de remettre à jour son élégance première. On obtint quelques une de ces subsides si difficiles à décrocher, de l'Etat et des Monuments historiques. Puis on organisa, plusieurs étés de suite, des chantiers de jeunes des beaux-arts, qui venaient régulièrement fouiller, creuser et gratter. Or ces jeunes s'attachèrent au village, et, devenus adultes, la plupart s'installèrent là, qui tisserand, qui potier, qui sculpteur... et c'est ainsi que Mornac sur Seudre devint village d'art, connu pour son ambiance artisanale bon enfant.
La soirée était dédiée à un jeune et talentueux quatuor à cordes, le Quatuor Amedeo Modigliani, qui, outre une fougue et une musicalité étonnantes qui lui valurent de vraies ovations du public, m'offre encore une anecdote à vous conter. Ils ont le privilège de jouer sur un des rares ensembles instruments fabriqués par le même luthier pour constituer un vrai quatuor. C'est en 1863 que le luthier Vuillaume a tiré du même arbre ces 2 violons, alto et violoncelle, leur donnant à chacun un nom d'évangéliste, chaque instrument ayant sa place précise et affirmée dans le Quatuor baptisé "des Evangélistes". Quasiment jamais joué, racheté à Etienne Vatelot qui en était l'heureux propriétaire par la Swiss Global Artistic Foundation qui s'engagea auprès du maître à ne pas séparer les instruments, l'ensemble a été confié à ce jeune groupe d'artistes qui le fait sonner avec une harmonie, une vibration et un souffle vraiment enthousiasmants. L'interprétation du quatuor en fa mineur opus 80 de Mendelssohn était particulièrement inspirée.
C'est ainsi que nous avons peu détailler tout à loisir l'église Saint Pierre de Mornac, à peine entrevue lors de précédents passages dans ce village, dont le charme hivernal vous séduit chaque fois que nous allons y chercher nos fameuses "pousses en claire". Un portail sans cachet et une nef décevante freinent l'ardeur du visiteur qui pousse la porte... Des départs d'arcs brisés arrachés et une solide charpente de bois en couverture dénoncent des restaurations qui ont, après guerres de religions, révolution et autres ruines diverses, dénaturé le plan des constructeurs romans. Pourtant, si on va jusqu'au transept, on a la surprise de trouver une croisée rectangulaire très élégante, surmontée d'une coupole oblongue, surprenante, posée sur 4 trompes d'angles bien appareillées. C'est là que nous étions, le nez en l'air à scruter cette coupole étrange, quand un "né natif", sans doute un membre du conseil municipal, est venu demander à Michel si c'était lui qui avait construit l'église et s'il admirait son travail !
Il nous a expliqué que la tour du transept avait été surmontée d'une flèche en bois qui désespérait l'ancien curé, qui ne cessait de dire qu'il faudrait que le Bon Dieu s'en mêle et fasse tomber la foudre pour débarrasser Mornac de cette excroissance malséante. Il paraît que 8 jours après sa mort, en 1943, l'affaire fut entendue, la construction malgracieuse brûla sous un choc d'orage particulièrement violent. Et l'on découvrit, ainsi que ce saint homme l'avait prévu, de superbes trompes romanes, sur lesquelles on adapta une coupole reconstituée, qui sonne très vrai.
En verve, notre mentor nous fit ensuite l'histoire de l'abside, intégralement XIIème quant à elle, et d'une richesse décorative incontestable. Il y a une cinquantaine d'années, le sol de l'église était enfoui sous un bon mètre de terre, afin de permettre un accès de plein-pied avec la rue (on descend actuellement un escalier d'une bonne dizaine de marches). Il s'agissait donc de "découvrir" sous cette gangue épaisse les bases des structures de l'église, de l'assainir et de remettre à jour son élégance première. On obtint quelques une de ces subsides si difficiles à décrocher, de l'Etat et des Monuments historiques. Puis on organisa, plusieurs étés de suite, des chantiers de jeunes des beaux-arts, qui venaient régulièrement fouiller, creuser et gratter. Or ces jeunes s'attachèrent au village, et, devenus adultes, la plupart s'installèrent là, qui tisserand, qui potier, qui sculpteur... et c'est ainsi que Mornac sur Seudre devint village d'art, connu pour son ambiance artisanale bon enfant.
La soirée était dédiée à un jeune et talentueux quatuor à cordes, le Quatuor Amedeo Modigliani, qui, outre une fougue et une musicalité étonnantes qui lui valurent de vraies ovations du public, m'offre encore une anecdote à vous conter. Ils ont le privilège de jouer sur un des rares ensembles instruments fabriqués par le même luthier pour constituer un vrai quatuor. C'est en 1863 que le luthier Vuillaume a tiré du même arbre ces 2 violons, alto et violoncelle, leur donnant à chacun un nom d'évangéliste, chaque instrument ayant sa place précise et affirmée dans le Quatuor baptisé "des Evangélistes". Quasiment jamais joué, racheté à Etienne Vatelot qui en était l'heureux propriétaire par la Swiss Global Artistic Foundation qui s'engagea auprès du maître à ne pas séparer les instruments, l'ensemble a été confié à ce jeune groupe d'artistes qui le fait sonner avec une harmonie, une vibration et un souffle vraiment enthousiasmants. L'interprétation du quatuor en fa mineur opus 80 de Mendelssohn était particulièrement inspirée.
Bonjour Michelaise,
RépondreSupprimerJ'ai comme l'impression aussi que tu aimes la musique et que tu fréquente les concerts et festivals assidument... Oui, nous allons ce soir écouter Zhu Xia Mei... Attente délicieuse et pleine d'espoir! A bientôt (je découvre ton blog mais je reviendrai le lire plus longuement, je me prépare à partir)
bon concert donc... je lirai sans doute tes impressions sur ton blog... j'imagine que le programme sera les variations golberg... je vois sur le net qu'il y a deux concerts à l'abbaye, un à 16h30 qui est en cours, et l'autre à 21h
RépondreSupprimerEt voila que tu continues à ma narguer et à me faire envie avec tes églises romances et tes festivals .
RépondreSupprimerEncore une que je ne connaissais pas et quant au festival je viens de le découvrir grâce à toi.
La mort dans l'âme
J'ai beaucoup aimé lire cette visite-leçon d'histoire d'architecture romane. Tant de trésors ont été dénaturés par les transformations et les défigurations du temps, des guerres et des hommes. Ici au Québec, quand un édifice est prouvé "avoir 400 ans" on se prosterne et on l'adore! J'exagère à peine. En Europe et en France en particulier, vous en avez qui tiennnent encore debout et ont plus de 700 ans, c'est une belle leçon d'humilité pour nous. Mais comme nos ancêtres sont Français, on se permet de croire que cette histoire est aussi la nôtre :). J'ai aussi dégusté la parenthèse du concert qui se déroula lors de cette soirée, impliquant des instruments à corde provenant du même bois. Comme j'admire ceux qui prirent la décision de ne point les séparer! Je suis heureuse de tous ces beaux moments qu'ils offrent maintenant au public mélomane.
RépondreSupprimerOh non Aloïs pas la mort dans l'âme, mais sur le chemin des vacances toi aussi... Loubressac nous voilà !
RépondreSupprimerOui Mamiecolo ce patrimoine est aussi vôtre, et nous le partageons avec un égal bonheur ! Surtout nous, en Charente d'où est parti Champlain (nous avons fêté cela l'an dernier je viens d'en retrouver trace :
http://www.blogger.com/post-edit.g?blogID=5076802456776230711&postID=5774796842868904519
C'est vrai que ces 4 instruments issu du même arbre, cela m'a émue, ravie d'avoir fait partager cette émotion !
J'ai coché le mot "passionnant" après avoir lu cet article ! Tu es vraiment une érudite Michelaise et il est agréable pour nous (pour moi) de profiter de toutes tes connaissances et de tes passions si bien partagées.
RépondreSupprimerMerci Oxy, j'essaie surtout d'en faire de petits billets anecdotiques !
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