Un peu vaseux après une folle soirée opéra à Aix en Provence que je tacherai de raconter plus tard, notre première pièce se voulait facile...
En 1935, s'inspirant du célèbre mythe grec, Giraudoux mélange les genres avec son texte brillant qui traverse le temps. Le sujet est simple et efficace : Pâris a enlevé celle qui est considérée comme la plus belle femme du monde, Hélène, épouse de Ménélas. Les rois grecs ont décidé de mobiliser leur flotte pour récupérer l’infidèle et pour punir Troie. La pièce, c’est le combat désespéré d’Hector pour obtenir la paix et pour éviter
le pire tandis que le cheval de Troie est prêt à bondir…
Voilà qui a donné lieu à une polémique épique, de celles que, parait-il, je ne sais jamais conclure, tant, dixit Michel, je n'arrive pas à admettre qu'on ne soit pas de mon avis ! Alors j'aligne les arguments, je plaide, je discoure et démontre à l'envie, jusqu'à ce que Michel, épuisé, jette l'éponge ! Jouée par une troupe de la maison des Jeunes et de la Culture de Sarcelles, la pièce présentait, c'est un fait, d'évidentes imperfections. Le premier handicap résidait d'ailleurs moins dans le caractère amateur de ses comédiens que dans l'exiguité de la scène, grande comme un mouchoir de poche, au point qu'au moindre mouvement les comédiens menaçaient de nous tomber sur les genoux. Pas facile dans ces conditions de construire un ensemble cohérent, ou au minimum, délié. La jeune femme responsable de la mise en scène (qui fêtait ce jour-là ses 24 ans) s'en est tirée très honorablement et a utilisé au mieux les rares ressources du lieu. Une occasion pour moi de pester contre les faiseurs de soupe d'Avignon qui louent à prix d'or de lieux parfois hallucinants aux troupes venues chercher vitrine lors du Festival.
Les acteurs, âgés de 15 à 25 ans, à vue de nez, étaient, c'est évident, inégaux. Certains, Hector en particulier, avaient un réel talent en herbe, autant dire qu'il vivait son rôle avec une conviction communicative. Pour d'autres la seule préoccupation restait de dire leur texte sans trop hésiter et de se mouvoir de la façon la moins empruntée possible. Notre différend portait sur la présence d'une troupe que Michel qualifiait de patronage, aussi méritant fut-elle, dans le cadre du Festival. Comme si ce susdit Festival pouvait se prévaloir de tels titres de qualité qu'une prestation amateur y soit déplacée... Je me suis insurgée hautement contre ce purisme au nom des vertus évidentes de la culture. Pour moi, l'accès aux contraintes et aux joies de monter une pièce qu'offre la municipalité de Sarcelles à ses jeunes est éminemment formatrice. Mais surtout, et là j'ai fait mouche, j'ai contesté cette intransigeance en faisant valoir qu'Avignon est, qu'on le déplore ou s'en réjouisse, le lieu de toutes les libertés théâtrales, de l'excellence à la médiocrité, que cette dernière s'y déploie avec une mansuétude évidente du public, ou d'un certain public. S'y mêlent et s'y côtoient les inventions pseudo-intellectuelles, les pédanteries les plus absconses, les gratuités les plus vaniteuses, les suffisances les plus déplacées, les complaisances les plus arrogantes et les putasseries les plus mercantiles... On y trouve de pures merveilles, on y entend de vrais chefs d’œuvres, on y voit de superbes inventions... Et tout le reste, autant dire que sur près de 900 pièces et je ne parle que du Off, ce reste prétentieux et confus domine très largement. Quant au In, il m'est difficile d'en parler ayant renoncé à y trainer mes guêtres depuis le dernier massacre en date que j'ai eu à y déplorer, mais les bruits de couloirs, autant dire les remarques saisies lors des queues d'attente, confirment qu'on y déplore plus de ratages qu'on y applaudit de découvertes. Bref pourquoi, dans ces conditions, le Off ne serait-il pas la place aussi de jeunes qui tentent de servir pour le mieux un des beaux textes de notre répertoire classique ? Fussent-ils amateurs et maladroits parfois ? On peut, comme à Blaye ou à Saint Georges de Didonne, faire des festivals de théâtre amateur, ce que voudrait Michel. Je préfère, quant à moi, défendre cette opportunité de jouer dans la cour des grands, même si c'est difficile, et parce qu'ainsi c'est enrichissant et porteur d'une autre dimension, offerte par le Festival à tous ceux que le théâtre passionne suffisamment pour oser !
Marie Stuart est une épopée haletante et passionnante que Schiller a écrite à partir du conflit qui opposa pendant 20 ans Elisabeth 1ère d’Angleterre à Marie Stuart. Plus qu’une reconstitution historique, le spectacle est une fable universelle qui met à nu les mécanismes du pouvoir et le conflit entre l’intime et le public.
Télérama : La mise en scène et l’interprétation inspirées restituent la cruelle intensité de cette fable sur le pouvoir, dans toute sa violence, dans toute sa vérité
Figaroscope : Un spectacle magnifique
A Nous Paris : Deux heures d’apesanteur
Le Pariscope : Les deux comédiennes principales sont remarquables
Nous étions un peu anxieux : après une nuit écourtée, sous une chaleur accablante et dans un état de fatigue avancé, aller affronter deux heures dix de romantisme allemand, avec le danger de devoir subir une troupe malhabile, c'était risqué. On pouvait craindre aussi un texte indigeste, un ton démodé ou une ambiance roborative. Rien de tout cela ne nous est advenu : une réussite, un chef d’œuvre, et de la belle ouvrage ! Une mise en scène d'un goût parfait, des acteurs impeccables, un respect total de la langue et du rythme de la pièce, bref un superbe moment de théâtre qui nous a gardés l’œil ouvert et attentifs sans la moindre faille. Ravis de découvrir ce texte d'une belle élégance de Schiller.
Tous les jours, la guerre, le chaos entrent chez nous grâce aux médias et à la fureur de leurs images.Chez eux, rien ne rentre, aucun jaillissement de la violence extérieure ne parvient à déranger les petits désaccords élevés dans le couple au rang de déclarations d’hostilité. Soudain, c’est une «déclaration de paix» qui vient interrompre leur duel intime. Comment composer avec l’angoisse de l’inconnu?
Quel plaisir de théâtre que cette langue imaginative, inventive…simple mais porteuse de réflexion, servie par 2 interprètes intrépides et fantaisistes. Retrouver Danièle Lebrun–partenaire de cœur-et Bernard Malaka –complice de toujours-, du plaisir, encore du plaisir... et un peu d'angoisse.
Deux Délire à deux dans le Festival ! nous avons choisi celui du Chien Qui fume, tant à cause de la salle qui offre en principe des programmations de qualité, qu'à cause de Danièle Lebrun dont, moi qui ne retiens aucun nom d'actrice, j'avais reconnu le visage pour l'avoir appréciée dans quelques films récents. La guerre conjugale au jour le jour, entravée par la guerre extérieure qui la sous-tend et l'apaise, la relance et la ponctue... cette guerre qui détruit et ravine, implacable et grotesque... L'absurde de Ionesco est ici terriblement signifiant et porteur de désespoir ! La paix inattendue devient encore plus terrifiante que les combats et tout sombre alors dans une noirceur sans issue. Interprétés avec brio par des acteurs impeccables, les mots de cette joute ricochaient avec aisance sur une mise en scène dédiée à notre plus grand plaisir.
Juillet. Un parking à la périphérie d’une ville. Sur ce parking, une baraque à frites. Celle des sœurs Cadouin. Celle de Viviane et Suzanne. Autour d'elles gravitent deux hommes. Joaquim Martinez, professeur en vacances, et Michaël Pichon, jeune agent de sécurité essayant de réparer sa mobylette.
Avec humour et cynisme, MONSIEUR MARTINEZ (LES CADOUIN #1) retrace quinze jours de leur existence. Un enchevêtrement de frustrations, d’espérances, de tristesse et de rêves...
Après un petit dîner sympa chez notre voisin le Coin Caché toujours aussi chaleureux et accueillant, prise de risque pour aller voir une pièce recommandée par la troupe de Marie Stuart le matin même. D'habitude au moment des applaudissements la troupe vient demander qu'on leur fasse de la pub, ici rien de tel : ils nous ont conseillé d'aller voir un spectacle qu'ils avaient apprécié. Nous voilà donc devant le théâtre du Bélier, un peu perplexes devant la programmation, mais prêts à admettre que parmi des affiches ringardes et des titres pourris pouvait se cacher un chef d’œuvre. Une CATASTROPHE... des jeux de mots foireux, un misérabilisme téléphoné, des acteurs indigents, des costumes horribles, un texte sans intérêt, une mise en scène statique... Bref, après avoir tenté d'espérer que cela aller s'améliorer, nous avons fuit en riant comme des fous, ravis d'avoir échappé à ce truc lamentable. Et ravis aussi de constater qu'il y en a vraiment pour tous les goûts en Avignon !! Et même parfois, pour les nôtres ! Utile un ratage parfois pour apprécier ce qu'on a vu !
L' histoire de Marie Stuart m'a toujours beaucoup émue. Au delà du raisonnable. A un tel point que je me mets à penser parfois, que nous étions proche dans une vie antérieure.
RépondreSupprimerMerci pour votre blog magnifique et bien documenté.
Béatrice
L' histoire de Marie Stuart m'a toujours beaucoup émue. Au delà du raisonnable. A un tel point que je me mets à penser parfois, que nous étions proche dans une vie antérieure.
RépondreSupprimerMerci pour votre blog magnifique et bien documenté.
Béatrice
Pour ceux qui savent décrypter un spectacle...
RépondreSupprimerhttp://www.lestroiscoups.com/article-34074412.html
En tout cas, le spectacle ne vous a pas laissé indifférent. La catastrophe et la réussite sont, à l'instar de la tragédie et la comédie, intimement liées...
Cordialement