GLYNDEBOURNE EN PERIGORD

Cette année Eyrignac avait choisi pour thème du concert d’ouverture du Festival du Périgord Noir, « Les Nuits d’été ». La journée avait été menaçante, et il fallut bien toutes les prières de monsieur … pour nous assurer une soirée sans inquiétude. Le pique-nique dans la roseraie était toujours aussi délicieux, plaisir de la découverte du contenu de notre petit panier, spécialités locales bien savoureuses et un petit rouge gouleyant pour accompagner le tout.

Le Manoir ayant fait l’objet d’un reportage au cours des Racines et des Ailes du mois de juillet, le personnel du château avait dressé, dans la plus pure tradition locale, un mai à l’équipe de tournage, mai qui flanquait la scène avec encore quelque prestance. Pour le concert étaient prévus 6 lieds de Berlioz, sur des poèmes de Théophile Gautier, nommés « les nuits d’été ». Entre ces pièces, chantées par un soprano et accompagnées au piano, Alain Carré lisait des lettres de Berlioz, au demeurant un peu atrabilaire et râlant à propos de tout, mais du coup pleines d’humour et de verdeur. Quelques pièces romantiques enfin, Chopin, Lizst ou Schumann, ponctuées de feux d’artifices et de jongleries multicolores. Au total, une programmation fort alléchante et une mise en scène bien réglée, qui nous promettait un spectacle original. Mais…

Malheureusement la musique de Berlioz est assez ennuyeuse, les textes de Gautier pas très affriolants, voire indigents, le Yamaha d’Eyrignac d’une qualité vraiment moyenne, surtout en extérieur. Nous étions du mauvais côté de la scène et n’avons qu’entrevu les jongleries, pourtant fort adroites. Et surtout, surtout, le micro de la soprano avait des ratés continuels et la prestation nous arrivait, semi amplifiée, semi au naturel. Alors que cette pauvre femme chantait avec beaucoup de sensibilité et de nuances, tous ses effets étaient irrémédiablement gâchés par les crachotements d’une technique défaillante. J’aurais volontiers tordu le cou au preneur de son, et ai beaucoup admiré le sourire héroïque de cette malheureuse Marie Devellerau, qui a vu tout son talent et son travail bousillés par un système acoustique déficient. Bref, malgré la joie que nous avions d’être dans ces lieux magiques pour un programme fort à propos, la soirée a été franchement sabordée d’un point de vue musical et c’était un peu frustrant ! 

Inutile de raconter en détail le week-end à la Tache, que j’illustre simplement par ma découverte du jour : le château de Fénelon, situé à moins de 5 kilomètres de chez votre grand-mère et que, pour les raisons que vous connaissez, je n’avais jamais même entrevu en 35 ans ! Belle demeure n’est-ce pas ? Sinon, votre grand-mère va plutôt mieux, nous revenons chargés de tonnes de légumes et d’œufs offerts par les gens qui l’entourent avec un dévouement et une gentillesse jamais pris en défaut. Donc, nous mangerons des œufs Marie, à toutes les sauces !!!

Au retour halte à Saint Amand de Coly où l’académie de musique ancienne d’été interprétait TheFairy Queen… mais Michel, déprimé au plus haut point par son week-end n’a pas voulu rester ! Il a usé d’arguments tous aussi fallacieux les uns que les autres, certains que la pudeur réprouve devant rester secrets, d’autres aussi incroyables que, je vous jure que c’est vrai « je vieillis, je n’ai plus envie de conduire de nuit » montrant à quel point il déparlait et combien son stress est grand quand il va à La Tache ! Et il a envie d'aller voir un Tchekov ! Incurable !!!