lundi 25 janvier 2010

LEGENDES DU TEMPS DE CEAUSESCU


Les contes de l'Age d'Or : un petit bijou dans la forme et sur le fond, à ne rater sous aucun prétexte s'il passe à portée de main ! Certes, le propos, qui raille les conséquences loufoques de la logique perverse d'une dictature terrifiante, a déjà été moultes fois traité par les rescapés de ces régimes dévastateurs. Ici, l'absurdité du système, les petits accommodements avec le quotidien, les déviances consenties et les petites joies d'un univers bouffé par des conditions de vie précaire et le carcan de Ceausescu sont évoqués au détour de "contes urbains", faits pour faire rire sans pour autant excuser le passé. Des tranches de vie de gens ordinaires, soumis à des pressions politiques absurdes et aux vexations inutiles de quelques tyraneaux de village nous racontent le communisme roumain, un peu sur le mode des comédies italiennes des années 60. Le réalisateur Cristian Mungiu explique :
"Nous, Roumains, considérons ces "légendes urbaines" comme des histoires vraies, transmises par le bouche-à-oreille. Elles étaient le sujet de conversation principal lors des longues queues dues au rationnement. L'humour a maintenu les Roumains en vie, et ce film tente de retrouver cet esprit. Le projet est de replonger avec une certaine nostalgie dans l'époque de notre adolescence, dans les années 80, à travers la musique, le langage, les objets et les stéréotypes de cette époque. Le film offre le portrait d'une nation qui tente de survivre au jour le jour face à la logique implacable d'une dictature, révélant au passage les aspects comiques d'un système politique qui se prend trop au sérieux."
Il développe comment il a souhaité que ce film décrive la réalité des situation jusqu'au plus petit détail :
"Le film se compose d'histoires reliées par l'ambiance de l'époque, et les détails historiques: la seule voiture que vous pouvez voir dans les rues est la version locale de la Renault 12, la Dacia ; il n'y a que deux heures de programme à la télé ; tout le monde vole dans les réserves de l'Etat ; la nourriture est plus importante que l'argent ; vous devez obéir au Parti, même si ses ordres sont parfaitement illogiques et farfelus. Tout le monde porte un masque de lassitude, et pourtant, au fond d'eux-mêmes, tous sont bien en vie, et cherchent à aimer et être aimés."
L'ensemble est joyeux, enlevé et traité avec un souffle délicieux. Quatre courts métrages bien équilibrés, des saynètes plus humaines que franchement méchantes, émouvantes parfois, simples sans tomber dans la caricature. La chute est toujours délicieuse, le rythme vif et pas geignard pour deux ronds. D'un point de vue technique, c'est parfois un peu artisanal, du moins cela en donne l'impression, mais sans que cela nuise réellement au propos. Il me semble qu'on ne peut qu'aimer ces petits contes réalistes et que si vous avez l'occasion de le voir, vous passerez un agréable moment.

11 commentaires:

  1. Quel talent...un vrai plaisir cette petite critique. Et puis, un peu de nostalgie pour les comédies italiennes des années cinquante...m'enfin, les roumains ont de qui tenir...Romania

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  2. Eh bien je vais peut-être reprendre enfin le chemin des salles obscures ,ces derniers temps il n'y avait pas grand chose qui m'inspirait.
    Il passe aux 7 Parnassiens!!
    Mais il y a dans Paris actuellement des affiches présentant des futurs films qui m'attirent
    Hier je suis allée voir Bright Star,c'est beau mais vraiment trop romantique pour moi

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  3. Bonsoir
    Je ne suis pas cinéphile mais ton exposé me donne envie d'aller m'enfermer dans une grande salle noire.
    Merci

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  4. Merci Moun, ton commentaire me va droit au coeur !!! tu as raison, dimanche nous sommes allés voir le film alors que brillait le premier et bref rayon de soleil de la journée, j'étais un peu triste mais c'était la seule séance possible ! je ne l'ai pas regretté
    Vive les 7 Parnassiens, on est sûr d'y trouver un film potable !!! bright Star, ouais... bof !!!! sûr que quand on n'a rien d'autre, comme nous, on fera avec quand ça passera... m'enfin...
    Merci Chic, tu es trop petit pour connaître la nostalgie des comédies italiennes des années 60... mais je te sens branché !!!

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  5. Quand j'ai lu le titre de ton article, je m'attendais à quelque chose de dramatique et, contrairement à toutes mes craintes, je termine ma lecture avec l'envie de voir ces contes que tu décris avec tant de légèreté et d'enthousiasme à la fois...
    Il va me falloir ouvrir un petit cahier cinéma que j'appellerai " Les carnets de Michelaise " et dans lequel je noterai toutes les bonnes références que tu sais si bien nous conseiller...

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  6. Il y a certes beaucoup d'enseignants d'histoire contemporaine (enfin disons surtout la fin du XXe siècle) qui souhaiteraient que tous leurs élèves puissent voir ces films pour mieux comprendre ce qu'était le communisme à cette époque dans ces démocraties dites populaires. Au fait Michelaise, sais-tu quelle est la différence entre le communisme et le capitalisme?
    Le communisme c'est l'exploitation de l'homme par....... l'homme. Le capitalisme, eh bien, c'est le contraire ;)

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  7. Merci O2 j'espère sur tu auras l'occasion de voir ce petit opus, fort bien enlevé au demeurant... c'est agréable le cinéma !!
    Esther, j'ai aimé ta blague, je dois même pouvoir la retenir !!

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  8. Encore une fois, c'est l'humour qui permet de (sur)vivre !? ça ne m'étonne pas...

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  9. Dans les cas des pays de l'Est, sûr qu'il leur en fallu une bonne dose pour surmonter l'absurde !

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  10. Lorsque j'ai vu la photo et surtout le nom de CEAUSESCU j'ai craint le pire. Je n'ai pas prévu d'aller voir ce film mais qui sait, s'il le passe dans les salles d'art et d'essais que je fréquente....

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  11. Je suis vraiment contente, car si Ceausescu a provoqué sans conteste une première réaction, normale, de rejet, peut-être que quelques uns d'entre vous iront voir ce petit film qui mérite de faire quelques entrées !

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