LA PART DU GATEAU

C'est un des dégâts collatéraux de la tempête... dérisoire certes mais aux implications pratiques évidentes. Le congélateur, comme le frigo et quelques autres appareils électriques ont été fusillés par les pannes de secteur et un congélateur, vous le savez, c'est toujours plein comme un oeuf. On essaie d'en sauver un peu en se bourrant les jours qui suivent de repas étranges, pas à proprement parler diététiques car il s'agit de consommer des mets accumulés pour diverses occasions ou achetés sur des coups de tête. Mercredi à midi, Alter était seul, et il n'a pas résisté à ce gâteau basque, que son régime lui interdit formellement, mais dont l'allure franchement sympathique lui faisait de l'oeil. Il l'a donc entamé et au dîner, m'a proposé de continuer allègrement ces entorses aux prescriptions de sa diététicienne. Et quand je me suis penchée sur le gâteau, mon coureau à la main, j'ai rugi... Avez-vous vu l'entame ??? Pas au centre ! Je sais, je sais, la majorité d'entre vous est pliée de rire, voire outrée de mes fantaisies géométriques, et vous plaignez forcément ce pauvre Alter d'avoir une épouse aussi maniaque. Vous remarquerez qu'avant de prendre la photo, afin de ne pas faire passer à la postérité une aussi barbare amorce, j'ai rectifié le tir !!! Ouf...

Pendant que je cherchais fébrilement mon appareil pour vous livrer le résultat de mon effort et le dénouement de mon intervention salvatrice, Alter riait comme un fou en me disant "Moi, ce que je ne supporte pas, ce sont les entames irrégulières du fromage".

Bien d'accord avec lui, un camembert coupé de travers, un brie dont on a tranché le nez, un parmiggiano sauvagement poignardé avec un couteau ou un vacherin traité comme un vulgaire coulommiers, voilà qui a de quoi vous gâcher une fin de repas, le vin fut-il astucieusement choisi ! L'art de couper le fromage est de ceux qu'il faut connaitre pour faire face à toutes les situations, et chez certains hôtes, elles sont parfois complexes. Car on choisit ses amis en fonction d'affinités électives diverses, mais quand vous rencontrez des gens qui aiment, dégustent et apprécient le fromage comme une des richesses de notre beau pays, au lait cru et venant de fermes traditionnelles, cela crée forcément des liens. Qui se concrétisent forcément autour d'un beau plateau, où ils ont à coeur de vous présenter quelques trouvailles que votre couteau ne sait pas par où attaquer ! Cela fournit, dans nos dîners en ville, d'un genre plutôt bon enfant, un parfait sujet de conversation entre poire et fromage, et on géométrise à qui mieux mieux, l'avis de tous est requis avant la première estocade !

Je vous offre simplement le schéma des spécialités locales, toutes tournées autour de la chèvre : la Charente-Martime n'a pas une gastronomie fromagère très marquée, et on y mange surtout les chèvres des Deux Sèvres, aux formes diverses ! Alter ayant décrété, je ne sais pour quelle obscure raison, qu'il n'aimait pas le fromage de chèvre, notre table quant à elle en contient rarement.

Et je me procure le plus rapidement possible le petit opus de Marco Parenti (il faut que ce soit un rital qui nous apprenne les bonnes moeurs : en cliquant sur la photo pour l'agrandir, savourez déjà la 4ème de couverture, vous verrez qu'il a tout compris cet homme là !), livre indispensable vous en conviendrez à toute bonne maison qui se respecte !