Le Centre d'Art Plastique de Royan peut s'enorgueillir d'avoir accueilli dans sa lumineuse salle d'exposition de la Galerie des Voûtes du Port, des artistes aussi célèbres que Chaissac (en 90), Lapicque (en 91 et en 98), Zao Wou-Ki (en 99), et même un hommage à Olivier Debré en 2000. Deux, voire trois expositions par an permettent d'y découvrir, d'y apprécier parfois des artistes contemporains que nous n'aurions guère l'occasion de "rencontrer" sinon. Jusqu'au 11 avril, la galerie abrite "Rumeurs végétales" une exposition consacrée au "potager philosophique" de Barbara Schröeder.
L'artiste, allemande installée à Bordeaux, cultive et récolte un bestiaire imaginaire qui se décline autour du thème ancestral de la fructification. Son travail dans la matière et la couleur se veut métamorphose, décryptage de la germination et quintessence de l'organique. Elle malaxe la couleur, la déterre, la transforme, les pigments sombres sont sa base privilégiée. Elle enrichit ses compositions d'oxydes de cuivre, de bronze, de zinc ou de laiton. De ci de là, elle illumine ses toiles d'une touche de blanc éclatant, qui les éclaire tout en les faisant vibrer. Son registre, plutôt orienté vers le figuratif, décline artichauts, grenades, poires, choux en tous genres, témoin de l'harmonie discrète qui relie l'homme à la terre, attirant notre attention sur des choses simples auxquelles elle donne une dimension presque monumentale. Elle excelle dans les polyptyques à x variables, de deux à 12, dont 9 en carré comme dans les "Champs froids" de 2009, qui sont en fait des pommes de terre !!
La Galerie du Port à Royan est un espace parfait pour mettre en valeur les oeuvres monumentales de Barbara Schröeder, il y règne une lumière et une paix très accueillantes qui exalte ces toiles sereines.
De Teuillac près de Bourg sur Gironde, où elle habite à peu de distance de l'estuaire, elle peint aussi la vigne qui l'environne et la façonne comme au gré d'un sulfatage intemporel.
J'avoue avoir eu un petit attendrissement pour ce "novyptyque" intitulé "Séraphins sur terre fertile", plein de charme et d'humour : l'oeuvre, qui date de 2001, n'est pas dans la veine actuelle, plus monumentale, mais elle mérite l'arrêt sur image !
Merci pour ce reportage. Le centre d'arts plastiques de Royan paraît en effet parfaitement adapté à la mise en valeur des oeuvres de Barbara Schröeder. Le sujet qu'elle aborde est bien dans la lignée écologique actuelle et c'est vrai que les rapports de l'homme et de la terre seraient à reconsidérer aujourd'hui, même si le "politiquement correct" du développement durable qui préside à tous les choix contemporains devient parfois un peu pesant bien que nécessaire. En tout cas, la maîtrise plastique de l'artiste est indiscutable.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne les pommes de terre, je pense aussi à Cueco et Giuseppe Penone, dans des registres différents.
Merci encore, Michelaise, et bon printemps!
Anne
Ce que tu nous montres, dans ton billet, de la "Galerie du Port" à Royan évoque pour moi un espace d'exposition comme je les aime, lumineux, sobre et chaleureux en même temps, avec du champ pour regarder les oeuvres.
RépondreSupprimerVraiment très beau !
Norma
J'aime beaucoup les mélanges peinture/collages en général. Un ami nous a fait une petite taupe avec cette « technique » (le sujet de la toile est bizarre mais c'est mon Dom qui s'attendrit devant ces petites bêtes là ! lol).
RépondreSupprimerMa préférence va aux toiles in blue présentes sur la première photo mais "les patates" m'inspire aussi!
RépondreSupprimerBon printemps Michelaise!
Surprise que Charlotte Laubard n'ait pas encore répertorié ce peintre.
RépondreSupprimerJe plaisante,mais tu connais mes goûts.
Très sérieusement par contre je suis surprise qu'elle ne tente pas l'oxyde de chrome.
Je connais ici un créateur qui utilise ce procédé,qui donne des effets extraordinaires
Le vert printanier du séraphin me touche beaucoup...merci pour cette présentation et belle semaine.
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