dimanche 28 mars 2010

SANS BAIGNOIRE


C'était la première fois que nous avions l'occasion de voir le "Voyage à Reims" de Rossini sur scène... Notre premier ratage datait du temps où nous allions à Pesaro... Nous nous étions ruinés pour entendre un Othello mythique, mis en scène par Pizzi, et qui réunissait Chris Merrit, June Anderson et Rockwell Blake...

C'était en 1988, les filles, nous étions partis en camping-car, et avions pris une chambre d'hôtel pour vous laisser en sécurité pendant que nous allions au théâtre, après vous avoir épuisées pour que vous dormiez assez tôt !! Pauvres enfants... Le drame qui nous a marqués à jamais est que ce jour-là Mandarine a perdu sa poupée Corolle dans le square de Pesaro et que nous avons tremblé qu'elle ne puisse pas s'endormir sans sa poupée fétiche !!! Or il fallait que vous dormiez avant que nous n'allions au spectacle, et l'angoisse était à son comble. Aucune poupée de rechange ne pouvait trouver grâce à tes yeux, Mandarine, et nous avons cru devoir renoncer à June Anderson !! Toujours est-il que c'est à cette occasion que nous avons découvert le Voyage à Reims, mais impossible d'aller le voir, nous étions déjà bien assez parents indignes comme cela !
La fois suivante, nous étions à Bruxelles, avec Koka que nous avions (encore !! mais elle avait 20 ans) lâchement abandonnée, et nous avons fait le pied de grue devant la Monnaie durant deux heures, abordant chaque spectateur, soudoyant ceux qui avaient l'air hésitants, tentant de circonvenir la caissière... rien n'y fit, nous n'arrivâmes ce soir-là à trouver qu'une place et dûmes de nouveau renoncer à Rossini.
Là, je m'y étais prise assez tôt pour récolter deux de ces places inconfortables qui font les beaux jours du Grand Théâtre de Bordeaux, et ce fut en nous tordant le dos et en nous dévissant le cou que nous avons pu suivre le spectacle. Le Voyage est sans doute un des livrets les plus indigents qui soient, encore qu'en la matière il en existe tellement que le cas est loin d'être rare, mais là, nul doute, l'histoire est nulle, le propos insipide et l'intrigue sans queue ni tête...
Cette pièce de circonstance a été créée en 1825 pour célébrer le couronnement du roi Charles X. Afin de souligner la portée européenne de l'épisode, Rossini fait se cotoyer des voyageurs de toutes nationalités, coincés dans un hôtel balnéaire en état de siège à cause de l'événement. L'oeuvre, malgré les superbes airs de bravoure qui en font le charme, a été abandonnée après sa 5ème représentation et il faudra attendre le milieu des années 80 (1984) et la "reconstruction" de la partition pour qu'elle soit reprise... à Pesaro justement.


La mise en scène de Bordeaux ne brillait ni par son originalité ni surtout par sa cohérence. Mais la faute en revient plus aux incohérences du livret qu'à la metteure en scène. Si les mouvements de masse étaient un peu pesants, tout à la joie d'entendre Rossini, on n'en avait cure. L'opéra est une succession réjouissante d'airs de bravoure, interprétés fort honorablement par une pléiade de chanteurs agiles et talentueux... Certes le chef Liciano Acocella devait souvent ralentir le tempo et l'orchestre de l'ONBA était parfois un peu à la limite de la virtuosité attendue. Aucun chanteur ne prenait vraiment le dessus et si tous étaient parfaitement à l'aise en duo, trio ou choeurs divers, les solos étaient en revanche un peu plus laborieux. L'oeuvre est difficile mais les voix se mettent en valeur les unes les autres, et notre soirée a été vraiment agréable. Même si la dernière demie-heure de l'Opéra est, pour finir, un insupportable passage de brosse à reluire à la gloire de Charles X, il y a vraiment des airs jubilatoires, des envolées réjouissantes et des moments enthousiasmants.

9 commentaires:

  1. Qu'est ce donc que ces parents indignes!!
    Je connais très peu cet opéra de Rossini,qui est son dernier je crois.
    Lors de mon prochain séjour Vosgien j'irai à Plombières voir si L'Auberge du Lys d'Or existe!!!!!
    Connais tu Oratorios pour le couronnement de Charles X de Lesueur?
    J'aime bien.
    Très jolies photos bordelaises

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  2. Ah oui alors Aloïs, j'avoue que cela m'intrigue...
    Oratorio de Lesueur, oups... que nenni !!! pourquoi pas finalement, faut pas être sectaire !!
    Le Grand Théâtre est toujours photogénique pas vrai ?

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  3. Je le cherche dans mes piles,le grave et te l'envoie.
    Dans un tout autre contexte le requiem de Von Suppe tu connais?
    Même punition!!!

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  4. Aloïs, comment t'avouer une telle ignorance, Von Suppe, pas plus connu au bataillon... mais tu as déjà tellement à faire, voilà que tu veux faire mon éducation musicale... tu es ADORABLE !!!

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  5. Je n'ai jamais entendu parler de cette pièce-là !

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  6. Ici, on parle opéra, c'est bien j'adore mais je ne connais pas celui-là, de Rossini (il y en a tellement!)par contre j'étais allée voir "l'italienne à Alger" au théâtre de Caen,en 2008, qui n'est pas celui de Bordeaux, si majestueux.
    Bordeaux est une belle ville et son théâtre est un véritable écrin pour l'opéra!
    Bon, pour la farandole des bibliothèques je vous suis les filles!!!!!!!!
    A bientôt

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  7. Moi aussi j'aime beaucoup cet opéra de Rossini que je trouve profondément jubilatoire, mais c'est un opéra inchantable! Pour l'interpréter, il ne faut pas des lapins de trois semaines, mais des chanteurs et des chanteuses confirmés, ayant roulé leur bosse pendant des dizaines d'années, que de pareilles roulades n'effraient pas. D'ailleurs, je ne sais pas si tu le sais, mais si tu aimes la musique du Voyage à Reims et un peu moins le livret, je te conseille Le Comte Ory qui est une resucée du Voyage à Reims : même musique, mais paroles différentes, un peu plus drôles, mais tartes quand même (on n'est pas dans Monteverdi, la quintessence de l'opéra pour moi : livret parfait, musique sublime). Ce Comte Ory est l'avant dernier opéra de Rossini, le dernier étant Guillaume Tell, après quoi Rossini en ayant eu marre (il avait 37 ans, comme moi!), il a décidé de prendre sa retraite!!!
    Amusant en tout cas ce périple Pesaro, Bruxelles, Bordeaux, avec les filles dans les pattes. Moi je rêve d'aller à Pesaro, mais Pierre (qui déteste Rossini) ne veut pas! Ce sera Urbino à la place... A bientôt, je commente demain ton autre billet !

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  8. Alors JM je dois t'avouer que, toute férue de Rossini que je sois, je ne connais pas le conte Ory... faut que je m'y mette tout de même ! Pesaro, peut-être pas, mais Macerata, Torre del Lago, Vérone, voilà quelques scènes qui méritent le détour... Quant à Urbino, surtout ne retarde pas la joie de Pierre, elle sera aussi la tienne, un endroit parfait.
    Et puis n'oubliez pas un petit tour à Bordeaux, c'est facile et tellement beau !
    Enitram est de mon avis, pas vrai !

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  9. Vérone, nous connaissons et nous adorons, c'est d'ailleurs un des 50 articles que j'ai laissés sur mon blog (en mai). J'avais adoré! Bordeaux, nous connaissons aussi, mais le dernier voyage remonte à 2001... Les quais ont dû bien changer, hein? En tout cas, c'est à Bordeaux que j'ai découvert les fritons et ça, je ne suis pas prêt de l'oublier!!!

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