jeudi 15 avril 2010

EXPRESS COTIER - 2 -


On se réveille tôt sur un bac ! Les annonces par micro, destinées à ceux qui descendent dès potron minet pour aller travailler, et diffusées sur l’ensemble du navire pour rappeler aussi les excursions du jour, la prochaine halte et différentes instructions pour la journée commencent dès 8h ! Bon gré, mal gré, il faut donc sortir de sa couette et vaquer aux occupations du matin. Le premier arrêt était pour Torvik, et durait 10 mn, le temps de débarquer quelques voitures et deux ou trois voyageurs. Cela nous a juste permis de parcourir le port, ses cordages et ses ballots de filets made in China ou made in Hong Kong. Les montagnes de faible hauteur qui entourent le lieu portent encore quelques traces de neige, le printemps est tardif ici comme chez nous.

Vers midi nous avons accosté à Alesund. La ville, installée autour d’un large bassin aux eaux sombres, présente la particularité fort élégante d’être, du moins pour le quartier du port, entièrement art nouveau. Dévastée en 1904 par un incendie aussi destructeur que celui de Bergen, elle fut l’objet de tous les soins d’une opinion européenne plus sujette à se mobiliser et à s’émouvoir qu’au XVIIIème siècle et fut donc reconstruite en dur grâce aux subsides généreux de ses proches voisins. Les constructions, édifiées par les architectes en vogue en ce début de XXème siècle la dotèrent d’un urbanisme marquée par les tendances de l’époque.

Un Art Nouveau sobre et plutôt sévère, les principaux pourvoyeurs de fonds étant les allemands qui ne fleurissaient pas excessivement leurs façades. Les décors sont souvent un plagiat d’art classique, colonnes, pilastres cannelés et frontons triomphants. On trouve quand même quelques bâtisses plus audacieuses, et plus proches de « notre » art 1900. La ville, aussi calme et endormie que Bergen, a beaucoup de charme d’autant que nous y avons bénéficié d’un rayon de soleil particulièrement flatteur. Partout des statues à la mémoire de grands hommes locaux, en hommage aux norvégiens victimes de la grande fuite devant le péril nazi en 1940 et partis par vaisseaux entiers se réfugier en Ecosse ou en Islande, ou anecdotiques, simplement à la gloire des humbles, pêcheur, enfant jouant avec une balle, commerçant vendeur de morues. Les eaux noires du port, les reflets féeriques du soleil sur les toits et les vagues, l’impression de sérénité de ce quartier assoupi, tout cela a fait de cette halte un moment délicieux et plaisant.

L’escale suivante ne mérite guère son nom de cité des roses en cette saison. Etagée de part et d’autre du fjord de Romsdal, largement ouvert vers le large, Molde fut entièrement rasée par les bombardements allemands en 1940. Le roi y avait trouvé refuge et c’est cette circonstance qui valut à la ville son sort malheureux. Après la guerre, la Norvège était le pays le plus pauvre d’Europe et Molde fut plus ou moins laissée en l’état. Un des plus anciens bâtiments porte la date de 1948, preuve que la reconstruction commença lentement. Plus tard, l’économie norvégienne fut révolutionnée par la découverte des gisements pétroliers de la Mer du Nord, gisements dont une gestion intelligente et durable permet au pays d’être maintenant le plus riche d’Europe. C’est de cette époque que date le début de la reconstruction véritable de Molde, ville moderne et prospère, dont les curiosités sont des édifices contemporains aux formes parfois hardies.

Plus loin, notre navire longe la spectaculaire route de l’Atlantique. Au fond des sommets enneigés auxquels le soleil déclinant donnera tout à l’heure des teintes précieuses et raffinées. Plus près, sur un piquetis d’îles à l’herbe jaunâtre, des maisons rouges, vertes, jaunes, aux volets blancs et aux allures de résidences secondaires. La région sert de base de voile, courue par les norvégiens dès que commence le très court été.

La dernière ville de notre deuxième journée de navigation est Kristansund, bâtie en amphithéâtre sur les collines dévalant vers le port. Nous ne verrons pas les jolies maisons en bois dont certaines datent du 17ème, l’escale est courte, moins d'un quart d'heure, et tardive et il fait vraiment froid à 23h, assez pour nous ôter l’envie d’une promenade nocturne.

8 commentaires:

  1. J'ai pris l'express cotier en route mais je vous suis maintenant de près !!!!
    Découverte totale de la Norvège!
    Bonne soirée

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  2. Grandiose ! vraiment magnifiques ces photos. Un plaisir :) Bisou

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  3. Une balade très instructive. Je découvre la Norvège avec tes yeux Michelaise et j'apprécie d'en savoir davantage, d'autant plus que ma maigre culture ne me donnait comme image de la Norvège que ma pommade pour les mains et mon tube de baume à lèvres Neutrogena. Oui, je sais c'est un peu réducteur... ;-)))
    Mais depuis 2 jours, grâce à toi, je progresse... :-)

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  4. Merci Chic, Merci Oxy, Merci Enitram... j'espère vous donner tous envie d'y aller un jour... photos de Michelaise et Alter en folie, le doigt rivé sur le déclencheur de leurs appareils respectifs (Alter a un équipement top niveau, moi, j'ai un Sony qui se déclenche tout seul quand le sujet sourit, mais les montagnes ne sourient pas alors il fallait appuyer !)

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  5. Eh bien ! Est-ce que toutes les villes norvégiennes ont eu droit à une destruction par le feu des flammes ou des bombes ?

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  6. C'est certain tu nous donnes l'envie d'y aller un jour.
    Effectivement leur Art Nouveau est assez austère.
    Je suis votre périple avec la carte de cette "croisière" ouverte dans une autre fenêtre.
    Donc si je ne me trompe pas nous allons arriver à Trondheim.
    Je ne sais pourquoi ce nom est mythique pour moi.
    Peut-être parce que mon père m'avait rapporté un bonnet de cet endroit

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  7. Oui Astheval, un vrai pilonage en règle quand ils se sont retirés, ils ont tout détruit et tout brûlé et tout bombardé sur leur passage... c'est impressionnant... on se demande comment se sentent les touristes allemands, forts nombreux sur cette destination ?

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  8. Un bonnet de Trondheim... je comprends que ce soit mythique, c'est fou ce que les cadeaux de nos papas nous ont marquées... ils n'en étaient peut-être pas aussi coutumiers que nos mamans, d'où ces souvenirs marquants ! enfin c'est ça, bravo Françoise, étape 3 Trondheim...

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