Avec la (re)découverte de la musique slave, il nous fallait ce week-end perdre un autre préjugé : celui de la prééminence implacable de l’Italie en matière picturale, et, en corollaire, de l’insignifiance relative de la peinture espagnole. Faut dire que, dans les musées importants, nous avons toujours tendance à presser le pas dans les salles hispaniques, préférant conserver notre enthousiasme et nos capacités d’émerveillement pour tout ce qui nous vient de la botte ancestrale. C’est dur et exigeant de visiter un musée, quelque soit la passion qu’on éprouve pour la chose artistique, et il faut se ménager, sous peine d’indigestion visuelle et mentale.
Mais il faut bien admettre que l’exposition de Jacquemart-André, du Greco à Dali, rend justice à la peinture espagnole et permet, à travers une cinquantaine de toiles de très haute qualité, d’en apprécier les richesses et les secrets. Choisis parmi les 5000 toiles d’une collection sans doute époustouflante, si l’on en juge par la variété de cet échantillon dévoilé, les tableaux vont du 16ème au 20ème, et sont classés par thème, offrant un parcours de découverte passionnant et judicieux. Ainsi de Murillo côtoient des Dali, des Ribera voisinent avec des Goya sans qu’il soit choquant de voir se mélanger les époques. L’idée est, bien sûr, de faire chanter l’âme espagnole et d’en décliner tous les talents, aussi complexes et différents soient-ils. On y admire une miniature du Greco, exercice rare et réussi de ce maître du grand format, un Goya de jeunesse peu racoleur mais déjà plein d’une intelligence parfaite de mise en scène du modèle, des Ribera intenses et d’une pâte somptueuse, de superbes Dali, dont une Ascension saisissante que Pérez Simon a eu grand mal à prêter : elle est suspendue dans sa chambre face à son lit et il n’avait guère envie de s’en séparer, fut-ce le temps d’une exposition. On y découvre et apprécie les luministes espagnols du milieu du 19ème siècle, dont Sorolla est sans doute le représentant le plus talentueux.
Willy Ronis, une poétique de l'engagement... Notre autre exposition du week-end, il faut bien se « culturer » quand on « monte » à Paris, était plus une civilité qu’une découverte : nous sommes allés « visiter » comme on visite un cousin cher mais lointain, les photos de Willy Ronis à la Monnaie de Paris, histoire de profiter un peu mieux qu’en format librairie, des tirages plein de verve de ce photographe décédé il y a peu. Je lui avais rendu hommage par un billet attristé, quand il nous a quittés, et nous avons été heureux de suivre sa carrière et ses voyages, au travers des nombreux clichés qui émaillent cette manifestation. Elle se termine par une photo émouvante d’Anne Marie, sa femme au pichet de Provence qui a fait la célébrité de l’artiste, prise peu avant la mort de cette dernière, minuscule silhouette voutée assise sous des arbres touffus.
L'expo Willy Ronis m'a enthousiasmée.
RépondreSupprimerPar contre je ne suis pas allée à Jacquemart,trop de monde,les salles sont minuscules et chaque fois c'est la croix et la bannière pour apercevoir une toile
Je vais tenter ma chance un lundi en nocturne.
Alors là, je ne sais absolument pas ce qu'il s'est passé, mais samedi, non contents de ne pas faire la queue, nous avons visité dans des conditions plus que convenables, presque à l'aise ! un samedi de surcroit, froid et pluvieux en prime, cela tenait du miracle. On y est allé entre midi et deux ! ROnis par contre, quelle presse...
RépondreSupprimerDeux belles expos, ça a dû être pleins de découvertes tant pour Ronis que pour la peinture espagnol. J'aurais aimé visiter, je vais déjà m'inspirer de ton article pour aller butiner d'autres infos sur ces gens passionnants. En peinture espagnol, j'ai un petit faible pour les natures mortes, plutôt que les personnages religieux, de Zurbaran. J'aime bien ton expression "se culturer" !
RépondreSupprimerJ'ai, moi ausi, une attirance pour la peinture italienne, et pourtant, j'aurais aimé visiter cette expo "du Greco à Dali", ne serait-ce que pour les Sorella.
RépondreSupprimerIl y a peu de temps que j'apprécie Sorella et les luministes, mais j'avoue qu'ils me fascinent de plus en plus...
J'ai oublié de dire que Mandarine était très jolie et semble beaucoup ressembler à sa maman
RépondreSupprimerMichelaise il me semble qu´il va falloir que tu viennes à Madrid.
RépondreSupprimerC´est avec plaisir que nous pourrions nous rencontrer et aller nous perdre au Musée du Prado.
Vraiment, avec plaisir.
Jose de Ribera fut pour moi une révélation en arrivant en Espagne.
Le Prado en possède quelques-uns et puis... et puis...
J´ai justement un billet en attente sur Jose de Ribera.
Bonne semaine
Alba je suis très sensible à ton invitation et si un jour je parviens à surmonter tous mes a priori contre l'espagne, et qu'enfin je me rends à Madrid, je te fais signe. Il ne faut pas m'en vouloir mais l'Italie vibre au fond de moi comme une patrie enfuie (mes grands parents) et comme une culture viscérale, au sens fort du terme.
RépondreSupprimerAloïs, je n'ai jamais su si cette fatalité pesait ou ne pesait pas à Mandarine... il est plus que d'usage d'admettre qu'elle me ressemble très beaucoup !!! Pour autant elle est belle ma fille, tant pis pour la ressemblance !
Oui Norma, je partage ta fascination et cette exposition est un excellent parcours découverte, intelligent, limité à 50 toiles, on n'est pas menacé de saturation, et passionnant. A voir si l'on passe par Paris, je crois.
Artémise, deux expos seulement, mais finalement largement de quoi faire des découvertes, prendre le temps d'apprécier et "s'en mettre plein des mirettes" !
Norma, je crois qu'on peut, même en approfondissant et en appréciant mieux la peinture italienne, que, du moins pour les primitifs et aussi à la Renaissance, la peinture italienne est vraiment au summum de l'art pictural. Il est intéressant de reconnaitre que cette suprématis est loin d'être constante dans le temps et qu'à certaines époques, d'autres pays la dépassent ! par exemple au début du 20ème c'est paris qui tient le haut du pavé ! Disons que la peinture italienne du 13ème au 16ème siècle reste le socle, la base... concurrencée sérieusement dès le 15ème par celle des Pays Bas. Les liens avec Venise y sont pour quelque chose !!
RépondreSupprimerArtémise, j'ai découvert Zurbaran à 15 ans, une époque un peu exaltée, et j'ai adoré son Saint François, mais j'avoue que cette passion s'est atténuée, comme les exaltations de l'adolescence !!!!
Italia, Espana, Francia....de l'art au maître voire au kilomaître :)) bon, la petite Mandarine quant à elle est à "croquer" et a l'air d'avoir la pêche !.....(oui je sais)
RépondreSupprimerChic tu fais fort ce soir !!! dans le style "salade de fruits jolie jolie jolie" !
RépondreSupprimerOui...ze sais
RépondreSupprimerCénographe de musée, que ce métier doit être passionnant. J'ai découvert ce musée grâce à une expo de masques chinois. J'aime aussi beaucoup son histoire : la bergère qui épouse un *prince*. Ils ont voyager en Asie, à une époque où les voyages n'étaient pas si facile.
RépondreSupprimerMusée exceptionnel par le choix de ses expositions.Et la salle à manger... ancienne salle à manger des maîtres de maison. avec sa peinture au plafond... ouverte au public. Salade *chinoise* délicieuse.
Quel menu pour accompagner l'expo actuelle ?
Ah oui, Béatrice, le salon de thé du musée Jacquemart André, avec ses fresques de Tiepolo et ses tapisseries est un endroit de rêve... j'aime beaucoup y déjeuner quand nous y allons, cela fait partie du plaisir de la visite... quant à l'histoire de la bergère qui a épousé un prince, elle est en effet magique ! ce qu'ils ont laissé à notre contemplation est de belle qualité, et on leur rend hommage chaque fois qu'on y passe !
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