dimanche 11 juillet 2010

AVIGNON, NOUS VOILA !!!

Le Festival du Off à Avignon, cela doit être la 13 ou 14ème fois que nous y venons. Nous y avons pratiqué toutes sortes de logements, du camping de l'île de la Bartelasse au Mercure de la place du palais des papes, en passant par les petits hôtels de périphérie, les locations et, depuis l'an dernier, les chambres d'hôtes. Dans tous les cas, il faut réserver un an à l'avance, pour être certains d'y avoir de la place.

Nous avons essayé la 3ème semaine, pour mieux profiter de l'expérience des autres, mais avons vite abandonné cette solution car les critiques files d'attente correspondent rarement à nos goûts, et nous avons subi ainsi quelques pensums assez affligeants. Nous avons fini par préférer les tous premiers jours, les pièces en rodage, la tranquillité relative des salles de spectacle et la découverte par nos propres intuitions des pièces "à voir". Avignon, c'est notre cure de théâtre de l'année, c'est notre évasion littéraire et imaginaire, regroupée sur 5 ou 6 jours, avec la complicité active et toujours enthousiaste de Koka.

Que mes lecteurs me pardonnent, mais durant les jours à venir, cela ne va être que critiques et impressions, j'aime bien noter au jour le jour ces moments et j'en fais au retour un livre, enrichi des clichés glanés au hasard des intervalles, livre qui constitue la mémoire de "notre" Avignon. Et qui permet, l'année suivante, d'éviter certaines salles ou certaines troupes, ou au contraire d'aller revoir ceux que l'on avait aimé.

Après un voyage agréable mais assorti d'une grosse lassitude due à la fatigue accumulée après une semaine éprouvante, Alter a préféré s'offrir au plus chaud de l'après-midi une sieste réparatrice pour mieux profiter de sa soirée. Je suis donc partie, décidée à voir la éniéme "Chute" de ma carrière de spectateur. Passant devant Isle 80, une minuscule salle à la jauge de 49 places, j'avisais une affiche alléchante :

une adaptation des derniers cours de Michel Foucault au Collège de France. Ces leçons, prononcées en février mars 1984 traitent de la difficulté de définir la notion de vérité, et du courage de celui qui prononce cette dernière, sans négliger celui de celui qui l'écoute. Il y est question du sage qui, dit Foucault, est "structurellement silencieux", du prophète, celui qui cherche à dire vrai, et du professeur, le technicien de la vérité. On y parle du discours démocratique et de sa difficulté à fair place au dire-vrai, de son impuissance avérée face à la vérité. L'art enfin, face à cette notion, est "de l'ordre du démasquage, de la mise à nu, de l'excavation, voire du décapage". L'idée est de s'interroger sur la place du technicien dans la production de la vérité et des actes par lesquels elle se manifeste (le professeur selon Foucault, l'artiste selon les auteurs du projet) en lisant, disant, l'affaire n'est pas très claire, ces textes. L'acteur, Michel Richard, est sans doute bon, mais le spectacle donnait l'impression de ne pas être au point, il lisait en achoppant souvent sur les mots, devait trop se référer à son texte imprimé, et la mise en scène était un peu lourde et affectée. Insistant trop sur les tics supposé de Foucault, jouant sur le registre manies de profs ou de philosophe avec un certain chiqué. J'avoue n'avoir pas trop adhéré à cette prestation, dont il semblait de bon ton de sortir exalté, c'est souvent le cas avec des textes supposés difficiles (je crains que la pensée de Foucault n'ait été quelque peu tronquée et simplifiée à outrance), qui vous rendent d'autant plus intelligents que vous les avez peu compris !

Le spectacle est l'adaptation des derniers cours de Michel Foucault au Collège de France en 1984 : "LE COURAGE DE LA VERITE". A partir des questionnements, pistes ouvertes par le philosophe, il interroge la place de l'artiste et du théâtre dans la société. Mais un acteur dit-il le vrai ?
Le dirait-il ? Que dirait-il ? Qu'entendrait le public ? D'ailleurs que pouvons-nous encore entendre aujourd'hui dans nos sociétés démocratiques, dans nos cités "toutes bariolées, toutes dispersées entre des intérêts différents, des passions différentes, des individus qui ne s'entendent pas et où l'acte de dire vrai se transforme en une pratique du dire n'importe quoi".


Le Kronope s'empare de l’histoire d'Urbain Grandier, prêtre, homme politique, mi Don Juan, mi philosophe des Lumières avant l'heure, et des Possédées de Loudun.

En contrepoint, des bouffons, des bateleurs, qui du haut de leurs tréteaux, se moquent, s'amusent, dénoncent les mascarades et les manipulations du pouvoir et de la religion.
Lorsque l'histoire, rejoint la modernité, alors se pose la question de l'universalité des acteurs de ce drame confrontés à leurs doutes, leurs rêves, leur humanité.

Pour la pièce suivante, nous avions tous rendez-vous (Koka est là) au Frabrik théâtre, ce lieu hors les murs fort accueillant où l'on mange sénégalais et l'on voit de bonnes productions. Ayant apprécié le théâtre du Prokope l'an dernier dans la Tempête et l'Oiseau Bleu l'an dernier, nous y sommes allés sur la foi de la troupe plus que sur le thème de la pièce : Les Possédées de Loudun ne nous passionne guère et les aventures d'Urbain Grandier n'ont rien de particulièrement attirant. Côté spectacle, la troupe est toujours au niveau, imaginative et foisonnante, même si Alter a trouvé le dispositif scénique un peu lourd, j'ai personnellement aimé la mise en scène, les jeux de lumière, l'inventivité des costumes, la rechercher du merveilleux, et tout ce qui faisait spectacle. Par contre, je dois bien admettre avec ma tendre moitié que le texte était prétentieux, et terriblement préchi-précha. Les thèmes abordés étaient anachroniques. C'était lourd, sans poésie, ennuyeux à l'extrême. Faire d'Urbain Grandier à la fois un philosophe des Lumières doublé d'un héros romantique et d'un chantre de la démocratie, un peu anar sur les bord, était largement fouillis. Entre le super gentil et les supers méchants, la sauce ne prenait guère et le texte répétitif finissait par arracher des baillements. Dès lors, la magie du spectacle qui est le "fonds de commerce" du Prokope, n'opérait pluss. Un spectacle tué par son texte (écrit par une certaine Joëlle Richetta).
Pour finir la soirée, changement de ton et de ryhtme :




Faenza - Marco Horvat Deux virtuoses aux parcours atypiques nous invitent à (re)découvrir l’univers musical et poétique baroque au cours d’une soirée conviviale au sein de laquelle une place centrale est dévolue au verbe, qu’il soit chanté ou parlé. La générosité de leur jeu au service d’un répertoire original et quelques clins d’œil d’un siècle à l’autre nous dévoilent, au cours d’un programme réinventé chaque soir avec la complicité du public, la singulière modernité de textes et de musiques qui exaltent depuis des siècles l’amour, la colère, la mélancolie ou la joie.
 
Ce sera sans doute pour nous l'un des spectacles phare de cette saison. Au centre d'une scène, une table couverte de jeux, de verres et de différents ustensiles. Sur les bords, des luths, théorbe, viole, violon, guitare attendent. Les sièges pour les spectateurs sont installés autour et l'on prend place au plus près. Après une brève introduction musicale, Marco Horvat et Bruno Helstroffer nous expliquent les règles du jeu : ils vont nous faire découvrir le répertoire Renaissance de la musique de cour ou de salon, à la guitare, au luth et autres instruments à cordes, mais s'en remettent au hasard pour composer le programme de la soirée. Les spectateurs viendront tirer des cartes dans un jeu de tarot (une copie de celui des Sforza) et selon les arcances tirées, les interprètes choisiront dans le répertoire ancien des airs, des chants, des textes les illustrant au mieux. Cela donne à ce concert "savant" un petit air joyeux et spontané qui ravit le public, détend l'atmosphère et rend l'ambiance délicieuse. La musique est raffinée, joyeuse et enlevée, les artistes sont de vrais virtuoses, et l'on va de plaisir en plaisir. Les airs sont sophistiqués, les paroles poétiques, parfois coquines, un spectacle à voir et à recommander absolument.

                              
 Première nuit avignonaise, chaude, lourde mais calme encore !

7 commentaires:

  1. Merci à toi Michelaise de nous faire partager "ton" Avignon. C'est toujours un plaisir de vivre avec toi les différents spectacles auxquels tu assistes. Je vous souhaite à tous (toi, Alter et Koka) un très bon séjour peuplé de bonnes surprises théâtrales que tu nous raconteras ensuite :-)

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  2. Je te suis, ravie de tes commentaires en Avigon.

    Belle journée

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  3. Merci pour ces commentaires vous m'avez donné envie d'aller voir ces musiciens d'autant que j'adore la musique baroque. Bon festival.
    Marisol

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  4. Je regarderai avec attention tes critiques puisque nous irons peut-être y passer une journée... puisque cela se termine le 27 juillet. Et si tu repères des spectacles pour enfants sympas, je suis preneuse :) Biz à tous les 4 (et dis à LN que j'arrose très conscieusement les plantes !)

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  5. Michelaise, aurais tu par hasard récupéré de la doc sur "le salon de musique" que je découvre grâce à ta présentation ? Je viens d'aller sur leur site et cela pourrait faire un article pour un prochain n° dans
    mon petit journal...si j'arrive à les joindre.

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  6. Mandarine, je te ferai une liste de suggestions de pièces pour enfants !
    Martine, je vais passer ce soir ou demain pour essayer de récupérer leur dossier de presse. Ils sont vraiment géniaux et font adorer cette musique de cour pas si évidente que cela à apprécier ! Oui Marisol, s'ils passent par chez toi, il ne faut pas les rater ces baroqueux là !
    Merci Oxy, je suis toute contente de te retrouver, tu es donc rentrée de Corse, mais j'avoue que, prise par le Festival, accablée par la chaleur et voulant, pour les troupes dont j'aime parler, publier le plus vite possible, je n'arrive pas à suivre "mes" blogs, mais je me rattrappe au retour !
    Alba, Avignon c'est spécial mais cela vaut le détour si on aime le théâtre ! Merci à toi d'aimer

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  7. Le dernier spectacle semble bien sympathique avec tous ces instruments de musique. Faire participer ainsi le public doit donner une réelle dynamique à la soirée.

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