jeudi 15 juillet 2010

RIEN QUE DU CLASSIQUE EN AVIGNON


Werner von Ebrennac, officier allemand réquisitionne une chambre dans une maison de la France profonde occupée. Par patriotisme, la nièce et son oncle, vivant dans cette maison, témoigne de leur intransigeance et de leur détermination grâce à un silence farouche, signe d'une forme de Résistance à l'envahisseur. Malgré le silence obstiné de la nièce, on comprend très vite par les gestes de celle-ci l'amour naissant pour Werner, amour qui s'épanouit au fil des visites. Mais cet amour restera à jamais inassouvi, parce que dramatiquement impossible.

Un beau texte qui nous rappelle ce temps étrange de notre jeunesse où les allemands que nous croisions, amoureux de la France et de l'esprit français, se confondaient en remords et en excuses, en désespoir et honte mêlée à propos des atrocités commises par leurs pères. Un beau texte interprété avec sensibilité et justesse par un comédien dont le seul défaut était sans doute qu'il fût obligé de s'infliger un accent allemand qui parfois le lachait ! Une pièce bien menée, à la mise en scène classique mais très respectueuse des silences et des sentiments des protagonistes.


Le riche vénitien Volpone, aidé de son valet Mosca, feint le trépas pour démasquer ceux qui n’en voudraient qu’à son héritage… L’intrigue est lancée! S’ensuit un ballet de dupes et dupés, aveuglés par la cupidité, qu’orchestrent avec malice le vieux Renard et sa fine Mouche.
C’est avec audace que la Cie revisite ce classique du théâtre élisabéthain(1605). Les personnages valsent au rythme d’une mise en scène enlevée, toute de noir et blanc, qui donne à ce Volpone un ton résolument contemporain.
Une cynique fourberie à la gaité communicative à ne pas manquer!

S'il n'y avait eu devant moi un grand enfant de 65 ans qui se gondolait grassement à chaque facétie des acteurs et s'amusait tellement du jeu de l'un d'eux qu'il reproduisait, en l'apercevant ses mimiques en riant à l'avance, je n'aurais peut-être pas compris qu'il s'agissait d'une pièce comique. Je plaisante bien sûr, mais Ben Jonson est cruel et sa satyre animalière des travers humains est toujours aussi désespérante. Le renard, la mouche, le corbeau et le vautour sont autant de piètres représentants de la nature cupide et rapace de l'homme. Volpone est bien une farce. Mais une farce sur le pouvoir de l'argent auquel, pour l'obtenir, les hommes sont prêts à tout sacrifier : leur or, leur honneur, leur femme... Interprétée en commedia dell'arte, de façon fort classique, la pièce était enlevée, franchement joyeuse, et, de fait, terriblement sinistre. Une fort belle prestation qui jouait sur le noir et le blanc avec beaucoup de finesse.


Il s’agit d’un voyage, d’une expédition vers le côté inconnu de nous-mêmes où le rêve devient plus réel que la réalité. Tandis qu’une Femme et un Homme dialoguent au milieu de nulle part et tentent de comprendre leurs sensations et le Réel, un Prince se meurt et invite à ne pas oublier de rêver. Dans cet univers étrangement blanc, l’énigmatique Salomé danse autour de la tête d’un prophète. Tout à coup, sous les mots et les doigts de Pessoa, le monde bascule…Quiconque s’y aventure devient archéologue des sensations.

Je vais ici citer José Corti qu'Aloïs ne me reprochera pas de piller pour parler au mieux de Pessoa :
Cet ensemble de textes dramatiques de Fernando Pessoa est constitué essentiellement par les fragments de trois pièces restées inachevées : Dialogue dans le jardin du Palais, Mort du Prince et Salomé. Trois textes mis en scène avec beaucoup d'esprit par une jeune troupe, qui lui a offert une mise en scène que j'ai beaucoup aimée. Elle avait le mérite de rendre le texte, lisible, presque limpide. Leur jeu était parfois un peu maladroit, mais Salomé était non seulement fort belle, fort présente sur scène, mais aussi tout à fait dans le ton. Le théâtre de Personne sert ainsi très honorablement celui dont il se réclame !


Ils sont trois. Ils sont jeunes. Et l’un aime l’autre qui en aime un autre.
Cœlio, Octave et Marianne vont se retrouver dans la spirale du désir. Mais ils ont juré fidélité. Marianne à son mari et Octave à son ami. Tout pourrait s’arrêter là mais ce n’est sans compter sur la bêtise du mari jaloux...
Dans une atmosphère de lap dance et de crime organisé, comment le désir de ces jeunes gens va-t-il s’épanouir ?
"Intelligente adaptation, condensée, efficace, le texte explose ici de manière éclatante !" L'orchestre
"De facture très contemporaine, avec des ambiances visuelles et sonores incroyables" L'indépendant
"Marion Donon relève avec talent le défi de mettre en scène et d’interpréter le rôle-titre dans ce texte visionnaire" Paris Plurielle

Le challenge pouvait paraître osé, mettre Musset en scène à la sauce "lap dance" et l'assaisonner avec des relents de deal et de canabis mal dissimulés, mais franchement c'est une parfaite réussite. J'avoue que j'ignorais totalement avant d'y aller ce qu'est le lap dance, mais Koka, vous vous en doutez, a écairé ma lanterne. La troupe respecte parfaitement le verbe et Musset ne souffre nullement de cet habillage moderne. Les acteurs sont parfaits, particulièrement Octave, juste, précis, clair et vif. L'idée des vidéos qui suggèrent le mari, particulièrement celle qui est projetée sur les bouteilles de l'ivrogne de service, sont particulièrement bienvenues. Elles donnent une place à part à ce protagoniste par la rigidité duquel tout le malheur arrive. Tout est bien pensé, la musique, efficace, sait se faire discrète. Une pièce qui vaut le détour, même si la Frabik'Théâtre est abominablement loin sous le soleil !

4 commentaires:

  1. Rien que du classique??? Mais quel classique remis au goût du jour et de belle manière, à voir tes photos et commentaires, je note, je note! Dommage qu'Avignon soit loin mais peut-être l'année prochaine....
    Merci Michelaise pour ces reportages si bien vécus et détaillés!
    Bonne continuation, du rythme, du rythme!!!

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  2. Je ne sais pas comment tu fais pour ingurgiter autant de pièces.
    José Corti à mon avis s'il te voit de là où il est sera ravi que tu le "cites" et puis ce n'est pas moi qui vais te reprocher quoi que ce soit.
    Nous n'avons ni l'une ni l'autre l'intention de donner une leçon à qui que ce soit

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  3. Vous faites pour ainsi dire du vrai travail de journalisme en vous impliquant aussi bien dans le topo des pièces que vous allez voir ! Merci en tout cas, cela nous donne une bonne idée des spectacles aperçus dans le programme et dont le résumé ne reflète pas forcément ce que nous voyons !
    Bien plus modestement et d'une autre manière, je parle aussi du festival, j'espère que vous vous en étiez rendu compte ! Dans le doute et pour vous faciliter la tache, voici la dernière publication du jour :

    http://bienplusquedesmots.blogspot.com/2010/07/festival-off-lambiance.html

    mais, il y en a plein d'autres précédemment !

    Bien à vous.

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  4. Mathilde, je dois vous avouer qu'entre les pièces, les photos (fussent-elles un peu floues !) les "critiques" ou disons plus modestement "impressions", les flaneries nécessaires, les douches à raison de 3 ou 4 par jour, et les petites pauses resto pour se remettre, je n'ai guère eu le temps de répondre aux gentils commentaires, et encore moins le temps d'aller voir les autres blogs. Je vais de ce pas réparer cette lacune car nous sommes rentrés et "je vous écris de l'estuaire" !!!!
    Françoise, c'est notre cure annuelle, le reste du temps on est sevrés de théâtre ! alors on plonge dans l'ambiance et on s'y roule à corps perdu... un peu excessif peut-être mais jouissif !!
    Enitram, j'écris pour ceux qui sont en avignon, qui sait, mais aussi, car le Festival est le grand marché où les centres culturels achètent leurs saisons futures, pour certains autres qui auront ces pièces à l'affiche à Alençon, Limoges ou ailleurs !!!

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