Les corvées reprennent : un jury national, cela signifie qu’on déplace plein de profs venant de toutes les académies de France et de Navarre, qu’on les enferme dans une salle surchauffée et qu’on leur tient des discours sur les attentes de l’examen concerné, en se félicitant qu’ils prennent, une fois l’an, la température de l’inspection nationale, histoire de recadrer les troupes. Mais non, je ne me plains pas, c’est hyper utile puisqu’ainsi on saura mieux où l’on va ensuite, avec les étudiants. Par contre, un aller-retour Paris dans la journée, franchement ça m’épuise. Autant dire que si Alter, qui avait gentiment accepté de m’accompagner pour en profiter pour voir sa fille et prendre un cours de piano, ne m’avait secouée le matin pour me tirer du lit dès potron-minet et vaillamment traînée d’un train à l’autre le soir, je crois que j’aurais zappé une ou deux étapes !!!
J’avais, en arrivant, trois heures à tuer avant de partir pour la maison des examens, et j’ai tenté plusieurs options. Mais forcément, c’était mardi, et la plupart des musées étaient fermés. Mal organisée la provinciale en vadrouille !! (J'avais même oublié mon appareil photo) J’ai donc abouti (puisque c'est à côté de la gare de l'océan) au musée Bourdelle qui annonçait une exposition joliment intitulée « En mai, fais ce qu’il te plait », ce qui, en matière d’art contemporain est franchement dangereux comme programme.
Et, de fait, entre les ballots de charbon alignés sur des piédestaux en aluminium par Jannis Kounellis, le David de Michel-Ange peint en rose bonbon et jaune flashy par Feldmann, et les 10 chaises d’occasion et dépareillées, pompeusement intitulées par Boltanski « Questions », on avait l’embarras du choix pour s’énerver avec les œuvres exposées, au propos artificiel, convenu et rituel : l’art moderne qui donne dans l’absurde, comme si c’était un gage d’inventivité.
La seule œuvre que j’ai appréciée est la série « différence(s) et répétition(s) » d’Orlan, trois sculptures de drapés installées dans le Hall de plâtres, et qui, outre le fait qu’elles étaient vraiment esthétiques, se justifiaient par rapport au thème affiché. Il s’agissait en effet de donner la parole à des artistes, en résonance avec le musée Bourdelle. Inspirés de l’art baroque, ces volumes aux contours identiques mais non moulés, c'est-à-dire chacun présentant de légères différences par rapport aux deux autres, opposaient leur légèreté et leur élégance au hiératisme et à l’austérité majestueuse des sculptures monumentales environnantes. De plus, évoquant des robes aux envolées poétiques, des drapés enroulés et noués, ces trois sculptures, blanche, or et argent, avaient franchement de l’allure.
Au-delà de la déception inévitable devant un tel ramassis parfaitement vain (selon moi), j’ai aimé redécouvrir le musée Bourdelle, où j’ai longuement arpenté l’atelier du sculpteur, émouvant tant il est « dans son jus », puis admiré sous toutes les coutures ses œuvres et leurs variations. C’est admirablement présenté pour comprendre son processus de création, son évolution artistique.
Les œuvres monumentales sont exposées avec beaucoup de lisibilité dans l’extension, lieu où la lumière et les volumes ajoutent des perspectives étonnantes, mettant tout particulièrement les sculptures en valeur. Si vous n’y êtes pas allé depuis longtemps, n’oubliez pas de faire un détour par ce musée-atelier lors de votre prochain séjour à Paris. C’est à la fois authentique, très moderne et vraiment didactique. On en ressort en connaissant et en appréciant nettement mieux Bourdelle. Ce qui, somme toute, est une vocation fort honorable pour un musée !
Heureusement que Orlan n'a pas fait ses "drapés" sur elle même !!!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Bourdelle. Dans cet espace ce doit assez spectaculaire.
Bonne Rentrée Michelaise. Ah ! la "réunionite" ! surtout dans sa forme aigüe ...
Oh cela vaut surtout pour Bourdelle Artemisia, car en fait de tous les autres, à part Orlan, on ne retient rien, faut dire que les chaises de Boltanski bof bof
RépondreSupprimerApparemment cet "A ME, MI" / "A ME, NON MI", che non si dice ma che TUTTI diciamo, flotte dans l'air... Il est en avant-dernière place dans l'article posté hier par Leonardo, un instituteur considéré d'ailleurs l'un des meilleurs bloggers italiens ( http://leonardo.blogspot.com/ ).
RépondreSupprimeraïe aïe aïe, je me doutais bien siu que mon expression était bancale... Je voulais "à moi, cela ne m'a pas plu" (je n'ai pas voulu user de dispiace, trop fort selon moi) en réponse au titre de l'exposition " en mai, fais ce qu'il te plait", et qui donc est censé avoir avoir plu aux artistes qui ont commis ces horreurs... je tenais à ce "à moi" par opposition à eux... mais que préconises-tu alors ????
RépondreSupprimerMais non Mic... j'ai bien dit que tutti (ma proprio tutti) lo diciamo! Il m'a seulement paru bizarre de lire cet expression deux fois en deux jours. D'ailleurs Leonardo aussi, qui est bien plus compétent que moi, dit dans son post que "“A me mi” si scrive più o meno dal Trecento", et si tu vas au link qu'il a inséré tu liras: " Non è errore, non è da segnare con matita blu, e nemmeno con matita rossa. Qui pure si tratta semplicemente d’un di quei casi in cui la grammatica concede l’inserzione in un normale costrutto sintattico di elementi sovrabbondanti al fine di dare alla frase un’efficacia particolare, un particolare tono. È insomma uno dei tanti accorgimenti stilistici di cui tutte le lingue fanno uso. Nel nostro caso, il valore rafforzativo di quel mi pleonastico non può sfuggire a nessuno: “a me non la dai a intendere”, “a me non me la dai a intendere”, “a me questo non piace”, “a me questo non mi piace”: identico concetto, ma tono diverso." Et tu liras aussi que tu es en compagnie de très nobles exemples (Boccaccio...), ayant donné donc à ton titre "un'efficacia particolare". C'est bien moi qui rougis plutot pour mon français..!!
RépondreSupprimerD'abord Siu tu ne rougis pas de ton français car il est, propriamente, impressionnant.
RépondreSupprimerEnsuite, je suis toute émue d'être en compagnie de Boccaccio et prête à faire des erreurs ou lourdeurs ou approximations grammaticales pour cela !
Enfin, je souris car je vois que vous pratiquez le stylo bleu pour les petites fautes et le rouge pour les grosses erreurs !! je ne connaissais pas, mais je note l'idée !
Le Musée Bourdelle est assez spécialiste pour ses expositions "moyennes"
RépondreSupprimerJe vais certainement m'attirer les foudres mais encore celle consacrée à Isadora Duncan ne m'avait pas convaincue.
Au moins chaque fois je me replonge avec bonheur dans l'atmosphère de son atelier,mais uniquement dans l'atelier
Je note, pour ma prochaine visite à Paris.
RépondreSupprimerMerci Michelaise
Je ne sais si tu viens à Paris en train, Alba, mais si tel est le cas, le musée Bourdelle possède l'énorme avantage d'être à un pas de la gare Montparnasse... Et forcément, toute basquaise que tu es devenue, cela devrait te convenir !
RépondreSupprimerALoïs, tu n'aimes pas les jeux de lumières dans ces salles contemporaines qui jouent sur le gris et l'ombre ? L'atelier est émouvant, cette "extension" très esthétique ! Quant aux expos, si elles sont toutes de la trempe de la dernière, beurk !!!
Je suis totalement imperméable à ce soi-disant "art" moderne et, comme toi, je pense que seuls les drapés m'auraient intéressée...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup tes photos de jeux d'ombres et de lumière dans l'atelier. C'est très joli ! J'aime aussi beaucoup le buste en bas à gauche dans ta dernière mosaïque.
J'espère que tu as bien récupéré de cet aller-retour express. Bon week-end à toi Michelaise !
Michelaise, merci pour les photos des sculptures drapées d'Orlan. Je les aime beaucoup.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne Boltanski, il travaille beaucoup sur la mémoire et le souvenir et sa démarche peut dérouter, mais je crois qu'il faut dépasser la pauvreté apparente des moyens qu'il utilise parfois. La frontière est instable entre la trace, l'objet et la présence disparue.
Bonne soirée!
Anne
Les commentaires conjugués d'Anne et Oxy prouvent, s'il en était besoin, combien l'art contemporain est difficile à appréhender
RépondreSupprimerVoici quelques informations et photos supplémentaires (notamment de la réalisation) des robes présentes à l'exposition.
RépondreSupprimerhttp://adrienlagnier.canalblog.com/
Bonne journée à tous
La présentation à Paris, en haut de l'escalier, était une belle mise en valeur, mais j'avoue qu'à Maubuisson, entre les piliers de l'abbaye, ça vaut aussi le coup d'oeil ! J'ai vraiment adoré jouer au jeu des 7 erreurs avec vos oeuvres ! J'ai été très impressionnée par le "non moulé" !
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