dimanche 7 novembre 2010

UNE PLAINTE SILENCIEUSE


Ouf, une toile ! Cela faisait une éternité... Un homme qui crie  est un drame cornélien, présenté avec une économie de moyens et une virtuosité rares. La guerre, omniprésente et sujet principal du film, conditionne le déroulement de la narration, et pourtant on ne la voit jamais à l’écran, sauf de façon indirecte avec des images télévisuelles. Elle est là comme une gangrène qui pourrit la vie des hommes et qui pourtant ne se voit pas. Une autre plaie qui casse ce pays fragile, ce sont les dérives de l’envahissement des capitaux étrangers, souvent chinois, menace souterraine qui amène ici, au nom de la rentabilité, incertitude et précarité. Ces deux violences larvées cernent le héros, Champion, un homme vieillissant mais encore en pleine forme. Elles l’encerclent insidieusement, l’assiègent, et, finalement, le plient. Il est, poussé à bout et dépouillé, amené à commettre l’irréparable
Tout cela dit avec pudeur et réserve, une grande élégance, sur un ton très humain, et c'est terriblement émouvant. Tout est suggéré, en demi-teintes mais en effets inéluctablement dramatiques. Comme cette fichue guerre qui devrait faire des capitaines et qui tue la jeunesse et les forces vives du pays. La caméra est somptueuse, elle cadre à merveille, enveloppe, ausculte et nous fait rentrer dans l’image. La bande son sous-tend le propos en suggérant, fort à propos, l’état d’esprit des personnages, leurs angoisses, leurs traumatismes discrets et humbles. Quant à l’acteur principal, Youssouf Djaorro, il est parfait de justesse, d’émotion contenue et de crédibilité totale. Beau de surcroît ! Un prix spécial du Jury, comme souvent, nettement plus attrayant que le Grand Prix. A ne rater sous aucun prétexte s’il passe à côté de chez vous, c’est un touchant moment d’humanité qu’il est bon de vivre au rythme lent mais fatal de ce pays déchiré et meurtri.

4 commentaires:

  1. Je n'arrive toujours pas à reprendre le chemin des salles obscures.
    Dès qu'il fait beau je veux être dehors et quand il pleut comme aujourd'hui je rattrape mon retard... mais à la maison
    Je note,je note...

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  2. Encore un article qui donne envie de faire la découverte du film... Tu as toujours l'art de nous allécher Michelaise. On sent derrière tes mots la profondeur du propos de ce film et même si je crains que cela me donne le bourdon, j'ai très envie de le voir.
    Un grand merci pour cette critique intéressante.

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  3. .la plume sans le masque

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  4. Non Oxy cela ne donne pas vraiment le bourdon, c'est grave mais pas angoissant. Aloïs, n'aie crainte, tu auras l'occasion d'en faire des toiles cet hiver !

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