vendredi 14 janvier 2011

AKI LUMI A ROYAN

Les voutes du Port à Royan se veulent un espace d'art contemporain de qualité et accueillent régulièrement des artistes divers que nous allons régulièrement découvrir et dont mes billets aiment à se faire l'écho. Le dernier en date est un japonais résidant à Paris Aki Lumi, qui manie tour à tour photographie analogique, numérique et dessin. Utilisant les procédés traditionnels argentiques, la règle, le compas et les ciseaux, il élabore des images qui intriguent ou déconcertent. Aki Lumi, accueilli à Royan au début de sa carrière, y revient par amitié et fidélité, maintenant que son art est reconnu par les milieux qui comptent !!
Nous avions l'impression de regarder des dessins d'un architecte qui, contraint par les exigences de régularité et de linéarité de ses clients, exigences exprimées dans ces photos nostalgiques, voire mélancoliques d'immeubles, se serait vengé de tant de régularité en désorganisant son logiciel de conception assistée par ordinateur pour lui faire imprimer des motifs fous. En y regardant de plus près, les dessins exposés aux côtés des peintures n'étaient pas l'oeuvre d'une imprimante mais bien d'un dessinateur maniant règle, crayon et compas pour des compositions un peu déjantées. Et Aki Lumi n'est pas architecte. Ainsi que le gardien de l'exposition, fort convaincu qu'il fallait nous aider à mieux comprendre l'artiste, nous l'a expliqué. Les photos d'immeubles se veulent totalement anonymes, cela peut-être pris dans son quartier, le 13ème ou à Tokyo, peu importe : ces images volontairement épurées ne sont là que pour dénoncer la verticalité, le rectangle et le côté prévisible de l'urbanisme moderne. Et, près de chaque groupe de photos, les dessins inventent, s'évadent, reprennent l'idée du plan d'architecte pour tout aussitôt le déconstruire et en faire une porte ouverte à l'imaginaire.

Le "coin" des bombardiers était, quant à lui, encore plus explicite : au fond, des photos terriblement pastellisées, douces, esthétiques, d'un bombardier et de détails de l'avion : aile, carlingue, et même, sur la photo bleue, bien au centre de la "composition" LA bombe. Et à côté un crayon méticuleux, léché, de moyenne dimension, conjugait le thème de l'avion, éclaté, déstructuré, explosé en minuscules détails qui, mis bout à bout, finissaient par se dissoudre dans l'espace. Pour clore la salle, un immense dessin à l'encre rouge évoquait une vue aérienne, des villages, des champs, enfin des traits qui ressemblaient à des routes ou des chemins, et, à y bien regarder quelques ronds ovalisés parsemés dans la composition faisaient inexorablement penser à des trous de bombes. Le tout, totalement abstrait mais pourtant bien visible (quoique impossible à photographier car trop pâle !!).
Grâce à notre guide enthousiaste, il a rencontré l'artiste, nous avons mieux compris ces liens et ces références, car l'oeuvre d'Aki Lumi ne se donne pas au premier regard. On y sent indéniablement un recul devant l'image qu'offre l'urbanisme moderne, mais il est préférable d'être aidé pour aller plus loin !!
« Mon travail est une recherche de l'espace idéal pour l'homme », résume Aki Lumi. « Nous avons construit notre monde avec une règle et un compas ».

9 commentaires:

  1. Il faut que je me dépêche cela se termine le 23 janvier!
    Aki Lumi a exposé dans une galerie dans laquelle je vais souvent rue Sainte Anne
    Je ne vais pas t'étonner si je te dis que j'ai du mal avec ce genre de photos.
    Mon imagination me fait défaut!!
    J'y vois bien l'urbanisme moderne soit mais cela ne me parle pas.
    Il n'y a pas à dire quelle que soit sa forme j'ai du mal avec le moderne.
    Tiens pas plus tard qu'hier je suis passée devant l'hôpital Laennec et ce qui va être le nouveau Paris 7 Rive gauche,ce qu'ils vont en faire me heurte un peu
    Tu sais quel est mon mot de vérification? Encor!!!

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  2. Je dois avouer que je ne serais pas attirée par ce style mais chaque artiste a le droit de s'exprimer comme il veut et je sais l'importance du partage et de l' explications de l'oeuvre pour mieux la comprendre. Il m'est arrivé d'aller voir une expo de toiles modernes et de n'avoir absolument rien compris à des taches vertes ou rouges qui remplissaient certaines toiles, et autres formes bizarres... Cependant nous avons eu la chance d'avoir une sorte de conférence ensuite, au cours de laquelle l'artiste lui-même, diapos à l'appui, nous a expliqué le pourquoi et le comment de son expression. Ça a été une révélation. Non que j'aurais aussitôt accroché ses toiles dans mon salon, mais j'ai compris l'émotion et les souvenirs que le peintre avait voulu faire passer. A moins d'être spécialiste en art moderne, je pense qu'en effet il est important d'être accompagné pour de telles découvertes.
    Merci à toi Michelaise pour cet article !

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  3. Votre présentation des oeuvres d'Aki Lumi reflète bien l'esprit de son travail. Selon vous, l'émotion y précède-t-elle la compréhension ou lui succède-t-elle?
    Anne

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  4. Le genre d'exposition que j'irai volontiers voir. Je retiens le nom de l'artiste, peut-être aurais-je l'occasion de le voir un jour à Paris.

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  5. J'aime vraiment beaucoup, dommage que je ne puisse pas aller voir cette expo !

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  6. Désolée Anne, mais une très légère émotion, plutôt la satisfaction de comprendre un peu, suit la compréhension, et n'existe que parce qu'on m'a expliqué. J'avoue que sans cela je serais restée de marbre, car la confrontation des photos, vaporeuses, "auqarellées" avec les dessins au trait, difficiles à lire à distance et fouillis de près, ne m'a pas convaincue alors que j'étais seule face aux oeuvres. Il a fallu tout l'enthousiasme de mon guide, qui a rencontré l'artiste et parlé avec lui, pour revoir l'ensemble d'un autre oeil. Je crains qu'une telle distance ne soit pas, à proprement parler, un langage accessible à tous. Après, l'art doit-il être accessible ? Est-ce le domaine privé de l'artiste auquel nous avons accès parce qu'il a décidé de nous le permettre ?? J'avoue avoir été bonne élève dans cette visite, mais pas vraiment convaincue. L'artiste est "reconnu", est-ce pour autant qu'il soit talentueux, le débat reste entier et ce n'est pas mon article qui le résoudra !
    Oxy le dit, il faut être accompagné. Ce n'est pas nécessairement un signe d'élitisme, je ne suis pas une fervente de l'émotion à tout crin, notion qui serait universelle et susceptible de toucher tous les spectateurs. Je crois aussi que pour apprécier toute oeuvre d'art, même immédiate d'accès, il est préférable d'avoir des éléments qui permettent d'aller plus loin dans sa lecture et sa compréhension.
    N'empêche que je garde toujours à fleur de peau une certaine méfiance à l'égard de l'art contemporain et des "marchés", mais j'ai déjà développé cette méfiance ! C'est pour ne pas m'y arrêter que je m'impose la découverte, même si l'accès n'est pas toujours évident !
    Aloïs, je comprends parfaitement tes réticences et s'il est au moins une chose dont je suis certaine en matière d'art contemporain est qu'il est vain de "se forcer" ou de faire comme si !!

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  7. Désolée Anne, mais une très légère émotion, plutôt la satisfaction de comprendre un peu, suit la compréhension, et n'existe que parce qu'on m'a expliqué. J'avoue que sans cela je serais restée de marbre, car la confrontation des photos, vaporeuses, "auqarellées" avec les dessins au trait, difficiles à lire à distance et fouillis de près, ne m'a pas convaincue alors que j'étais seule face aux oeuvres. Il a fallu tout l'enthousiasme de mon guide, qui a rencontré l'artiste et parlé avec lui, pour revoir l'ensemble d'un autre oeil. Je crains qu'une telle distance ne soit pas, à proprement parler, un langage accessible à tous. Après, l'art doit-il être accessible ? Est-ce le domaine privé de l'artiste auquel nous avons accès parce qu'il a décidé de nous le permettre ?? J'avoue avoir été bonne élève dans cette visite, mais pas vraiment convaincue. L'artiste est "reconnu", est-ce pour autant qu'il soit talentueux, le débat reste entier et ce n'est pas mon article qui le résoudra !
    Oxy le dit, il faut être accompagné. Ce n'est pas nécessairement un signe d'élitisme, je ne suis pas une fervente de l'émotion à tout crin, notion qui serait universelle et susceptible de toucher tous les spectateurs. Je crois aussi que pour apprécier toute oeuvre d'art, même immédiate d'accès, il est préférable d'avoir des éléments qui permettent d'aller plus loin dans sa lecture et sa compréhension.
    N'empêche que je garde toujours à fleur de peau une certaine méfiance à l'égard de l'art contemporain et des "marchés", mais j'ai déjà développé cette méfiance ! C'est pour ne pas m'y arrêter que je m'impose la découverte, même si l'accès n'est pas toujours évident !
    Aloïs, je comprends parfaitement tes réticences et s'il est au moins une chose dont je suis certaine en matière d'art contemporain est qu'il est vain de "se forcer" ou de faire comme si !!

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  8. Bonsoir, Michelaise.
    Impossible de te dire, ce matin combien j'ai apprécié ce qui est pour moi une découverte.
    Ton commentaire va si bien avec ce que tu montres.
    Je voulais t'en remercier.
    Bon week-end.
    Je t'embrasse.

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  9. Merci Herbert, j'ai tenté de donner à comprendre autant qu'à voir ! Bon week-end à toi aussi !

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