Un petit matin plein de brumes océanes, telles que Roberto a bien raison de les imaginer !
Ce qui fait l'intérêt des voyages (enfin tels que nous les pratiquons, c'est à dire en trainant nos guêtres dans des lieux peu exotiques où l'on s'attarde assez longtemps pour s'imprégner de l'ambiance et comprendre un peu mieux la vie locale) c'est de rencontrer des gens qui aiment leur pays, leur métier, leur passe-temps. Ainsi le sommelier d'hier soir qui parlait de ses vins avec une méticulosité qui ne devait rien à l'obligation professionnelle : on entendait qu'il aimait son métier.
Ainsi le lendemain, la recontre d'un autre passionné, un vannier installé dans le petit village de Bages. En fait, ce n'est qu'un faubourg de Pauillac, réaménagé dans un style que d'aucuns pourraient qualifier de "Puy du Fou", mais avec d'authentiqes commerçants et artisans qui sont maintenus en place par les propriétaires de Lynch Bages pour offrir aux touristes des produits de qualité. Le village, restauré et reconstruit par un passionné qui ne voulait pas le voir disparaître, revit autour de sa jolie fontaine et de ses commerces de produits locaux. On a donné aux magasins les noms des ancêtres de celui qui est à l'origine de cette initiative et les bordelais s'y pressent volontiers le dimanche.
Nous avons fait une descente musclée chez le boucher, dont je reparlerai dans un prochain article, n'avons pas résisté à la table rustique mais raffinée du "bistrot" Lavinal, avons regretté que la boulangerie "Au Baba d'Andréa" soit fermée, et regardé de loin les souvenirs déco-viticoles du Bages Bazaar. Passant devant la boutique du vannier, Nat'Osier, je regardais à travers les vitres les produits exposés qui me rappelaient ceux que vendaient un oncle corse intallé à Marseille et qui fit fortune dans les années 60 avant de passer l'arme à gauche un jour de contrôle fiscal un peu trop pointu.
Le propriétaire des lieux me fit signe d'entrer et nous avons longuement discuté de sa passion : l'osier. En fait, le saule ! Puis, indirectement car il s'est mis à la vannerie, l'osier : nous avons ainsi appris qu'il n'en existe pas moins de 300 espèces, que toutes les couleurs utilisées en tressage sont naturelles et d'une variété incroyable. Nous avons découvert qu'il suffit de les planter en terre en janvier-février pour qu'ils racinent sans faire d'histoire et qu'on en fait des haies qui, après les chatons du printemps et les feuillages de l'été, offrent durant l'hiver le décor naturel de leurs bois colorés. Pierre Eveillard nous a expliqué qu'il existe des osiers à croissance rapide qui sont utilisés en Suède comme bois de chauffage dans les chaudières collectives : une source d'énergie particulièrement propre et exploitable localement. Les osiers sont aussi d'excellents dépollueurs de sol car ils fixent les métaux lourds et permettent de nettoyer des terrains contaminés sans difficulté.
Enfin, l'osier se travaille de mille manières, objets simples et traditionnels, sièges, paniers à bois, corbeilles à pain, paniers pour le marché que notre vanier a conçu de forme ergonomique pour ne pas fatiguer la ménagère ou le pêcheur. Mon produit préféré et dont j'ai photographié une pile, était cette petite boîte à couvercle qui peut contenir très exactement deux bouteilles de vin, coffret inspiré d'un producteur de champagne qui commercialisait ses flacons de cette façon. Il avait planté des oseraies qui faisaient vivre des dizaines de personnes des retombées inattendues de l'activité viticole. Une manière élégante d'offrir du vin que Pierre Eveillard tente de relancer !
Mais bien sûr tout me revient.
RépondreSupprimerCertains noms me disaient quelque chose.
Le marathon du Médoc.Il passe par ce village.
Hélas je ne suis plus assez "affûtée" cela m'aurait bien amusée de me déguiser en animal!!
Je trouve extraordinaire cette volonté de faire revivre ce village.
Sue nos marchés du Lot l'été il y a toujours un vannier osiériste.
Je ne me lasse pas de les regarder travailler et me retiens car je suis toujours tentée par des achats
Tu as vu le 11 décembre ils fêtent la Ste Barbe
J'aime bien les paniers, je les achète aux manouches le plus souvent.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas toutes les vertus de l'osier. ça me donne envie d'en planter !
Je garde dans un p'tit coin de ma tête l'idée de balade, mes Bordelais doivent connaître, je vais suggérer qu'on m'y promène ;-)
Bises
Je n'avais jamais vu d'osier teint, c'est magnifique.
RépondreSupprimerUn petit coucou de Lausanne.
Très intéressant ce lieu, en plus j'ai appris une nouvelle expression, "passer l'arme à gauche". Je suis allé chercher pour constater que l'opinion sur son origine n'est pas univoque, les hypothèses étants quand meme toutes assez intéressantes. Je crois que les Français ont d'expressions plus colorées à ce propos (casser sa pipe, tirer sa révérence...) alors qu'en italien les seules qu'en ce moment me viennent à l'esprit sont "passare a miglior vita" et "tirare le cuoia". Pas géniales.
RépondreSupprimerEt comme le disait Mike Bongiorno (duquel on vient d'ailleurs de voler le corps pour demander une rançon à la famille): Allegria!
C'est très intéressant ce que tu dis sur les osiers, cela me donne l'idée d'en planter dans notre jardin, en particulier pour dépolluer le sol puisqu'un méchant champignon a tué notre mimosa...
RépondreSupprimerPar ailleurs, j'aime bien ces coins authentiques que tu nous présentes.
Bonne journée à toi !
Norma
??? J’ai toujours trouvé un soleil de plomb à chaque fois que je suis passé à Bages, pour aller en Espagne, avec pour seules coulées vertes les derniers lambeaux de vignoble ! Mais que vois-je ? Je découvre, grâce à cet excellent, succulent blog qu’il y a un autre Bages ? Pas étonnant qu’ici il nous soit inconnu. La raison ma Mic en est la brume, of course, qui nous le cache et nous le tait ! Dans le Pauillac (nom bien «mouillé» dirait Volkovtich) en plus !
RépondreSupprimerJe vois que même dans ces terres reculées l’on nous copie: Château Lynch essaie d’être aussi bon qu’un Corbières, la boulangerie a failli s’appeler Ali-Baba, il y a déjà un Bazar et la vannerie tente de se hisser au niveau de notre capitale mondiale, Vallabrègues dans le Gard.
Décidemment il va me falloir découvrir cette Terra Incognita. Je n’oublierai pas, passant du côté de la Sorbonne, de faire un tour Au Vieux Campeur pour voir les derniers modèles de suroît, de boussole et d’imperméable. J’aurai aussi un gobelet à la main sachant bien que si je m’épuise à trop chercher, Alter, en bon Saint-Bernard, aura toujours quelque tonnelet de cognac à portée.
Je puis aussi prendre un verre à pied pour le cas où ce serait une barrique de Château Lynch. Je ne lui en tiendrai pas rigueur. Ni lui, j'espère, pour mes propos un peu Ba(r)ges !
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerMais il y a des trésors partout...à condition de savoir les découvrir...
Oui, prendre son temps pour écouter les gens et apprécier combien ils aiment faire partager l'amour de leur métier...
Et Bages entre en poésie dans ma mémoire...
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.
Quelle jolie balade touristique tu nous proposes Michelaise. Ayant l'intention d'aller voir une amie à Bordeaux au printemps, nos pas nous emmèneront peut-être du côté de ce village... J'ai beaucoup aimé ce que tu dis du vannier car j'adore les petits paniers et suis admirative devant tout ce que l'on fait avec l'osier.
RépondreSupprimerMerci pour cette charmante découverte et bonne journée à toi !
Le travail de l'osier peut être superbe. Hélas, certains y mêlent parfois des rubans de plastique prétendant améliorer ainsi la solidité. Mais je suis certaine que tel n'est pas le cas du vannier que vous avez rencontré.
RépondreSupprimerAnne
Aloïs, si on s'écoutait on achèterait mille objets, tous plus beaux les uns que les autres et on périrait sous le flot !! Oui, marathon du Médoc... tu l'as fait ? oups !! mon admiration à ton égard ne s'arrêtera jamais.
RépondreSupprimerTu as des bordelais perso Lulu ??? En tout cas, côte osier, sûr que les manouches étaient des tresseurs de talent. Même eux doivent acheter chinois maintenant oups
Non non, pas teint Beatrice, justement, toutes les couleurs, même les plus vives, sont naturelles : dues à l'espèce choisie
Voyons Siu, les italiens sont plus respectueux de la mort que nous, nous tentons d'en rire pour en avoir moins peur ??
Roberto, tu as raison, il te faut un équipement à la hauteur de l'expédition : que veux-tu, j'aime découvrir ce qui est juste à côté de chez moi, cela me semble encore plus exotique !! Pour le Lynch Bages, il faut un verre à pied, c'est forcément meilleur.
Norma, c'est fantasitique d'imaginer une espèce qui nettoie la terre de ses métaux lourds, il semble qu'on doive ensuite brûler les osiers qui ont rempli ce rôle d'une certaine façon pour en finir avec la pollution combattue
Herbert, j'avoue que j'enjolive toujours un peu "en mots", mais c'est vraiment in endroit charmant, et si simple à découvrir
Oxy, tu sais, il y a en région bordelaise mille endroits passionnants, et je suis sûre que tu auras l'occasion de les découvrir. Mais qu'ouïs-je ??? Je note sur mes tablettes ta présence en bordelais au printemps, qui sait ??
Anne, promis pas de plastique dans ces vanneries, Pierre Eveillard aime trop les arbres qu'il cultive, coupe, plie, tresse pour y mettre ne fut-ce que de la couleur ! alors du plastique !!
Une petite synthèse des dits précédents , allez, je vais jouer les empêcheurs de tourner en rond, les brise rêves. Il est question d'authentique, de village que l'on fait revivre, de commerces maintenus volontairement. Je vous donne là l'avis de quelqu'un du cru (le mot est savoureux s'agissant du Médoc).
SupprimerBâges n'avait jamais arrêté de vivre, c'était un hameau chaleureux où tout le monde se connaissait, bien sûr beaucoup de jeunes étaient partis travailler à Bordeaux, mais ils ne manquaient de revenir aux vacances chez les parents ou grands-parents. Il est tellement facile lorsque l'argent est là d'ajouter la louche qui empêche l'achat au particulier moyen à chaque mise en vente d'une maison. C'est ainsi que ce village est devenu peu à peu, et continue à devenir la possession d'un seul propriétaire. Les maisons sont détruites si elles ne rentrent pas dans l'idée que l"on" se fait de leur devenir. L'an dernier a vu ainsi deux propriétés passées par les engins de terrassement. Les fameux commerces ne sont pas commerces maintenus mais bien plan commercial, aucun de ceux-là n'a jamais existé auparavant. Le peu d'habitants qui reste encore se voit envahi au détriment de toute forme de politesse, par les voitures de touristes bobo en mal "d'authentique imaginaire", c'est bien les mots qui conviennent, quand ce ne sont pas les cars de groupes bof.
L'affaire est juteuse n'en doutons pas. Mais par pitié ne parlez plus d'authentique.
J'ai publié votre commentaire car je n'aime pas la censure, mais j'aurais apprécié une signature ou au moins un pseudo. Cela donnerait plus de poids à votre position !! Pourquoi n'avoir pas signé ?
RépondreSupprimerJe n'ai pas parlé d'authentique sauf pour le vannier (qui était à son compte et a disparu) et le boucher, qui est un vrai boucher !!! le reste ce sont, non des artisans mais des commerces, donc boutiques de vente d'objets manufacturés !!! Et je ne sais si l'affaire est juteuse pour avoir pratiqué Bages déserte un certain nombre de fois. Mais dans le genre "marketing", on fait pire je trouve... Et je voulais dire que dans le genre Puy du Fou c'est plus "vrai". On ne paie pas pour entrer !!!
Quant aux hausses du prix de l'immobilier parce qu'un endroit plait, c'est au moins un plus que le lieu plaise ! Tant d'endroit ont connu ce phénomène et ont été enviés pour cela ! Sarlat, Saint Emilion, Talmont, la côte Atlantique... Côté envahissement, c'est aussi un travers des temps modernes, habitant Meschers, je suis aussi sensible à cet inconfort mais je vois que cela fait vivre la région... alors je compte les jours en été !!!
un réponse très tardive du vannier disparu. Je viens de retrouvé ce blog et ses commentaire. Malgré la beauté du lieu, il ne permettait pas de vivre financièrement. Mais c'est le cas de nombreux vanniers professionnels en France qui disparaissent les uns après les autres
RépondreSupprimervous clients en êtes responsables ,en achetant de la vannerie d'import ou pire de la vannerie "équitable". mais mes amis potiers ou artisans d'art ont les mêmes soucis. Il faut vraiment en tant que consommateurs se posait des questions face a nos choix. Quand a moi , je poursuis mon métier avec grande difficulté mais toujours la même passion. J'ai changer de région . Le MEDOC ne restera pas mon plus beau souvenir! Il y aurait beaucoup a dire mais je ne veux pas froisser ses habitants.
Oui, les consommateurs sont responsables car il faut accepter de payer le prix du travail manuel à sa juste valeur. Mais les consommateurs peuvent, grâce aux produits d'importation, s'offrir des produits qu'ils n'auraient sinon pas les moyens d'avoir... c'est un problème assez complexe qui me donne l'idée d'un prochain billet, l'enrichissement des petits salaires grâce à la main d'oeuvre bon marché des pays à bas coût... J'avais un grand oncle vannier, et j'ai souvenir que les produits qu'il vendait étaient, à l'époque, des produits "de luxe", c'est à dire qu'on en achetait, à l'époque, plus de 50 ans !!) une fois dans sa vie après avoir fait des économies pour pouvoir se l'offrir. Et on gardait le fauteuil de jardin ainsi acquis plusieurs générations !! Ce sont les modes de consommation qui ont changé, et notre civilisation aussi.
SupprimerCeci étant, êtes-vous allé vous installer près de Tours, à Villaines les Rochers ?? Une initiative qui m'a semblée fort intéressante ?! Le regroupement d'artisans montre mieux, je pense, l'importance du choix du consommateur ! S'il le peut ...
Ah je vous ai retrouvé, à Fayl-Billot dans la Haute Marne, le même principe apparemment que Villaines les Rochers en Touraine ...
RépondreSupprimerEt puisque, qu'on le veuille ou non (vous ne vous googlisez pas souvent !! c'est tout à votre honneur, mais cela passe vraiment par là pour se faire connaitre !) j'indique votre nouvelle implantation géographique... un petit lien de plus, cela ne peut pas faire de mal !!
Cliquez ici pour le village des vanniers de Fayl-Billot et pour retrouver monsieur Pierre Eveillard, c'est à la page Atelier Vannerie !