mardi 15 février 2011

TOILES ET PLANCHES


Le week-end a été productif côté images ! D'abord, on a réussi à battre les irlandais, même si la fin du match a été haletante, on a réussi à s'imposer de justesse à l'Aviva Stadium... Quel décor ce stade irlandais, je me demande comment les buteurs parvenaient à distinguer les poteaux sur fond de structures métalliques omniprésentes. Quant à l'absence de vent, pour des spectateurs du stade rochelais, un lieu terrible à deux pas de l'Océan où ça souffle toujours comme ça veut et quand ça veut, cela donne une impression de sérénité fort inhabituelle dans un match de rugby ! Même si le combat fut rude dans les mêlées, le silence des coups de pieds de pénalité avait quelque chose de grand ! Enfin cela nous comptabilise une deuxième victoire en tournoi des 6 nations, toujours bonne à prendre même si notre prestation, sans essai, plombée par la super technique des verts, nous a laissés un peu sur notre faim.


Inspiré à Tom Hooper par sa maman qui avait vu dans un théâtre londonien l’obscure petite pièce australienne à l’origine du scénario, le Discours d’un roi est un film dont on sort indéniablement heureux. Une vraie réussite de la part de l’acteur principal qui incarne le futur George VI. Pas facile de « jouer » le bégaiement : il le fait avec sobriété. Mais c’est surtout la façon dont cette infirmité est rendue par le réalisateur qui fait la réussite du film : beaucoup de gros plans, le visage de Colin Firth cadré au plus près, ses lèvres tremblantes qui butent contre les sons, la crispation involontaire des muscles de son visage rendent palpables sa solitude, et son exil intérieur. Derrière le roi, le fond est souvent gris, triste,  de grands murs vides accentuent et soulignent cette impression d’isolement. Ce n'est que lors du discours final qu'un brocard aux teintes pastel vient adoucir l'image.

L’histoire prétend au plus près la réalité historique et il semble que Tom Hooper ait bénéficié d’un carnet de notes prises par l’orthophoniste lors de ces séances, et retrouvé par le petit-fils de ce dernier juste avant le début du tournage. Le thème parait au départ un peu étrange et on se demande bien ce qu’il va en sortir au terme de deux heures de bobine. Avouez que retenir des gens assis dans une salle obscure avec pour tout brouet des séances d’orthophonie, cela tient un peu de la gageure ! Et ça marche. Le réalisateur a réussi à donner du souffle à l’histoire, en y introduisant ce qu’il fallait d’Histoire pour donner à son film une dimension morale supplémentaire. Les décors et reconstitutions sont impressionnants de justesse et de bon goût. Certes, tout le monde est gentil sauf le méchant archevêque, et le pathos coule à flot dans ces scènes pourtant prenantes. Mais le côté humain, la réflexion sur la solitude du pouvoir, l’importance grandissante du charisme chez les hommes publics, l’importance de l’écoute pour lutter contre le handicap sont aussi au rendez-vous. C’est drôle, émouvant, et même si, en sortant on est un peu inquiet pour l’avenir d’un pays dont le roi se noie dans une aussi petite goutte que d’avoir à prononcer un discours, on a appris que le redoutable Churchill, lui aussi affligé de difficultés d’élocution veille. Finalement la guerre qui commence lors des dernières images, est quand même entre de bonnes lèvres !!


Angèle et Tony fait, et c’est justice, l’unanimité. Comme tous, j’ai aimé le jeu des comédiens, en particulier celui de Grégory Gadebois, étonnamment juste et superbement sobre. J’ai apprécié la direction d’acteurs qui permet qu’il n’y ait pas de fausse note et que le moindre second rôle soit parfaitement au diapason. L’histoire est bien menée, le rythme est bon, enfin bref, pour un premier film c’est une totale réussite. Une histoire d’amour qui nait de l’improbable, qui se façonne peu à peu sous nos yeux, sans chiquet, sans trémolos. Bref tout va bien... sauf que j’ai trouvé le film trop long alors qu’il dure moins de 90 minutes. Et là, je n’ai pas compris, mais sur la fin, la faute sans doute aux « violons » trop violoneux (c'est du piano je sais), aux côtes trop raides, ou au scénario finalement fort mince, je me suis ennuyée. Ne me lapidez pas, mais j’ai trouvé la bande son de la dernière séquence tellement "soap" ! Dommage que je sois si difficile, mais justement jusque là le trait était léger et fin , et cette musique "happy end" n'est pas à la hauteur de la sobriété qui fait le charme et l'intérêt du film … Et fallait-il absolument, pour nous faire comprendre combien l'héroïne est perturbée, nous faire entrer dans l'histoire par une scène qui, à froid, m'a semblé inutilement crue ?

Donnée au Chien qui Fume lors du Off d’Avignon 2009, Ultime dialogue est une pièce de Pierre Charles que nous n’avions pas vue. Les deux comédiens Michel Chalmeau (Frère Jean) et Michel Le Royer (Gérald) incarnent deux amis, l’un moine l’autre journaliste, que les angoisses de la mort prochaine de ce dernier rapprochent en un dernier échange. Ils ne se sont pas vus depuis 40 ans. Gérard est devenu grand reporter. Il se définit comme un libre penseur, apolitique et agnostique. Il n’a qu’une passion, brûler la vie par les deux bouts. Et pour lui, la liberté réside dans le refus des croyances et des dogmes. Son ami Jean a suivi une voie surprenante : il s’est retiré du monde et est devenu moine. Pour lui la vie est une mort provisoire en attendant la vraie vie, la vie éternelle. Il est calme, à l’écoute, serein au point d’en être exaspérant. Le thème est séduisant, et les deux acteurs jouent admirablement. Avec sobriété, justesse et ce qu’il faut de crédibilité pour ne pas plomber le discours. Par contre, j’ai trouvé que le texte était parfois d’une étonnante naïveté, dans la façon de mettre en mots ces sujets brûlants que sont les grandes questions existentielles qui agitent les protagonistes. D’accord, je pense que pour une pièce « grand public » il fallait que le discours soit simple, mais j’ai été gênée par le côté un peu stéréotypé, trop banal, de certaines tournures. Ce qui ne m’a nullement empêchée de passer une excellente soirée, car, fut-ce avec ingénuité, il est bon que certaines choses soient dites !


L'Ultime Dialogue
Si vous avez 4 minutes, par curiosité !!

9 commentaires:

  1. çà fait plaisir de revoir Michel le Royer, il est loin de temps de Lafayette

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  2. Ah Michelaise, je retrouve toujours le même plaisir à lire tes critiques. Nous devions aller voir ce soir "Le discours d'un roi", mais j'avoue avoir eu un petit coup de mou comme on dit et nous sommes restés sagement (un verre de vin blanc à la main) au coin du feu... Nous irons au cinéma plus tard... "Angèle et Tony" me tente aussi car notre amie Autourdupuits en a parlé également. Je ne connais pas du tout la pièce dont tu parles mais il est toujours intéressant d'en savoir davantage. C'est bien : tu nous aides à nous cultiver... Merci :-)
    Quant au rugby, je n'ai suivi le match que d'un oeil distrait... Ce que j'aime moi c'est quand Wilkinson est là... C'est mon chouchou ! Il est mignon et je le trouve très doué...

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  3. Corsaires et flibustiers, je me doute que tu as aimé Gérard !! Il joue vraiment très bien, pas facile de faire le mec condamné, saisi par l'angoisse de la mort. Très juste !
    Oxy, vous irez le voir, les voir dès que vous aurez retrouvé la forme !! Saprisiti y a pas que Wilkinson qui est mignon. Doué, ça, c'est indéniable !

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  4. Quel bonheur de revoir Michel Le Royer, dont je me demande ce qu'il devient .. la pièce a l'air fort intéressante, merci de nous avoir fait bénéficier de ce petit extrait.

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  5. Ah! Michel le Royer, mon amour de jeunesse, dans le capitain Lafayette, qu'il était beau... sentait-il le sable chaud?
    Il fait du théâtre sans doute avec beaucoup de présence et doit toujours avoir une belle prestance. Dis moi "oui"!!!!

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  6. Martine, si tu regardes l'extrait tu verras que Lafayette a toujours une voix superbe. IL a encore une prestance étonnante, une chevelure enviable (n'est-ce pas messieurs)(même si elle est forcément teinte, elle est drôlement fournie) et surtout un talent intact... voire plus grand, car les planches c'est plus exigeant que le cinéma. J'ai été stupéfaite de voir qu'il est né en 1932, et j'ai beau compter sur mes petits doigts, pas de doute, cela fait 78 ans. Cela parait incroyable ! N'est-ce pas Aifelle ?? Cela maintient en forme le talent !

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  7. Notre critique de choc!
    J'aurais parié sur ta réaction concernant Angèle et Tony.
    Du reste en répondant au commentaire de Koka sur mon billet concernant ce film,je lui ai dit d'attendre d'avoir ton point de vue sachant que tu y allais cette fin de semaine!
    Car les chats ne font pas des chiens n'est-ce-pas?

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  8. Tes critiques sont toujours intéressantes.
    Il s'en passe des choses en Charentes.

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  9. Qui l'eut cru, n'est-ce pas Evelyne !! N'empêche qu'on mobilise ferme dans les chaumières pour ne rien rater !!!
    Françoise, tu savais que je trouverais un peu longuet de film pourtant charmant, mais dont le scénario est légèrement trop ... léger ! mais j'ai essayé de ne pas être trop négative tout en disant ce que je pense, quand même !! si Koka va le voir, elle me dira si elle est bien mon petit chiot !!

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