lundi 18 avril 2011

GRANDE BRETAGNE, CHILI, FRANCE...

Quelques unes de nos dernières toiles, en vrac !

Je ne sais pas si l'affiche vous attire, mais je vous avoue que lorsque le programme est arrivé, je l'ai barré d'un trait ragueur. Puis je me suis accusée d'obscurantisme et suis allée lire les critiques. Et allée voir le film : bien m'en a pris car c'est un délicieux moment d'histoire, décliné avec optimisme (un peu trop ?) et humour (à l'anglaise) qui mérite doublement d'être vu. D'une part pour le jeu des acteurs, la mise en scène efficace, les reconstitutions soixante-huitardes savoureuses. C'est réjouissant, enlevé, plein de bon sens et mené de main de maitre par Nigel Cole.
D'autre part, il n'est pas inutile de se rappeler qu'il y a 40 ans à peine, il était révolutionnaire, inquiétant, voire carrément inconcevable de demander que les femmes aient, à travail égal, le même salaire que les hommes. Et ce d'autant plus, que, nous le savons tous, les femmes, même en bénéficiant des mêmes grilles salariales, ont des handicaps de carrière que l'évolution des moeurs est loin d'avoir gommées. Une bonne comédie sociale, construite sur des faits réels, qui propose en générique de fin les mamies de 68 se remémorant avec émotion leurs exploits de femmes tranquilles mais déterminées, emportées par l'Histoire, mais tellement vivantes. Apolotiques, n'ayant aucun compte à régler, elles voulaient simplement que justice leur soit faite. Et leur combat contre les syndicats n'est pas le plus facile à mener !!
Les bâtiments de Ford à Dagenham n'existant plus, le film a été tourné dans une ancienne usine Hoover au Pays de Galles, ce qui a mis toute l'équipe de tournage dans l'ambiance ! "Tourner dans cette usine nous a beaucoup aidé parce que tout le monde pouvait ressentir ce que ça faisait de travailler dans un endroit pareil. Par ailleurs, on a essayé d'embaucher le plus de personnes du coin, n'hésitant pas à placer des annonces un peu partout, à la bibliothèque municipale par exemple, et résultat, près de cinquante femmes ont joué les grévistes" dit le réalisateur. Et cela donne une impression de reportage très intéressante.


Un solex, quelques italiens, un monde où l'on peut s'exprimer, et se faire comprendre, par extraits d'opéras "Pentiti, scelerato ! Pentiti !", des conversations ponctuées d'expressions italiennes bien senties "Che vergogna ! Porca miseria ", l'ambiance s'annonçait plutôt bien. Et puis, voir le deuxième Claudel, après le coup de foudre pour "Il y a longtemps que je t'aime", il ne fallait pas rater cela. Claudel passe du drame à la comédie, d'un film de femmes à une histoire d'hommes, d'un film silencieux à  un film bavard... avec les mains de surcroit ! L'histoire est délicieuse, le thème, émouvant et traité avec délicatesse. C'est drôle, enlevé, bourré d'anecdotes et de petits riens entrecroisés qui allègent le propos. Et en plus, on a droit à une direction d'acteurs au cordeau. Parlons-en des acteurs : tous des "inconnus" ou peu médiatisés. Mais qu'ils jouent bien dans l'ensemble ! Stefano Accorsi est absolument craquant, Clothide Courau a une vraie sensibilité, Néri Marcore est totalement crédible dans le rôle improbable du frère pot de colle et réfugié politique. La palme revenant sans conteste à la jeune et délicieuse Lisa Cipriani, 13 ou 14 ans, un tempérament affirmé, un jeu terriblement naturel et une présence au diapason.
Bon, on a le droit de dire que certains seconds rôles sont un peu "justes", et que certaines séquences sont un peu laborieuses. Mais ensuite, ce n'est que du bonheur : la musique par exemple, des tarentelles endiablées aux morceaux de musique baroque sur théorbe et psaltérion, est parfaite et on a envie de revoir le fim rien que pour la réentendre. Oui, la fin est fleur bleue, et alors ?? Que du bonheur vous dis-je. Et l'on croise, ce qui ne gache rien, la légende d'Orphée et Eurydice, des extraits d'Ismail Kadaré et pas mal de références cinématographiques que je ne suis pas assez calée pour décrire. Le film laisse également entrevoir plusieurs hommages au cinéma italien des années 60-70. "Mais tous ces chefs-d’œuvre que j’ai vus dans mon adolescence sont des références un peu écrasantes. Je ne cherche évidemment pas à arriver à la cheville de Dino Risi, de Mario Monicelli ou de Pietro Germi. Juste à tenter, d’essayer d’être dans cette veine-là en passant du rire à l’émotion," explique Philippe Claudel. Alors n'hésitez pas, allez voir, si ce n'est déjà fait, le dernier Claudel.

"Santiago 73, Post Mortem est l’histoire d’un couple en apparence insignifiant et dénué de charme. C’est l’histoire du Chili au moment du coup d’Etat militaire, une des périodes les plus noires et sanglantes du pays. L’idéal de Mario, conquérir l’impossible amour d’une femme, est aussi l’idéal d’un pays, qui tente de conquérir un noble mais inatteignable modèle politique, le socialisme." C'est ce que Pablo Larrain dit de son film. Mais ce n'est absolument pas ce que j'ai ressenti. J'ai trouvé que ce film n'était absolument pas efficace et que le prétexte politique était maltraité (en un seul mot). Au profit des obsessions sexuelles d'un triste frustré, qui finissent par occuper tout l'espace. Certes, c'est bien filmé, très bien même. Mais tout cet univers est tellement glauque, sinistre, minable que je me suis révoltée contre Pablo Larrain : mais enfin tous les chiliens ne sont pas ainsi, c'est inique comme façon de présenter son pays. Et puis, tous ces cadavres qu'on disséque, cet univers verdâtre et froid, cette lascivité envahissante et qui gouverne le "héros", c'est fatigant à la fin. Et long. Le ryhtme est morne et désenchanté, et l'absence totale de prise de position politique fait se demander pourquoi le réalisateur a tourné ce film. Sauf à décrire par le menu la dépression de l'une, l'obsession de l'autre, la méchanceté des troisièmes, on ne voit pas quel est l'argument de cette oeuvre. On en sort mal à l'aise, lessivé, abattu, ce qui n'est tout de même pas ce qu'on recherche en s'offrant une toile !

10 commentaires:

  1. J'ai aimé retrouver dans le premier cet humour anglais si caractéristique que j'adore et puis j'avoue être un peu une inconditionnelle du cinéma anglais.
    Tous les soleils,j'attends qu'il pleuve!!!
    Le troisième n'était pas trop prévu

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  2. Bonjour, Michelaise.
    Je m'enrichis, je m'enrichis...
    Autrement dit, je deviens profiteur..
    Qui l'eût cru ?
    Et je me demande comment tu fais pour trouver le temps de nous enrichir ainsi chaque jour.
    Merci beaucoup.
    Je t'embrasse.

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  3. Ah non Aloïs, ne va pas voir Santiago 73, c'est trop glauque ! Même si le côté technique est de qualité, le fond est atroce.
    Oh que non Herbert, tu n'es pas un profiteur, tu donnes beaucoup, et avec générosité.

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  4. Merci Michelaise, j'adore la pizzica tarantata!

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  5. et Siu, la musique c'est au hasard !! alors je ne sais pas ce qui accompagnera le billet. J'ai ajouté dans ma liste quelques extraits de la bande sonore de "Tous les soleils", un film que tu aimerais sûrement : c'est délicieux ces italiens à Strasbourg, l'un professeur de "tarentelle" et amateur de musique ancienne italienne, l'autre anarcho-communiste, comme seuls savent l'être les italiens : avec une légèreté grave ! Vraiment c'est un film qui te plairait !

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  6. Achète donc les CD de Christina Pluhar si tu aimes tant cette musique, c'est en écoutant ses disques que le réalisateur a eu l'envie de composer son film, comme il l'a expliqué le soir de l'avant-première où j'étais!!!

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  7. regarde donc ceci (onglet CDs) : http://www.arpeggiata.com/

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  8. Merci GF... je vais en effet m'offrir le CD... dont j'ai glissé quelques extraits dans ma liste deezer

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  9. Le film de Claudel n'est hélas pas passé ici et j'attends donc qu'il sorte en dvd pour enfin le découvrir, j'avais adoré son premier film et j'aime aussi ses livres...je n'ai lu que de bonnes choses sur ce film !

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  10. J'ai vu les deux premiers que j'ai aimés pour des raisons différentes. J'ai acheté le CD dans la foulée, impossible de résister à cette musique. Quant au troisième, je n'ai pas l'intention de le voir, d'ailleurs je crois qu'il ne passe plus chez moi.

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