vendredi 22 avril 2011

ILS SONT FOUS CES ROMAINS


Lu sur un "gratuit" de Rome ramassé à l'aéroport : "Sushi italiens, clients en fuite". Suivait un article intitulé, pour lui donner plus de poids "Enquête", où l'on parle, rien moins que de "psychose". Le ministre de la Santé s'étant fait immortalisé en train de déguster des sushis pour rassurer les populations anxieuses. "La peur croit et les restaurants nippons reçoivent des dizaines d'appels téléphoniques par jour". Et pas pour réserver, non, pour poser des questions sur la qualité des produits. D'où la chute de la fréquentation dans les restaurants japonais, -30% à Vérone, -25% à Venise, -20% à Bologne ou à Rome... Et de quoi ont-ils peur ces italiens frileux ? Ils craignent que le poisson soit contaminé, que les algues soient radio-actives, voire que les carottes soient souillées. Mais qu'imaginent-ils dans leur besoin d'exotisme ? Que les sushis sont fabriqués au Japon et expédiés par avion, pollution nucléaire comprise ? Comme si les japonais n'avaient que ça à faire, de tailler des morceaux de poisson cru, alors qu'ils n'ont même pas assez de vivres pour eux-mêmes. Comme s'il n'existait pas, au Japon comme ailleurs, des règles sanitaires strictes qui empêchent de commercialiser des produits dangerueux. De plus, les feuilles d'algues qui entourent les sashimis sont fabriqués en France ou en Ecosse ! La sauce de soja est hollandaise, les crustacés sont Argentins ou viennent d'Equateur. Quant au saumon, il est, bien sûr norvégien, les autres poissons étant le plus souvent issus de pêches locales, grecques ou italiennes.
Ne jetons pas trop vite la pierre à nos amis italiens. Ils ne sont pas plus idiots ni plus impressionnables que nous, nous sommes tout à fait capables de telles errances de la logique et du bon sens.

Alors que dans le même temps, on s'extasie sur le stoïcisme des japonais. En oubliant qu'ils vivent dans un environnement difficile que nous ne sommes même pas capables d'imaginer. La terre tremble sans cesse au Japon, le jour, la nuit, pendant les gestes ordinaires de la vie courante. Le corps s’adapte, des reflexes se mettent en place et l’instinct de survie permet de survivre. Comme il permet de faire face ailleurs àla chaleur extrême, au froid pénétrant et permanent, à des neiges 6 mois durant... ceux qui vivent ainsi sont conditionnés par des contraintes de l’environnement. Leur culture en tient compte en les intégrant. Cela ne va pas sans angoisse, mais cette angoisse dicte la conduite à tenir. Les morales se contruisent comme des boucliers anti-douleurs et notre cocooning européen nous rend bien insensibles à ce genre de considération.
Situés au 45ème degré de latitude nord ( le Méridien passe entre Saint Emilion et Valence), nous occupons une position privilégiée qui nous épargne tout risque majeur en matière de climat ou de sismologie. Et pourtant quel effroi parmi nos concitoyens lorsque le moindre événement climatique mineur sévit dans nos contrées : au moindre vent frais, au premier signe de sécheresse, aux premières gouttes de pluie, à chaque marée d’équinoxe maintenant, on crie « au loup », on brandit les responsabilités et on affole le bon peuple. Du coup nos réactions sont assez comiques comparées à celles des québécois, des japonais, des maliens ou des peuls.
Et tout cela parce que finalement la peur fait vendre, la peur est un excellent moyen d'agiter des chiffons rouges qui effraient les privilégiés que nous sommes. De plus, elle détourne des vrais problèmes qu'on peut aisément remettre à plus tard. Ce sont les jeux du spectacle permanent, ces alarmes tirées à la moindre inquiétude, ce RISQUE érigé en commandeur qu'il faut amadouer. On réunit des comités d'experts, on fait de pédagogie à bon marché, on nous abreuve de conseils imbéciles. On manie la panique et on joue sur l'émotionnel, au mépris de la simple évidence. Du frisson qui donne l'impression d'être vivant, on glisse à l'affolement et les arguments sont avancés sans grande rationalité, par une presse parfois encline à manier l'argument choc. Voyons, le sushi c'et japonais, donc c'est radioactif. Comment se protéger de ces marchands d'angoisse, de ces faiseurs de frayeurs irréelles qui nous transforment en moutons de panurge du catastrophisme à bon marché ? Peut-être simplement, dans un premier temps, en n'écoutant plus les faiseurs de peur, les inventeurs de fébrilité, les cultivateurs d'inquiétude. Bref, en fermant la télé !! Nous décidons nous-mêmes, de plein gré, de nous soumettre à cette intoxication par cette culture de l'anxiogène et des craintes brandies comme autant de trophées contre l'adversité. Certes, il est valorisant de regarder couler le bâteau du voisin quand le nôtre ne prend même pas l'eau, mais que diable, restons calmes. Et cessons d'accorder crédit à toutes les balivernes dont il est si facile de nous abreuver.

9 commentaires:

  1. J'ai raté quelques épisodes...
    Curieux italiens, qui font tout un plat de ces vrais-faux sushis...La mozzarella blu les a mois effrayés !
    Perso je boycotte le sushi et le sashimi. Le thon qui disparaît de méditerranée, les écosystèmes des mangroves détruits pour y installer des élevages de crevettes, les poissons blancs engraissés dans des cages flottantes où la mortalité dépasse les 30%, dont les rejets polluent les estuaires etc. Sans compter avec les risques de parasitose...
    A propos de poissons, qui est notre principal acheteur de poisson frais ? L'Italie, qui en consomme beaucoup alors que la plupart de ses côtes ne sont pas poissonneuses.

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  2. Je ris bien que ce ne soit pas drôle.
    Je ris de la bêtise humaine de l'amalgame que peuvent faire les gens.
    La psychose n'est pas propre aux romains,nous avons en bas de chez nous un succursale d'une excellente chaîne de magasins de sushis,bien pratique pour moi lorsque j'arrive tard le soir,ils ressentent le même phénomène.
    Mon fournisseur de thé vert japonais me disait l'autre jour que les stocks de l'usine avaient été pris d'assaut,alors que nous sommes encore sur l'ancienne récolte,j'avoue que là,la réaction est davantage compréhensible,mais...

    N'oublions pas l'art de vivre à la japonaise défini par Robuchon dont on connait la passion pour le Japon
    "Partage" "Amitié" "Savoir"

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  3. Au loup, au loup...c'était un jeu ça devient le quotidien !
    Que ça fait du bien de lire enfin des mots plein de bon sens ! la peur, le ridicule, ces personnes confinées chez elles avant "l'arrivée du nuage radio-actif" tout ce qui fait vivre certains média, hélas faciles et trop diffusés. Gober le prédigére est tellement plus simple !
    Bonnes Pâques...fête de la résurection...
    Josette

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  4. Un petit coup d'humeur, cela fait du bien à tout le monde, surtout lorsqu'il est justifié et argumenté. Je souscris à votre billet. Bravo, Michelaise!
    Anne

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  5. A Paris, tu as plein de restos japonais qui sont tenus par des chinois...ils ne parlent pas japonais mais chinois...

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  6. Je croquerais bien à pleine dent ces magnifiques sushis !
    Je me disais pareil en fermant le journal gratuit de par ici. Que du négatif ! Le monde irait certainement mieux sans les journalistes... qui disent * Le monde veut savoir *. Ca, c'est eux qui le dise, flatter leur ego démesuré.

    Chaque fois qu'un journaliste passait le pas de porte de sa grande boutique aux goût exotique, une amie les * foutait* dehors, tellement ils ont l'art de l'exaspérer à déformer ses paroles.

    Ne m'en veux pas d'abuser de cette petite lucarne pour faire connaître mon site des colliers. Enfin le voilà ! Il est beau et facile à s'y balader. Allez vous rincer l'oeil.

    Vive les petits cochons tirelires qui collectionneront les petits et gros sous...

    * www.colliers-beatrice.ch

    J'ai déderté tous les blogs ces temps-ci... pour la bonne cause.

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  7. Je rentre de Berlin...pas de psychose nous avons dîné de sushis délicieux et notre restaurant a refusé du monde toute la soirée !
    Joyeuses Pâques à toute la famille.

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  8. Très peu téléphage aussi. Il y a pourtant quelques bonnes émissions.
    Dans la file de la billeterie des arènes d'Arles cet après-midi j'ai entendu parler de Mescher. Mes zoreilles se sont dressées: un couple de Talmon (?) était derrière moi...

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  9. Béatrice tu as fait du bel et bon travail cela valait la peine.
    Oui Josette, ce prédigéré il est prévu pour appâter et qu'est-ce qui attire mieux que le sensationnel. Faire peur est un sport aisé et efficace.
    Il me semblait bien Aloïs qu'il ne fallait pas railler nos cousins italiens, nous faisons forcément aussi bien qu'eux !
    Es-ce à dire, Evelyne, que les allemands sont gens plus sensés ? Tant mieux, prenons exemple sur eux.
    Allons Chic, comment sais-tu distinguer le chinois du japonais ? tu es trilingue ?
    Oui Anne, ça fait du bien de précher le bon sens !! surtout quand la déraison s'en mêle !
    Roberto, les sushis c'est juste du poisson cru et, sur nos côtes, il est pêché du jour donc on ne peut plus naturel. Quant aux sashimis faits maison, rien de plus simple non plus, c'est très sain quand on les fait soi-même.
    Tamont dis-tu, tu es décidément très attentif, c'est toi qui a trouvé la lectrice du prix du livre inter, et maintenant des talmondais ! la plus émouvante église romane qui soit ! Un site qui a mérité le classement au patrimoine mondial et qui est très évocateur ! Vaut le détour !

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