SOUPE DE CRISE

- ça sent bizarre ici...

Zuuuuuuuuut... Je me précipite vers la cuisine en me disant "ça y est, j'ai encore laissé cramer ma soupe". C'est chaque fois pareil le même processus : je mets à cuire, je vais "faire un tour" sur internet, et la casserole est bonne pour le récurage ! Et je trouve Alter penché sur ma casserole. Intrigué...

- Mais qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?

Il faut dire que cela a une drôle d'allure : on dirait des bucatini en train de barboter dans une eau saumâtre.

- Il reste de l'eau ?

- Oui, un peu... mais c'est quoi ??

Il n'a pas l'air très convaincu Alter, et me regarde d'un air soupçonneux.

- C'est une soupe d'asperges

- Des asperges ça ??

- Non, les épluchures seulement.

- ...

- Ben oui, ne prend pas cet air dégoûté, c'est une recette qu'on m'a donnée cet après-midi. Quand on prépare des asperges, on garde les épluchures, on les rince et on les fait cuire. J'ai rajouté deux ou trois pommes de terre. Ensuite on passe l'eau de cuisson, on jette les épluchures, et en mixant cela fait une excellente soupe.

- Une soupe de crise quoi !!!

- Si tu veux, mais tu sais au prix où sont les asperges primeurs, en provenance directe des Landes... oui, j'ai craqué elles avaient l'air tellement bonnes. Du coup, vu la ruine, je me suis dit que j'allais en tirer un max !

Donc épluchures bien propres mises à cuire dans de l'eau salée avec quelques patates. Puis on verse le tout dans une passoire sous laquelle on a pensé à installer une casserole vide !! On récupère les pommes de terre qu'on rajoute au bouillon. J'ai bien pressé les épluchures cuites au fond de la passoire pour en extirper le maximum de sucs parfumés. Puis on rajoute un peu d'oignon et on remet sur le feu le temps qu'ils cuisent (je ne les avais pas mis avant, car je n'avais pas envie de les trier au milieu des épluchures : les pommes de terre, je les avais laissées entières pour mieux les retrouver !).

Ensuite on passe le tout au blender en ajoutant un peu de crème fraiche. Servie poivrée, avec quelques brins de ciboulette pour le décor, Alter en témoignera, cette soupe est délicieuse. J'avais, quant à moi, eu la main un peu lourde sur l'oignon, ce qui masquait le goût, discret il faut bien l'avouer, des asperges ! Voilà donc une entrée hyper économique, délicieuse et simple à réaliser. Aïe, j'entends les "nulles en cuisine" qui râlent, mais je vous promets, cela ne pose aucun problème ! Et cela vous permet de vous offrir des asperges à un prix dingue, bien croquantes, bien blanches, en toute bonne conscience. Deux plats pour le prix d'un !!! Et ce n'est pas un poisson d'avril ...

AVEU : la photo d'hier était truquée : avec la complicité de Koka nous avons rajouté un phare sur ce superbe coucher de soleil ... c'était ça le poisson d'avril. Le texte est vrai, mais malheureusement nous ne savons pas exactement si ce coucher a eu lieu hier : le temps était tellement bouché qu'on ne voyait même pas l'autre rive. Pourtant nous étions sur le pied de guerre, téléobjectif à la main. Et ensuite, nous sommes partis ! De toute façon, cela n'arrive qu'un soir ! Voici la photo originale prise sur internet : le soleil y est déjà plus loin sur l'horizon !

Et voilà à quoi ressemblait la vue vers Cordouan le soir en question ! De quoi venir étayer les thèses de Roberto concernant les brumes locales ...