mardi 12 juillet 2011

PREMIERES IMPRESSIONS DU OFF

Il y a urgence : le Festival d'Avignon commence tout doucement, nous venons avant le 14 juillet pour profiter de ce rythme un peu particulier de la mise en place. Les pièces qui se cherchent, les acteurs qui font du racolage : le bouche à oreille n'est pas encore très efficace, et il faut faire sa place au soleil dans cette jungle hallucinante qu'est le Off. J'en reparlerai mais dès aujourd'hui et sans développer trop faute de temps, je tiens à signaler quelques pièces qui nous ont plu et dont j'aimerai, fort modestement, vanter les mérites. Elles sont originales, bien jouées et pourtant les salles ne font pas encore le plein. On ne sait jamais, si ces quelques mots pouvaient les aider à s'affirmer... On parlera des déceptions plus tard, pour elles, il n'y a pas le feu au lac !


Trois frères et leur soeur nous livrent un récit qui débute par la mort de leurs parents adoptifs traversés par la foudre un soir d’orage. Orphelins pour la seconde fois, ils fondent une «société d’amour» à l’écart du monde.

Le Chant du Dire-Dire raconte une rébellion. L'écriture est mise à nu. Les corps et les sonorités du Glass Harmonica réveillent un langage enfoui et nous entraînent dans un univers mystérieux, poétique, bouleversant
Interprète(s) : Julien Perignon, Céline Girardeau, Fabien Casseau, David Grimault, Stéphane Leach
Mise en scène : Hélène Arnaud
Composition musicale : S. Leach
Création Lumière : A. Dujardin
Régie lumière : Jocelyn Asciak
Marionnette : Catherine Hugot
Décors & accessoires : I. Meunier
Production/Diffusion : Elodie Proust, Arnaud Darville
A tout seigneur, tout honneur : ils sont un peu nos "pays" et nous sommes allés les voir après que l'un d'entre eux nous eut convaincus à la terrasse d'un café. Méthode qu'on n'apprécie guère d'ordinaire mais allez savoir, nous avons décidé de tenter Le chant du dire-dire : un titre bien étrange pour une "vraie" pièce, écrite par un auteur québécois qui vient souvent à Avignon : Daniel Danis.
Trois frères, Rock, William et Fred-Gilles, vivent dans une cabane près d'un marécage, après la mort de leurs deux parents un jour d’orage. Parents adoptifs, frères pour de faux mais par le coeur, fortement, sans contestation possible. Ils attendent leur sœur, Noéma, qui lors de cet orage a acquis une voix extraordinaire et fait carrière, loin, ailleurs, elle est célèbre. Quand on la dépose enfin chez eux, elle est dans un état végétatif. Les trois frères tentent de la soigner, de la faire revenir au monde et à la parole. Cette parole durement acquise dans l'enfance par ces gamins qui avaient peur des mots. Tant que leur mère avait inventé un jeu, un objet, que le père avait construit, en cuivre, le "dire-dire". Pour garder Noéma, il leur faut lutter contre les autorités, les médecins,  l’ensemble du village (les «municipiens ») et des centaines de curieux qui en viennent à considérer Noéma comme une sorte de magicienne ou de sainte, parce qu’elle « s’allume » la nuit. 
Racontée ainsi l'histoire perd de son sel, elle est puissante et douce, ces marginaux un peu frustes sont animés d'une puissante volonté de vivre,, rebelles et pourtant tendres. Ils sont unis par un lien fraternet d'autant plus fort qu'il est construit : c'est la Société d'Amour, qui peut tout, ou devrait tout pouvoir, en particulier sauver Noema. Rien de sordide ou de misérabiliste dans ce conte, tout est poétique, d'une poésie quotidienne, un peu étrange, vaguement de bric et de broc. La mise en scène est bien rythmée, autour d'estrades qui se transforment en divers éléments de décor, maison, lit, voiture... Il suffit de suivre les mots. S'y ajoute le chant déchirant d'un violoncelle, les accents magiques d'un carillon de verre, une chorégraphie qui m'a semblé efficace et vigoureuse... bref un très beau spectacle, autour des mots, de l'eau, de l'amour qui hurle d'être impuissant quand il se voudrait souverain. C'est intemporel et pourtant ancré dans la réalité, et même si quelques longueurs émaillent un peu la fin, c'est vraiment une pièce à découvrir à l'Alizé.




Adaptation du film et scénario de Robert Bresson, dialogué par Jean Giraudoux.
Anne-Marie, ardente, fière et téméraire, quitte un monde bourgeois par enthousiasme mystique. Elle rejoint une congrégation accueillant les détenues après leur peine et s’évertue à sauver l’une d’entre elles, Thérèse. Cette dernière, une fois libérée, assassine celui qui fut la cause de son incarcération et vient se cacher au couvent où se confrontent crime et foi, spiritualité et sentiments, règles et valeurs, confiance et haine, femmes et violence.
«Une direction d'acteurs remarquable.Une scénographie d'un esthétisme lumineux.» Froggy’s delight
www.lesangesdupeche.fr
Interprète(s) : Magaly Godenaire, Dominique Isnard, Sophie Colon, Chantal Péninon, Livane Revel, Héloïse Ester, Christian Abart, Nathalie Yanoz, Antoine Rejasse
Metteur en scène : Laurent Le Bras
Régie lumière : Laurent Deconte
Univers sonore : Sylvain Moreau
Chargé de diffusion : Michaël Kitaïevitch (06.59.89.60.00)
Assistante : Clémentine Gaud

 Encore à l'Alizé, "les anges du péché", adaptation du film de Robert Bresson, dialogué par Jean Giraudoux. Une passionnante leçon de spectacle qui démontre, s'il en était besoin, combien le cinéma est différent du théâtre. Là où ce dernier impose la fluidité, des images et des mots, le cinéma procède par courtes scènes, souvent enchaînées par des fondus au noir. J'ai trouvé quant à moi la mise en scène superbe, dans des tons de gris et de bleu ombrés d'angoisse, j'ai aimé le jeu sobre des actrices qui ne donnent au propos aucun côté manichéen.


Quelque part en province. Dans une salle à manger, un professeur, poils blancs et articulation laborieuse, une jeune élève, polie et bien élevée, une bonne mal embouchée. Le premier donne la leçon, la seconde la reçoit et la troisième, qui s’appelle Marie, comme toutes les Marie, veille à l’ordre et au ménage.
«Il ne faut pas uniquement intégrer. Il faut aussi désintégrer. C’est ça la vie. C’est ça la civilisation.»
Soudain l’élève dira : «J’ai mal aux dents».
Interprète(s) : Marie Crouail, Karine Huguenin, David Stevens
Metteur en scène : Jean-Pierre Brière
Conception scénographique : Didier Préaudat
Costumière : Pascale Barré
Chargée de Production : Emmanuelle Dandrel
Administratrice : Isabelle Crespy-Drouillet
Nous avons aimé la leçon de Ionesco au théâtre des Remparts. Introduite ici par un texte de Thamas Bernard, c'est une terrifiante et sarcastique plongée dans la folie ordinaire du savoir qui s'enorgueillit de pouvoir maitriser le monde. Une mise en scène acérée, servie par des acteurs précis et efficaces. Le professeur qui fait la louange de la linguistique est un acteur anglais au parler impeccable mais à l'accent évident : il grimace avec justesse ses inquiétantes éructations. L'élève, fausse naïve aux allures perverses, se barbouille avec conviction d'encre bleue en répétant ses plaintes incantatoires (j'ai mal aux dents). Quant à la servante, légère et drôle à souhait, elle ajoute à ce trio sa pointe cynique et permet au grinçant de virer à la drôlerie.



Et si Valéry, Cocteau, Cendrars et Apollinaire n’étaient qu’un seul homme? L'immense poète portugais Fernando Pessoa se crée de multiples personnalités. Drôles, graves et profonds, ses textes sublimes et ses réflexions sont organisés en un dialogue avec ses hétéronymes. Ce spectacle original offre à un vaste public la beauté surréaliste des pensées d'un génie du 20ème siècle.

« Rarement le théâtre arpente aussi magistralement le territoire incertain de l'imaginaire. »
« [Le spectacle sur Pessoa] le plus aigu, le plus pertinent et le plus sensible. » L’Humanité
« Une composition artistique riche et complète. » La Terrasse
« Une aventure couronnée de succès par l'interprétation inspirée de tous les comédiens. »
Froggy's delight
Interprète(s) : Raphaël Almosni, Jacques Courtès, Florent Dorin, Stanislas Grassian, Nitya Raimond
Metteur en scène : Stanislas Grassian

Encore au théâtre du Rempart, "Mystère Pessoa, mort d'un hétéronyme" met en scène les trois principales personnalités de l'auteur : Alberto Caeiro, le maître des hétéronymes, Alberto de Campos, le jouisseur sensuel, et le rationel Ricardo Reis. La mise en scène, précise et soignée, traite l'œuvre de cet angoissé dont les nuits sont hantées par ses doubles inquiétants comme un chant à plusieurs voix, une sorte de chorale bien rythmée et parfaitement harmonisée. On y retrouve la saveur de la langue du portugais mais aussi une ambiance, un jeu subtil qui se moque des contradictions. La scénographie est belle, très esthétique et dissimule des cachettes, des surprises, des secrets. Comme l'âme du poète.


PRIE D'INSERER à la demande de KOKA



Camille, petite coiffeuse de province, aime les chips, les séries télé romantiques et son canapé en velours…

Mais la vie ne se déroule pas comme dans une sitcom…
Prise au piège de l’amour, ce canapé devient son refuge et la douceur du velours sa consolation… Un refuge pour échapper à l’amour… Un amour si violent, trop violent…
"Magistrale, drôle et émouvante… Sophie de La Rochefoucauld impressionne!" L'HUMANITE
"Christine Reverho signe un texte bouleversant..." PARISCOPE
"Un monologue au ton léger… délicatement mis en divan par Panchika Velez." PARIS MATCH
"Un texte sensible, joué sans pathos, avec énergie." TELERAMA

Interprète(s) : Sophie de La Rochefoucauld

Metteur en scène : Panchika Velez
Scénographe : Claude Plet
Costumes : Marie-Christine Franc
Lumière : Didier Brun
Création sonore : Guillaume Siron
Chargée de diffusion : Françoise Boyer 


Un one woman show qui commence de façon banale et presque trop quotidienne et qui conte la souffrance inavouable des femmes battues. Le jeu de l'actrice est détaché et tranquille, prenant mais sans sensiblerie. On se surprend à retenir son souffle devant une histoire pudique qui aurait pu être la nôtre. 

4 commentaires:

  1. Bonjour, Michelaise.
    La douceur du velours....

    Merci beaucoup pour ce billet.

    Et bon 14 juillet .

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  2. Comme il y a le Yin et le Yang il y a le In et le Off.
    Mais il faut être un initié pour le savoir.
    Lorsque tu "tapes" festival Avignon,une page t'es proposée consacrée à celui que tout le monde (je veux dire lés béotiens )connait et c'est tout.
    Il faut chercher pour trouver le Off et découvrir qu'il existe depuis 1963,qu'il est un festival à part entière ,qui s'est développé autour du In.
    Heureusement qu'il y a des gens comme toi pour en parler,alors qu'il compte près de 950 compagnies!!
    Bon ceci dit si on veut être informé il y les réseaux sociaux

    Je ne sais pas je n'ai pas dû tout comprendre mais je n'ai trouvé que La Leçon dans leur programme

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  3. C'est joli n'est-ce pas Herbert comme titre "la douceur du velours"... c'est Koka qui l'a vu, mais elle a aimé et comme la salle n'était pas très pleine, elle m'a demandé d'en parler. Pas eu le temps de l'inclure dans mon propre programme.
    Aloïs, nous avons, parfois, tenté le In et je t'assure, c'est très spécial... faut vraiment aimer le parisianisme et la Kulture avec un grand Q pour y trouver son bonheur... SI tu lis un peu les critiques, tu verras d'ailleurs que nombre de spectacles du In sont surtout des sujets à scandales divers, querelles et huées ! Le Off c'est tout un monde, tu l'as vu des centaines de troupes, plus de 1100 spectacles chaque jour, des salles à chaque coin de rue, et partout, des festivaliers qui parcourent les rues écrasées de soleil, leur programme à la main pour rallier leur prochaine pièce ! Bizarre que tu n'aies pas trouvé la leçon, il faut chercher par auteur, ou par salle ... je croyais avoir rendu le titre actif vers la page du spectacle, j'ai peut-être fait une fausse manip, j'avais tellement peu de temps, je vérifie !

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  4. Si si mon lien fonctionne et la leçon est bien dans le programme du off...

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