samedi 23 juillet 2011

RAPHAELIENS

Le quatuor Raphaël en 2010 lors de l'émission de France Musique à Bordeaux

Si vous tapez sur Google « quatuor Raphaël » vous tomberez inéluctablement sur le même texte, celui qui figure sur le programme du concert, celui qui les annonce partout, signé par les uns et les autres comme étant sa propre analyse de cet ensemble de musique de chambre. Par exemple on le trouve sous la signature d’Amélie Tcherniak en février 2011, lors d’un concert de midi et demi sur France Musique :
« Quatre jeunes concertistes - parmi les plus prometteurs de leur génération - animés d’une même curiosité pour la musique de chambre et le répertoire du quatuor à cordes se sont réunis en 2010 autour d’un projet artistique fort. Ainsi est né le Quatuor Raphaël, qui professe une bien curieuse arithmétique musicale, dans laquelle 1 + 1 + 1 +1 = 1 »…
 On ne sait pas finalement qui a conçu ces lignes, l’impresario du quatuor, les musiciens eux-mêmes, à moins que ce ne soit la journaliste ou quelqu’autre auteur de billet. Internet est devenu une vaste entreprise de « copié-collé » dans laquelle plus personne n’indique ses sources, tant la mutualisation frise le plagiat systématique. La mésaventure qui m’est arrivée avec la photo d’Idées Heureuses en est une illustration convaincante : pour illustrer mes comptes-rendus de pièces à Avignon, il me fallait des photos. Or la dernière mode est d’interdire, en début de spectacle, les prises de vue. Pourquoi, je n’arrive pas à le comprendre car si l’on veut parler du spectacle, pour le promouvoir et inciter les autres à aller le voir, il est bon de pouvoir illustrer son article. A la fin de chaque pièce, les acteurs y vont de leur petit couplet « si vous avez aimé, parlez-en, c’est vous qui assurez notre meilleure publicité ». Le fameux « bouchazoreil » dont nous parlions tantôt. Or comment en parler plus efficacement, même s’il n’a pas une audience importante, que sur un blog ?? Avec un blog, on touche facilement 100 à 200 spectateurs potentiels, tour de force impossible à réaliser dans les filles d’attente. Bref, pas de photo. Comment faire alors pour illustrer votre critique : recherche image Google, et on choisit une photo non privée, du genre de celles qui figurent sur les annonces de spectacle, on est sûr alors qu’il s’agit d’un cliché promotionnel, appartenant en quelque sorte au « domaine public ». Sûr ?? Et bien non, la photo que j’ai utilisée pour parler de « Lear et son fou » provenait d’une annonce de spectacle par le théâtre du Verbe Fou mais… surprise… c’était une photo « privée », prise en 2009 par Martine à l’occasion d’un entretien avec l’acteur. Bref, de la même façon que j’ai retrouvé l’autre jour des phrases de mon article «Bêtes à Bon Dieu » réutilisées le lendemain dans un article de Sud-Ouest, on se dit que le métier de journaliste devient facile ! Plus besoin de se fatiguer à prendre des photos ou à écrire des articles, il suffit de chercher sur la toile ! Il y a toujours un petit blog sympa qui a fait le boulot pour vous. Certes, dès lors qu’on publie, on sait qu’on s’expose à ce genre « d’emprunt », mais on aimerait juste que les emprunteurs aient la courtoisie de vous demander l’autorisation, qui sera accordée dans problème, d’autant qu’on est ravi d’être relayé !
Bref, revenons à nos moutons, et de fait , Pierre Fourchenneret,  le violoniste du quatuor Raphaël arbore une tignasse tout à fait dans le ton, qui correspond parfaitement au look du soliste génial qu'il est !!

 


Le discours unique sur cet ensemble dont je parlais plus haut évoque ensuite l’alchimie, la complicité, et ce qui fait que 4 musiciens, 4 solistes, peuvent devenir, l’espace d’un concert, un véritable ensemble avec une personnalité artistique affirmée. C’est marrant car, à Bordeaux où nous les avons entendus lors du concours de quatuor à cordes de 2010, ils avaient la faveur du public, et on les donnait volontiers gagnants. Pourtant personne ne s’étonna de leur seconde place : ce n’était pas un quatuor mais un très bel ensemble de solistes.  Depuis, la géométrie de l’ensemble a été légèrement remaniée, le violoncelliste Kenji Nagaki a été remplacé par la talentueuse Maja Bogdanovic car l’ensemble a décroché un certain nombre de concerts et il fallait  rester unis ! Il semble qu’ils aient bénéficié d’une résidence à la Fondation Singer-Polignac, bien que je n’aie trouvé trace d’eux (je vous conseille vivement une visite sur le site de cette fondation : vous y verrez le nom de jeunes instrumentistes talentueux qui sont aidés et soutenus par cet organisme dont le mécénat est particulièrement actif en faveur le musique). Pour un ensemble de musique de chambre, profiter d’une résidence est un énorme avantage, car cela lui permet, le temps de cette aide, de travailler en symbiose, de cultiver son entente musicale  et de construire son identité. Car toute la difficulté consiste justement à jouer comme un seul alors qu’on est quatre ! Et plus on est talentueux, plus cette fusion est difficile, car elle suppose des renoncements, une attention aux autres, une modestie qui ne va pas forcément de pair avec les habitudes d’un soliste de premier plan. Le quatuor Raphael possède à cet égard un potentiel fabuleux, j’ai déjà cité le violoniste et la violoncelliste, j’ai eu hier soir un vrai coup de foudre pour l’altiste, Arnaud Thorette, qui a une personnalité étonnante.
Bref, le quatuor Raphael est talentueux, ses pianissimi, d’une élégance, d’une sûreté et d’un raffinement extrêmes le prouvent suffisamment : quoi de plus difficile à réussir quand on est dans l’à peu près technique ? Or, c’est clair, ils sont, du point de vue de la  technique instrumentale, impeccables. Par contre, on sent parfois, à certaines imprécisions, à de petits dérapages fort bien contrôlés, ce sont de pros tout de même, qu’ils n’ont pas forcément assez travaillé ensemble. Leur interprétation du quatuor en la majeur, opus 41 numéro 3 de Schumann était à cet égard révélatrice : après un premier mouvement agréable mais entaché de quelques approximations, ils nous ont offert un moment de pure extase avec les deuxième et troisième mouvements, tandis que l’interprétation du dernier, allegro vivace, joué un peu lentement, lentement, était plus plate quoique fort correcte. Oh certes, nous nous faisons l’effet d’être de méchants pinailleurs, il faut dire que la fréquentation des concours où les artistes se donnent à fond et prennent un maximum de risques, rend difficile. Et il est heureux et naturel que les ensembles soient plus décontractés lors d’un simple concert.
Un quatuor à suivre donc, prometteur, ayant un superbe potentiel et qui, s’il parvient à maintenir sa cohésion et sa complicité, fera parler de lui autrement que par ce texte sans cesse reproduit qui n’évolue guère depuis une bonne année !! 

11 commentaires:

  1. Je continue à te suivre et note ce quatuor Raphaël pour si un jour...

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  2. C'est amusant ton billet aujourd'hui alors que je vais renouer avec Sceaux.
    je vois que nous procédons un peu de la même façon avec Google mais dis moi tu es allée la chercher fort loin ta formule arithmétique ,huitième page pour moi!!!

    Tu vas rire trouvé sur le blog de DEB":

    "Un autre superbe moment a été celui du quatuor Raphaël (deuxième prix) dans un Adagio & fugue de Mozart. Mais c'est le quatuor Zemlinsky qui a gagné. Est-ce que c'est avec l'emmerdant Opus 127 de Beethoven ?"

    J'espère que tu as retenu ta place pour le samedi 12 mai 2012 20h
    Bon ici Pennetier aujourd'hui il ne faut pas s'attendre de ma part à en parler aussi bien que toi non que je ne l'apprécie pas (je en suis pas maso) mais parce que je n'ai pas ton talent.
    Il faudra patienter un peu pour Belcea,Zemlinsky, et Parisii

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  3. Bonjour, Michelaise.

    Comme d'habitude , je découvre beaucoup avec toi. Et si ma contributions ne consiste qu'à prendre sans jamais donner, il faut me le pardonner.

    Je voudrais faire une remarque formelle sur la lisibilité de tes textes et je le fais ici, parce que c'est flagrant.
    La première partie est parfaitement lisible.
    Mais les autres le deviennent moins car les caractères sont comme en retrait.
    Et je rencontre alors des difficultés de lecture.
    C'est souvent le cas dans tes autres billets.

    Il est vrai que je porte des lunettes et que je commence à avoir des problèmes de vue.
    Mais, cette fois-ci, exemple à l'appui, je voulais te le dire.
    Ce qui montre en même temps l'attachement que je porte à ce que tu écris

    Mais ne change rien pour autant...

    Bon dimanche.
    Et merci pour tout.

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  4. Merci Herbert de ta remarque : je pense qu'en fait c'est la présentation par défaut qui donne ces caractères gris clair, alors parfois, quand j'ai écrit le texte avant sous word et que je fais un recopiage, cela fait noir et c'est lisible mais dès lors que j'écris en direct cela donne ce gris pâle. Je pense que c'est de cela que tu veux parler : je vais aller arranger cela tout de suite et tu me diras si ça va mieux. Merci de ta remarque.
    Aloïs, l'emm... opus 127, ils l'ont tous joué, à un moment ou à un autre, voire en concert !! Tu vas donc voir Zemlinsky : nettement plus "quatuor" que Raphaël, mais sans doute moins virtuose. En tout cas, lors de la finale Raphaël a pris des risques et cela n'est pas passé. En concert, ils offrent des moments de pur bonheur mais pas que !! Quant à Zemlinsky, vus comme tu t'en souviens, à Bordeaux, on a trouvé le concert ennuyeux : mais, je dois dire que ce n'était absolument pas de leur faute. Ils sont arrivés plein de fougue et le public était tellement nul qu'ils ont décroché. J'imagine qu'à Sceaux ce ne sera pas pareil. Pennetier, lui aussi, est sensible à l'ambiance, il a tant à donner !!
    Alba, qui sait, nos jeunes virtuoses ont "décroché" pas mal d'engagement lors du concours, alors pourquoi pas Maadrid ... ou le Pays Basque

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  5. Presqu'en écho à Herbert je voulais me féliciter pour la taille des caractères qui a grandi, car moi c'est plutot ça, plus encore que la nuance de couleur, qui me facilite bien la lecture. Et donc merci, en plus des contenus !

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  6. Je te remercie beaucoup, Michelaise.
    C'est maintenant parfait.
    Je peux déguster tout.
    Bonne fin de journée.

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  7. Je crois bien qu'ils sont venus jouer en Avignon.
    Au sujet du bouchazoreil et des photos: vu le bon "D'Artagnan hors-la-loi" à l'Espace Alya. L'on y met en boîte la police, la justice, la loi et l'odre. Un texte très libertaire qui fait glousser la salle de plaisir...Sympathique et dans l'air du temps. Deux ou trois spectateurs font discrètement, sans flash, quelques photos. Intervention alors (glissée dans le texte), d'un comédien qui nous annonce que "les photos sont interdites". Libertaires d'accord, mais aussi faux-culs tout de même...

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  8. Morte de rire Roberto : j'avoue que cette manie d'interdire les photos confine à l'obsession : il faut savoir ce que l'on veut, quand on est "homme public", j'entends ici qu'on se donne en spectacle, au nom de quoi prétendre défendre son droit à l'image ??? Et puis, s'ils veulent qu'on parle d'eux, pourquoi censurer... vous avez dit censure ?? Bon, je vois tout à fait le style de la pièce et t'avoue ne pas trop regretter, tu sais que j'aime assez peu les spectacles démagos qui flattent le public dans le sens du poil.
    Herbert, ravie que cela aille mieux. Siu, pour la taille, je pense que tu peux aussi jouer sur ton propre écran.

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  9. Je vais guetter ce quatuor Raphaël, on sait jamais s'il devait passer par ici...
    Pour nous ce fut un récital de piano, à voir sur mon blog!!!

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  10. On se demande parfois si ceux qui décident d'interdire les photos avant (et peut-être aussi après un spectacle sont bêtes ou s'ils font exprès de l'être? Au nom de quoi interdisent-ils cela? Je me le suis toujours demandé! Les photos sont une dimension très importante dans la valorisation d'une manifestation culturelle. S'il n'y a pas de photos, il n'y a pas de souvenirs, il n'y a pas de traces et (j'irais jusqu'à dire qu'il n'y a pas non plus de concert). Le concert survit aussi par ce qu'on en dit, ce qu'on en écrit et ce qu'on en photographie (avant ou après le concert, pas pendant bien sûr). Eh bien moi vois-tu chère Michelaise, les interdictions de ce type, je m'en tamponne le coquillard! Je veux dire par là que, en dépit des interdictions, je photographie quand même les artistes! Un jour, un Cerbère de Pleyel est venu m'engueuler parce que je prenais Juan Diego Florez en photo, au deuxième rang de l'orchestre de face! Elle me criait: Môôôôôônsieur... rangez votre appareil Je la laissais aboyer et je continuais à prendre mes photos. Ne lâchant pas prise, elle commença alors à se faufiler dans le rang et à venir jusqu'à moi. J'avais préparé pendant ce temps la réplique et sans me démonter je lui ai tenu à peu près ce langage : Ecoutez Madame, vous allez arrêter votre cinéma, je suis le meilleur ami de Juan Diego, c'est lui qui m'a demandé de prendre les photos, si vous avez un problème et si vous croyez être son porte-parole, allez donc le voir, mais moi je continue à prendre mes photos et vous ne m'en empêcherez pas! Eh bien figure que cette gueuse est repartie la queue entre les jambes et que je n'ai nullement été inquiété. J'avais peur qu'elle raboule avec son chef, mais non, j'ai eu une paix royale!!! Il faudrait en faire autant dans les églises romanes!!!

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  11. Oui Enitram, qui sait ?? Pour répondre à Aloïs, très au courant, le 12 mai à Bordeaux, j'ai mes places oui mais pour Eurydice ou je ne sais plus trop quel opéra ??!! Deux manifestations le même jour !
    GF ça c'est envoyé et ça fait du bien en le disant... c'est étrange cette nouvelle mode qui sévit très vivement dans les salles de concert, bientôt on va interdire les spectateurs ... je sais pas moi, on est quand même les meilleurs vecteurs non, on en parle au moins... et c'est mieux en montrant, et ça reste !!
    Quant à ton histoire elle est terrible, j'avoue que je n'aurais pas le 100ème de ton audace !! quand on me dit que c'est interdit, je ne fais pas, va falloir que j'apprenne à faire "la vieille dame indigne", enfin !!

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