samedi 10 septembre 2011

MARC RIBOUD A COGNAC



Chaque année le musée Hennesy nous offre une exposition dont le thème est toujours passionnant. Cet été elle était consacrée à Marc Riboud, un très vieux monsieur au regard curieux et à la sensiblité véritablement picturale. Je m'explique : ses photos ont la saveur des instantanés, documentaires et sensibles. On y lit comme dans des notes de voyages, sa perception d'une époque, l'ambiance d'une ville, les détails du quotidien. Mais toutes révèlent un art consommé de la mise en page, de la composition, rigoureuse et vibrante, qui donne sens à ces ces instants arrêtés. Chaque photo se lit, se parcourt comme un chemin de découverte, elle invite à s'attarder pour mieux comprendre.


L'exposition commence par la présentation de 3 appareils emblématiques pour le photographe : son premier Vest Pocket Kodak, qui lui fut offert pour ses 14 ans. Il a "fait" la seconde Guerre Modiale et marche encore aujourd'hui. Suit son premier Leica avec lequel il a réalisé "le peintre de la Tour Eiffel" et un faux appareil surprise qui lui fut offert à Cuba.


Grand voyageur, il a particulièrement aimé la Chine, y est allé souvent et cette exposition, consacrée à ses photos de là-bas, classe ses clichés, qui s'étagent de 1957 à nos jours, en trois sections que l'artiste définit lui-même ainsi :
Ecrire l'Histoire à l'encre des quotidiens "Aller voir de près les événements qui transforment la vie des hommes  de mon époque"
Espaces et public : topographies du réel, topographies imaginaires "Regarder est une respiration et, quand le hasard est avec moi et qu'une bonne photo m'est donnée, le bonheur n'est pas loin"
Construction du corps social : déconstruction des mythes "Je ne me lasse pas de guetter la surprise, la note juste, cocasse et émouvante. La beauté est partout".
Les photos sont présentées dans des sortes de grandes chambres noires où l'on rentre, de façon sumbolique, par l'objectif.


De la Chine, Marc Riboud dit qu"elle pour lui un réservoir inépuisable d'images, de paysages et de surprises visuelles. Là-bas, plus encore peut-être qu'ailleurs, les époques différentes coexistent, les émotions se lisent sur les visages." Il a vu les chinois s'adapter la Chine de Mao, subir la Révolution Culturelle, sortir du Grand Bond en Avant pour forger le grand boom économique et il ajoute "ces dernières années, j'ai aimé observé l'énergie, l'avidité, la précipitation avec laquelle ils ont quitté le couvent socialiste pour entrer dans la société de consommation".


Certains clichés de Riboud sont universellement consacrés : je pense au « peintre de la Tour Eiffel», perché sur une poutrelle ou bien encore à « la fille à la fleur », cette jeune femme qui en 1968 offre une fleur contre les lames des baïonnettes des soldats de la garde nationale près du Pentagone et plus récemment, Gong Li sur le tournage du film Vivre de Zhang Yimou. D'autres sont moins emblématiques mais toutes ont en commun cette inépuisable soif d'observer, se saisir et de dire !


L'exposition s'achève sur un film d'Olivier Carreras tourné lors de la visite de Marc Riboud chez les chais d'Hennessy. Le réalisateur a filmé l'objectif de Marc Riboud à l'affût des tonneaux et des gestes des tonneliers : il tourne autour d'eux, lentement, comme pour ne pas les effaroucher, et saisit l'instant sans bruit, de façon presqu'inattendue. On dirait qu'il veut se fondre dans le décor, pour mieux observer, se faire oublier pour mieux voir. « Suivre un tonnelier dans son travail, c'est suivre un diamantaire. Je suis extrêmement touché que mon travail passe aujourd'hui par ce chemin. J'ai envie de revenir »



5 commentaires:

  1. Une scénographie superbe pour un photographe que je ne connaissais pas du tout et que tu présentes merveilleusement bien... tu donnes terriblement envie de voir cette expo ou à défaut de découvrir d eplus près ces photos....

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  2. Ah Catherine, Riboud c'est "le peintre de la tour Eiffel" et "la jeune fille à la fleur devant les mitraillettes"... oui il mérite qu'on le "visite" fut-ce sur le Net !

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  3. Cela fait cinquante ans que Marc Riboud regarde le monde avec des yeux uniques.
    Peintre de la tour Eiffel fut sa première photo publiée dans Life,aussi l'une des plus célèbres et bientôt mise aux enchères

    "Les lieux sont comme les amis, j'ai besoin de les retrouver, de savoir s'ils ont changé, ce qu'ils deviennent"

    Lors d' une série de questions qu'on lui posait il y deux ou trois mois à celle une devise,il répondit:

    "Photographier, c'est savourer la vie. Et la vie serait si triste si nous ne rêvions pas de la changer! Ma meilleure photo sera toujours celle que je ferai demain... "

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  4. Forcément Riboud cela ne peut qu'être un maitre pour toi Aloïs ... on les envie des as de la photo en noir et blanc qui ont formé notre oeil, et notre sensibilité. Le petit film tourné à l'occasion de sa visite chez Hennesy, le montrant à l'affût de l'image à saisir, calmement, sereinement mais plein de curiosité, était charmant et permettait de mieux connaître ce très vieux monsieur qui a conservé un regard de jeune homme !

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  5. Oh que j'aurais aimé la voir cette exposition-là ! Dans un tel cadre et d'un tel maître, une merveille !

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