C'est Danielle qui m'incite à parler un peu cinéma. Son billet sur Appolonide que nous avons raté ou pas envie d'aller voir, craignant que ce soit un film complaisant, me conforte un peu dans cette impression et ne pouvant lui répondre sur ce sujet, j'en profite pour faire le moint de nos dernières toiles. Car elle en appelle au partage !
Il y a eu les vacances, temps de pénitence pour nous car la programmation cinéma Art et Essai est remplacée par une programmation commercial plus propre, pensent nos édiles, à satisfaire les touristes que celle qui nous permet, les autres 10 mois de l'année, de ne pas périr idiots. C'est peu cher payer ce luxe d'un cinéma correct et on attend patiemment le mois de septembre. Puis, à la rentrée, il y a eu quelques déceptions qui ne donnaient pas lieu à développements, je n'aime pas faire des billets pour râler. Mais là j'ai envie de vous parler du film d'hier soir et du coup, je m'offre une petite rétrospective.
Notre reprise s'est faite avec "Lourdes"... Sans doute y avait-il quelqu'intention didactique, sociologique ou affective dans ce film aux contours indécis... Mais j'avoue que je n'ai pas compris qu'il ait pu même voir le jour : c'est tellement simpliste et naïf sur un sujet qui, somme toute, aurait pu faire l'objet d'une observation moins enthomologiste et plus élaboré qu'on se demande à quoi ont pensé les financiers de ce projet. Il est à craindre qu'ils aient été, en matière de religion, d'une ignorance telle que les poncifs qu'aligne le scenario ne leur soient même pas apparus. En plus c'est mal dirigé et fort mal joué, mis à part, forcément, Sandrine Testut qui, même elle, finit par être un peu larguée et ne plus trop savoir quelle attitude prendre. A éviter si vous ne voulez pas sombrer dans l'anticléricalisme primaire.
Ensuite nous sommes allés voir Habemus papam. Forcément ! Moretti c'est comme Nothomb, chaque fois on se jure qu'on en se laissera plus piéger, et chaque fois on rechute. La pression médiatique et de l'entourage... "T'as vu ? ben non ... j'ai bien envie d'y aller ... pourquoi pas moi aussi ?" Alors, on finit par y aller aussi. Et ce qu'on redoutait se produit : Moretti fait son show. Ce qui donne des longueurs et des complaisances dont on a un peu soupé. Certes Piccoli joue bien, mais ça tourne court. Le personnage du pape n'est pas assez fouillé pour être vraiment intéressant. Et Nanni qui s'écoute pérorer, qui se regarde jouer et trouve tout cela tellement follement génial, moi j'avoue que j'en ai vraiment assez. Si vous avez vu peu de Moretti, pourquoi pas... Sinon, à éviter, revoyez Piccoli dans le Mépris !
Là, on commençait à se dire "jamais deux sans trois" et Alter, prudent, n'osait plus préconiser quelque film que ce soit. Heureusement nous sommes allés voir "La Guerre est déclarée". Un sujet grave et autobiographique traité avec la sensibilité qu'il fallait et sans sensiblerie.Tourné avec de petits moyens mais un grand souci du détail le film sonne juste. Pas de suspense puisqu'on sait que l'enfant sera sauvé mais beaucoup d'efficacité avec en particulier la technique de la voix off qui donne du relief aux sentiments et aux émotions de protagonistes. Une bande son qui permet l'assimilation aux personnages et rend le propos plus palpable, entre la musique de Radioscopie et Vivaldi, on est dans un univers familier. Et surtout des acteurs très justes qui n'en font pas trop et n'en sont que plus convaincants. Mais vous l'avez sans doute déjà vu et apprécié !!
Par contre, peut-être n'avez-vous pas vu le Cochon de Gaza dont le tirage a été confidentiel. N'hésitez pas à vous le procurer quand il sortira en DVD : c'est un vrai bonheur. Drôle, grave, léger sans être superficiel, c'est une parfaite approche du problème israëlo-palestinien sous son aspect humain, quotidien, banal mais pourtant tragique. La comédie n'est jamais lourde, les petits traits de tendresse jamais frivoles. Le personnage principal admirablement interprété par Sasson Gabay est modeste et digne, un "juste ordinaire", ce qui le rend convaincant. Fatima, Baya Belal, la superbe et parfaite épouse de Jafaar, compose avec élégance et retenue un personnage clé du film qui, lors de son improbable rapprochement avec l'occupant, trace la trame du drame que représente l'occupation de la bande de Gaza au jour le jour.
Je me suis, forcément, intéressée au rôle du cochon et vous livre le secret de tournage tel qu'Allo Ciné le raconte :
"Pour trouver le cochon, Guy Demasure, dresseur, a organisé un casting de cochons vietnamiens, et en a choisi cinq. Après lecture du scénario, il a effectué deux mois de préparation. C’est pendant cette préparation qu'il a constaté que, parmi les cinq cochons, il y en avait un qui sortait du lot. C’était Charlotte, une femelle, alors que le rôle était celui d’un mâle. Mais comme elle était très talentueuse, elle a été choisie pour apparaitre dans le film".
Pour finir, la petite séance de hip hop entre éclopés de la co... (non !!! pas comédie !!) humaine de la fin est sublime : ni larmoyante, ni complaisante, elle est, en toute simplicité, très émouvante.
Hier enfin, nous avons vu "Au Revoir" et c'est pour vous parler de ce film admirable que j'ai décidé cette petite rétrospective. Tourné en semi-clandestinité par Mahammad Rasoulof, lui-même réduit au silence par la justice iranienne (après l'arrestation générale de l'ensemble des membres de l'équipe du film), ce film a été présenté à Cannes au nez et à la barbe des douanes iraniennes. "Au revoir" décrit le combat d'une avocate contre les rouages kafkaïens de la bureaucratie des mollahs. C'est superbe : émouvant, prenant, austère, difficile, pénible mais on ressent, durant la projection, physiquement et moralement ce qu'absence de liberté signifie. Pas un son plus haut que l'autre, pas la moindre image agressive, au contraire tout est statique, superbement cadré et mis en espace comme de spelndides clichés en noir et blanc. Mais il sourd de ce chef d'oeuvre une violence telle qu'on en sort moulu, tendu par une heure trois quarts de malaise, en voyant l'héroïne s'étioler à cause des pressions et de la censure dictées par la République Islamique. Un chemin vers le repli sur soi s'impose à cette femme dont la solitude est terrifiante et on souffre litéralement autant qu'elle tant cette voie est aride.
Leyla Zareh superbement sobre, tient presque tout l'écran et incarne avec simplicité et beaucoup de tact cet étouffement d'autant plus dramatique qu'il est discret.
Mohammad Rasoulof est toujours dans l'attente d'un verdict. Il encourt une peine de six ans de prison assortie d'une interdiction de tournage pour vingt années. Raison de plus pour aller voir son film et soutenir cette parole qu'on menace de faire taire. Encore et toujours. Même si Rasoulof affirme que son film n'est pas politique ""Je crois que c’est une erreur de croire que mes films sont politiques. Mes films peignent la vie et les situations complexes qui nous entourent. C’est l’intolérance et la précipitation des autorités du cinéma iranien qui donnent une dimension politique à ces situations simples.". Néanmoins, il admet que l'on peut voir dans son cinéma quelque chose de l'ordre du politique, du fait que "dans un régime totalitaire, chaque réaction, chaque critique est considérée comme un geste politique." Un cinéma de résistance qui ose dire la dictature sans métaphore.
Je suis assez d'accord avec toi .
RépondreSupprimerLourdes je ne suis pas allée le voir je ne supporte pas Sylvie Testut!
Ne me demandez pas pourquoi je suis incapable de le dire!!!
Habemus Papam bof je l'ai pris comme une complainte,une fable....
Du coup je ne me suis pas trop ennuyée sauf au volley j'en avais un peu assez de jouer au volley cela n'en finissait pas!
La Guerre est déclarée je ne suis pas complètement de ton avis,justement je ne trouve pas que cela sonne juste.
Cela serait magnifique si cela se passait ainsi.
Pour avoir longtemps fréquenté les services d'hématologie dans les quels hélas se trouvent un nombre d'enfants inimaginable,pour avoir vu les parents avoir "vécu" avec eux,je pense pouvoir dire que ce n'est pas vraiment ainsi que cela se déroule.
Certes afin que justement il n'y ait pas de sensiblerie il fallait certainement adoucir la chose
Le film sonne juste si on le prend comme un film sur l'amour
Le cochon de Gaza est prévu pour cette fin de semaine.
Au Revoir ,tout simplement magnifique.
A voir aussi
Et maintenant où on va?
Fable?Utopie?
Pour en revenir à "la guerre est déclarée" c'est, entre la voix off, le fait donc que c'est "raconté", le petit extrait genre comédie musicale, la volonté affirmée de gommer toutes les modalités "techniques" aussi bien au quotidien qu'au médical, un peu une fable aussi. Cela ne se pose pas en documentaire mais en narration distanciée. Ce qui t'as sans doute paru, par rapport à la réalité des enfants souffrant dans les hôpiaux, vraiment faux. Film sur l'amour oui, en fait sur la nécessité d'être uni face aux épreuves. La séparation du couple à la fin est juste évoquée, pas du tout développée : et là encore on sait combien ce type d'événement est une épreuve terrible à surmonter et souvent source de cassure dans le couple. De fait, c'est clair, c'est aussi édulcoré de ce point de vue là. Au total, le sujet était délicat et j'étais un peu méfiante : j'ai trouvé que la réalisatrice s'en sort bien.
RépondreSupprimerJe me mets le cochon de coté !
RépondreSupprimerPour ce qui est de la guerre est déclarée, je partage l'avis de Françoise, les extraits de la bande annonce sonnent faux,ça m'a dissuadée d'y aller. Enfin tout le monde semble en sortir content et ça a l'air gentillet...
Vu aucun, et aucun ne me tente sauf, peut-être Le cochon de Gaza. J'irai plutôt voir The Artists. J'aime bien Testud. Mais je ne saurais, aussi, dire pourquoi...
RépondreSupprimerCela ne va pas jusqu'au gentillet mais c'est très positif, ce qui, étant donné le contexte, est forcément résolument optimiste. Si tu veux du sombre Lulu, va voir Au Revoir !
RépondreSupprimerBon The Artists on va y passer, Alter a dit que même si c'est pas top, on est en vacances et on a vu pire ! Bien dont acte ... Quant à Testut elle ne me fait ni chaud ni froid, mais comparée aux autres acteurs de Lourdes, particulièrement nuls, à croire que c'est un parti pris, elle joue.
Ah oui Roberto! Moi aussi je vais aller voir The artist ! J'aime bien Jean Dujardin, c'est le Bébel d'aujourd'hui et j'aimais bien Belmondo aussi, le magnifique. Dujardin, je le trouve beau, drôle, touchant, populaire, sincère...Et j'ai la naïveté de croire que Chouchou va au Carlton avec sa femme ;-)
RépondreSupprimerTu ne m'as pas comprise Michelaise, je n'ai nullement envie de sombre, certainement pas sur ce sujet... Mais je crains le faux, voire le complaisant, bref la version coloriée faussement optimiste que l'on attend, et qui n'empêche surtout personne de dormir !
RépondreSupprimerEt puis, pour développer, le coté, ça tombe sur nous parce qu'on peut le supporter, non merci, ça m'étrangle...
Dans ce registre de film, je garde au coeur "Le p'tit Prince a dit" avec Richard Berry et Anémone film de Christine Pascal que j'avais déjà aimé avant.
Vous devriez aller voir le Tintin de Spielberg...ce n'est ni de la BD ni du cinéma mais justement ;) Bise
RépondreSupprimerTestut avec un T. Je devais penser à la marque de pèse-personnes...En fait de cinéma je vais surtout chercher à me procurer le DVD de Il Postino qui vient d'être réédité. Envie de renouer avec un cinéma italien oublié. Moretti m'exaspère. The Artists est encensé par la critique. A tort ou raison...Je crains de m'ennuyer un peu, mais pas d'autres films à me mettre sous la dent.
RépondreSupprimerLulu je déteste le complaisant autant que toi et malheureusement c'est un style de plus en plus fréquent !
RépondreSupprimerOui Chic, le Tintin, j'y pense mais j'aime tellement la vraie BD que je suis méfiante sur la mise en images.
Roberto, tu l'as dit à ma place, Moretti m'exaspère !
bravo Michelaise, belles chronique, je ne suis pas aussi sévère que toi sur Lourdes, surprenant, déroutant, Sylvie Testut je l'aime bien moi, les images sont magnifiques, et puis ce film dévoile des rituels totalement inconnus. mais in fine, je me suis un peu ennuyée c'est vrai.
RépondreSupprimerPas vu les autres films, hélas ! par contre j'ai vu "Ceci n'est pas un film" de l'iranien Jafar Panahi qui attend lui aussi un verdict de la cour d'appel... Mais je me suis beaucoup beaucoup ennuyée à son film de chambre !!!
Bon, je cours voir le dernier film de Dumont B. Hors Satan...
J'en parle après :-)))
Bises du jour.
Que dire...? Tes critiques sont toujours aussi efficaces. Je note "le cochon de Gaza" et "Au revoir"... Deux titres qui me tentent vraiment.
RépondreSupprimerMerci Michelaise :-)
Danielle et Oxy merci de votre confiance
RépondreSupprimerMoi, j'ai détesté Habemus Papam (je me demande pourquoi je continue à aller voir des films de Moretti... l'Italie ne peut pas être toujours un prétexte). Mais cette semaine je vais voir La Guerre est déclarée, et je m'en fais une joie. Tous ceux que je connais ont beaucoup aimé ce film. Et person, j'ai un petit faible pour Jérémie Elkaïm... Je note le Cochon de Gaza... Le titre est marrant et tu en parles si bien!!!
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