lundi 24 octobre 2011

VOUS ME LE COPIEREZ !

Quelle est la hantise du prof moyen ? Comment se fait-il qu’un métier, somme toute a priori agréable*, devienne pour certains un véritable calvaire ? Pourquoi vivent-ils, ces profs, en état de perpétuelle inquiétude, de remords permanent, de malaise chronique ? Plus un mot ! vous avez trouvé, car même si vous n’appartenez pas au corps enseignant, vous nous avez déjà entendu geindre sur “ l’énorme tas de copies à corriger ”, en souffrance, comme il se doit.


Il en est qui, revenus chez eux avec la pile narquoise, la jettent rageusement dans un coin, où ils l’oublient durant des jours, voire des semaines, avec toujours en arrière-pensée “ qu’il va falloir s’y mettre ”. Tout plaisir autre est alors gâché par cette pensée obsédante, et chaque occupation qui les éloigne de ce pensum leur paraît volée, injustifiée. Le temps passe, les élèves oublient le sujet, eux aussi d’ailleurs, et le jour où enfin, à force de courage ils s’y attaquent, c’est trop tard, cela a perdu son intérêt pédagogique, le cours est à mille lieux du thème traité, et c’est à un travail parfaitement inutile, mais incontournable qu’ils se livrent dans l’aigreur et le ressentiment. D’autres, dont je suis, se précipitent au retour du lycée, toute affaire cessante, sur le tas récolté, et sans boire, sans manger, sans respirer jusqu’à l’épuisement des feuilles, de l’entourage dont ils exigent un silence religieux pour mieux se concentrer, et d’eux-mêmes. Ils biffent, soulignent, annotent, pèsent, en un mot corrigent jusqu’à l’écœurement. Lorsque, la dernière copie fermée, ils posent enfin leur stylo rouge, un profond sentiment de bien-être, de délivrance, de devoir accompli, les submergent. Et les élèves les voient revenir au cours suivant avec la certitude que les jeux sont faits.

Il en est qui ramènent chaque semaine de multiples petits tas, ayant de nombreuses classes auxquelles ils infligent avec régularité des interrogations brèves mais rapprochées. Ce sont 150, voire 200 copies minces, mais inépuisables, qui les attendent en permanence. Il en est, dont je suis, qui n’ont qu’une classe, mais tous les 15 jours c’est un devoir de 4 heures qui se déroule : vous imaginez alors la taille des copies, leur poids, leur densité. Il faut établir des barèmes, des tableaux de notation, et question par question, 20 fois, 30 fois, une fois par le haut, une fois par le bas, reprendre les feuilles, et chercher le petit a) du grand B) du 2ème dossier de la 4ème partie.


Pour certains, le contenu est littéraire, et pour le pratiquer aussi, je peux vous garantir que les textes sont tellement confus, complexes et indigestes,  qu’ils provoquent de véritables nausées dues à la concentration exigée pour en saisir la teneur : corriger les fautes d’abord (on m’a parlé récemment de 157 dans un devoir de français), puis reprendre pour la syntaxe, qui rend la pensée de l’élève difficile à cerner, et enfin reprendre encore pour le contenu, les idées, la structure. C’est titanesque. Pour d’autres, dont je suis aussi, l’affaire paraît apparemment plus simple : le raisonnement est juste ou faux, la méthode comprise ou non, mais ce serait sans compter avec les erreurs de calculs, les chiffres mal  formés, les oublis de démonstration, le désordre des tableaux, et il faut recompter, repointer, suivre des raisonnements alambiqués pour comprendre ce qu’a voulu dire l’impétrant.


Alors, vous qui n’êtes pas prof, soyez indulgents pour ceux qui vous parlent toujours de ces copies en attente, avec un air égaré, et implorant votre compassion ! Cela revient avec une régularité qui vous agace, mais n’oubliez pas que ce pensum n’est jamais terminé, et que le rêve de tout prof moyen est de rentrer chez lui, son boulot terminé, et de ne plus entendre parler de papier quadrillé ! Voyez, moi qui écris, je viens de terminer le paquet d'entrée de vacances, et après moult bâillements, étirements et manifestations bruyantes de la corvée que cela représentait, je suis enfin libre de vivre mes vacances en paix …

* Agréable quand on travaille dans le supérieur et qu'on oeuvre en campagne, avec des étudiants bien élevés et assez motivés pour vous respecter... car certains de mes collègues travaillent dans des conditions humaines insupportables que je n'oserais même pas détailler tant cela est difficile d'en parler à leur place.

19 commentaires:

  1. Il en est des profs comme de nombreux corps de métiers mais peut-être plus encore pour eux, de nombreux préjugés et jugements hatifs les cataloguent comme des privilégiés qui ont beaucoup de vacances !la plupart des gens s'arrênt là... c'est réducteur et absurde et ne tient aucun compte de la réalité... pour avoir eu un père et des soeurs enseignants, ma mère m'a toujours élevée dans le respect du corps enseignant et appris qu'il n'y a pas que le travail qui se voit(les heures de prsence à l'école , lycée fac...etc)Mais tu fais sans doute partie de ce que j'appellerai l'élite du corps enseignant, passionnée par ton métier et le faisant bien(j'en suis sûre) mais hélas la fréquentation assidue du collège puis de plus loin du lycée et maintenant d ela fac, m'a appris qu'il y a des enseignants qui font ce métier comme ils en feraient un autre sans conviction et sans passion, utilisant sur leurs élèves leur "pouvoir" pour casser des rêves, briser des personnalités, tenir à leur merci des esprits fragiles ou tout simplementt ignorer les plus élémentaires de leurs devoirs...au détriment de ceux qu'ils sont censés au minimum instruire et au mieux les aider à se dépasser...Alors je n'ai plus vraiment d'indulgence pour certains d'entre eux ...mais je suis la première à m'émerveiller lorsque je croise quelqu'un comme toi...bonnes vacances!

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  2. Article que je définirais exaustif sur la phénoménologie des copies... tu mérites donc une une deuxième fois -la première parce que tu les as sagement déjà corrigées- qu'on te souhaite des bonnes vacances !

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  3. Heu..n'étant ni prof ni élève je ne saurais avoir d'avis tranché sur la meilleure façon d'aborder la correction des épreuves. "Corriger", voilà un curieux verbe. Il peut tout autant signifier remettre pédagogiquement dans le bon sens , le bon ordre, qu'infliger une correction. Volée de bois, voire fessée. Ton approche du tas de copie me paraît la bonne, j'entends par là qu'elle correspond à la fois à la déontologie du métier et à l'attente des "corrigés". J'ai eu une amie très chère, prof de latin-grec (cela existe encore !)qui attendait avec impatience ces copies. Leur longue "correction" était pour elle le meilleur indicateur de la qualité de son enseignement et du bon apprentissage de ses élèves. Il est vrai que, fréquentant un lycée international, ils étaient tous brillants et réceptifs...
    En ce qui me concerne j'étais attentif à la couleur employée: l'usage du stylo rouge me semblait évident pour les maths, les sciences. Beaucoup moins pour les disciplines littéraires...Quelle est ta couleur ?

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  4. oh la la Siu, tu as raison, un vrai phénomène que celui de la copiologie !!! merci pour ton indulgence...
    certes catherine il existe des profs qui cassent, brisent, ne font rien, tirent au flan, font des dégâts etc... moi, je suis toujours hallucinée par l'extrême conscience professionnelle de la plupart d'entre mes collègues, pas payés un centime de plus qu'ils soient méritants, consciencieux, assidus, ou comme je le décrivais ci-dessus. Pour beaucoup c'est une vraie belle vocation, non reconnue socialement mais vécue avec force et conviction, je trouve toujours cela admirable !

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  5. Tout est dans l'art d'enseigner...et la vocation est indispensable.
    Bravo Michelaise pour ta conscience professionnelle...mon frère est prof mais à peine sortie des cours il s'est envolé pour une île bien lointaine, peut-être a-t-il emporté ses copies, j'en doute !

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  6. Je vois que la plaie purulente de l'enseignement est de même nature de part et d'autre de l'Atlantique! Je suis, de surcroît, prof de lettres. Par ici, les commentaires composés vaseux et les dissertations fouillis. J'en suis à ma vingt-deuxième année. Pour atteindre l'âge vénérable de la retraite, après un congé de maladie de trois mois l'an dernier, j'ai, comme on dit un peu pompeusement, réfléchi à ma pratique et apporté quelques modifications. Compte tenu du fait que la préparation des leçons et des travaux à la maison n'est jamais faite et que je me trouvais un peu ridicule de mettre vingt-cinq de mes trente élèves à la porte pour qu'ils aillent faire le travail avant de se présenter en classe, j'ai décidé de leur faire faire le dit travail... en classe! Pendant qu'ils planchent sur leur manuel et que, captifs, ils finissent par accomplir le pensum exigé, je corrige!!!

    Ainsi tout le monde est content : mes étudiants, car ils ne repartent pas à la maison avec des montagnes de travaux et moi qui diminue considérablement la hauteur des piles de copies de cette façon ;0)(J'ai environ 120 étudiants par session)

    Paresseuse? Je ne crois pas. Réaliste plutôt ou, encore mieux, pragmatique. Madame Don Quichotte, c'était bon avant que je ne franchisse le cap des cinquante ans. Maintenant, je respecte ce qui reste de ma carcasse et, au bout du compte, mes étudiants ne s'en trouvent pas plus mal puisqu'ils travaillent probablement plus qu'ils ne l'ont jamais fait y étant dorénavant contraints en un lieu et un temps donnés.

    Qu'en pensez-vous?

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  7. Ton billet est "sensible" après ce qui vient de se passer à Béziers je crois.
    J'ai comme Catherine était élevée dans le respect de l'enseignant.
    Je pense que le phénomène de profs qui ne font rien est un phénomène d'époque.
    Il me semble que cela ne se passait pas ainsi lorsque nous nous étions sur les bancs du lycée.
    Tout au plus nous avions des profs qui ne savaient pas faire passer leur savoir mais cela s'arrêtait là du moins il me semble ou alors j'étais dans un établissement privilégié.
    J'ai peur que de nos jours beaucoup embrassent cette profession pour la sécurité de l'emploi sans avoir conscience de ce que cela représente.
    Une de mes nièces a "fait " Les Arts Décoratifs" section photo.
    Elle ne trouve pas de travail si ce n'est le WE: des mariages.
    Elle a tenté l'IUFM qu'elle a réussi mais s'est rapidement rendu compte qu'elle n'était pas faite pour cela,et cela s'est soldé par une dépression nerveuse
    Alors elle s'est tournée vers les lycées pro ayant une section photo.
    Ce n'est pas mieux!
    Je pense sincèrement que le métier de prof ne s'improvise pas et que de nos jours il faut être doté d'une bonne dose de bonne volonté, de patience, de mérite,de conscience professionnelle,de volonté de donner aux élèves le désir d'apprendre ,de construire leur avenir.
    Savoir accepter les aberrations,encaisser l'humiliation....
    Tout un programme

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  8. Roberto, c'est vrai que les devoirs sont là pour vérifier que ce que l'on a expliqué a été acquis... et de fait, le désespoir est souvent au rendez-vous, et parfois cela se termine par une prise de tête "mais c'est à croire que je ne leur en ai jamais parlé... cette erreur contre laquelle je les ai mise en garde au moins 10 fois, ils avaient l'air de penser que je radotais, tous l'ont faite... sauf un ! ouf ! je l'ai bein dit tout de même !!". Ton amie avait un public brillant et j'avoue qu'il me prend parfois d'en rêver : être comprise, suivie, précédée même ! il faut dire que je suis plutôt dans un lycée où l'on essaie de tirer des gens qui n'ont pas le niveau mais, parfois, ça marche et, autres lieux autres satisfaction, on fait des sauvetage qui sont enthousiasmants ! Quant à la couleur, euh, je n'en ai pas, je corrige sur des grilles de notation de 50 colonnes, donc sur ordi, et j'écris des remarques parfois en bleu ou noir, rouge si j'en ai mais c'est rare que j'aie un stylo rouge : je ne suis pas prof par vocation !! La nervosité de mon écriture suffit à faire repérer la remarque !!
    Evelyne, je le disais plus haut aucune vocation mais le désir du travail bien fait et parfois la joie de sortir des jeunes de l'ornière ! Quant à ton frère, il les corrigera au retour mais quelle galère alors !! à moins qu'il ne se soit organisé pour n'avoir point de copies pendant les vacances ! ce qui serait le mieux... c'est cela aussi le plus étonnant dans notre métier, on fait exactement comme on veut !

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  9. Je pense Marie Josée que ce n'est pas de la paresse mais en effet du bon sens, on s'adapte au public !! Je suis quant à moi obligée de leur faire faire des devoirs en temps et heure car ils ont chaque année des examens nationaux à valider au mois de mai... donc l'entrainement est primordial car les épreuves sont lourdes, et la gestion du temps fait partie des capacités testées (de futurs collaborateurs comptables doivent être capables d'organiser leur travail, et de traiter leurs dossiers de façon efficace). Ils sont demandeurs de ces devoirs mais quel boulot ! et encore je n'ai pas parlé du travail en amont, conception du sujet et construction de la grille de notation qui, si elle est bien faite, rend la correction plus aisée.

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  10. Aloïs ton analyse du métier est en tous points parfaite. Il n'est pas possible de le faire par hasard et beaucoup de jeunes déchantent vite. D'autant que, je le disais en note, si certains comme moi on la chance d'avoir un public motivé (près de la licence avec vue sur l'emploi), poli (la campagne), calme, brillant (l'amie de Marie Josée)... d'autres ont à affronter des jeunes qui n'ont pas, du fait de l'ambiance familiale ou sociale dans laquelle ils évoluent et des tendances lourdes de notre civilisation actuelle, la moindre envie d'apprendre sous la forme qu'on leur propose. Forme rigide et ancienne qui a du mal à évoluer. L'offre d'informations, les sollicitations consuméristes, l'évolution des moeurs sont telles que l'enseignement est totalement décalé pour ces jeunes. Cela demande donc, sachant qu'on reste contraint par des référentiels, beaucoup de souplesse, d'imagination, de pugnacité et tout cela pour une situation sociale qui n'a rien d'enviable : faut voir la tête qu'on te tire quand tu t'avoues prof !!! Mal payé, épuisant et peu considéré, le métier n'a pas la cote, et on s'étonne que des jeunes puissent encore le choisir. Et s'ils le font par défaut, comme tu le dis, cela ne peut réussir, pas de miracle !!

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  11. Bravo Michelaise pour les corrections appliquées des devoirs de tes élèves : je pense qu'ils doivent apprécier !

    Il est des enseignants qui tombent dans la profession sans se rendre compte de la chance qu'ils ont malgré tout. J'ai essayé, moi aussi, d'être instit, mais j'ai loupé le concours qui à l'époque était très difficile, pourtant je pense que j'aurais pu faire quelque chose dans ce domaine. Malgré tout, à chaque fois que j'ai pu, j'ai eu la joie de "transmettre" et faire partager mes passions à des enfants... sans copies à corriger ! Monitrice d'escalade en centre de loisir, animatrice en poneys clubs... pas de copies non plus !
    Tu suscites encore une fois un souvenir de classe : je n'ai jamais eu le retour d'un devoir de français que j'avais eu coeur à composer... j'avais même choisi le sujet, et je m'en souviens encore comme si c'était hier : "La fin de Monde : Dieu se retourne et dit : j'ai fait un rêve"... Je n'avais pas gardé de brouillon... et serais bien incapable de le refaire maintenant...

    Alors, courage à tous les profs !

    Biseeeeeeeeeeees de Christineeeee

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  12. Les copies, j'ai passé ma vie à les signer en haut à gauche ou à droite, là où il y avait une petite place, après avoir lu, quelquefois sans comprendre, les questions, les réponses et les corrections ;-)
    Ton billet m'évoque le souvenir de Mr X prof de SVT qui servit inlassablement les mêmes contrôles à la virgule près, à mes six mômes, pendant 10 ans !! Ils ont vite tilté et avec ce prof là, au moins on avait des certitudes sur la notation ;-)))
    Je me revois aussi halulucinant devant la première copie signée à ma place... Et le savon, devant le principal et la CPE ! Ben moi à son âge ;-)...

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  13. Ah ah Lulu, je suis sûre que TOI tu n'as jamais fait cela ! En tout cas, c'est la première fois que j'entends parler de ces devoirs signés par les parents, au moins ils ne peuvent se dire surpris par les notes de fin de trimestre !! Quant aux X prof de SVT, y en a toujours eu des comme ça, et en général ils étaient connus. Pour eux c'était tout bénéf car en plus les notes devaient être bonnes, et quoi de plus vite corrigé qu'une copie juste !
    Christineeeee dis-moi je ne sais si tu aurais aimé être instit toute ta vie, car surtout actuellement, c'est un métier usant ! pour cause les parents, pas les gamins ! Quant à ton sujet de dissert jamais rendue, j'avour qu'il m'accroche !!! mais je ne sais si j'aurais le coeur de le traiter ! car ce pauvre Dieu il a un réveil difficile !!!!

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  14. Petit ajout, Michelaise : j'enseigne au niveau du collégial. Ce palier d'enseignement, qui correspond à la première et à la terminale, est chez nous indépendant du secondaire et de l'université. Le Québec a innové, à la fin des années soixante, avec la création des CÉGEPS (acronyme pour «collège d'enseignement général et professionnel» devenu nom commun)et il n'y a pas d'équivalent ailleurs. J'ai donc à préparer mes étudiants pour un examen national et pour des examens à la fin de chaque session. Les cours que j'évoquais pendant lesquels ils travaillent à partir de questionnaires sont donc limités aux cours qui suivent les épreuves en temps mesuré qui donnent naissance aux copies à corriger. Je fais autrement cours normalement en ajoutant toutefois à ma pratique, depuis quelques années, tous les adjuvants que représentent les outils technologiques puisque nous disposons dorénavant d'un accès Internet dans toutes les classes, d'un écran et d'un ordinateur de même que de laboratoires lorsque les étudiants doivent aussi utiliser leur ordi et que nous ne sommes pas dans une zone du Cégep où le réseau sans-fil se rend.

    Je dois toutefois avouer, comme vous le disiez dans votre commentaire à la réflexion d'Aloïs, que, malgré l'utilisation de tout ce qu'offre les nouvelles technologies, il existe toujours un décalage entre le type de savoir que je dois transmettre et les centres d'intérêt des étudiants.

    Pour terminer sur une note plus optimiste, disons qu'il existe encore parfois des moments bénis qui sont souvent liés à l'introduction de références aux autres arts. Je parlerai ainsi bientôt d'impressionnisme à propos du «Ventre de Paris» de Zola et j'aurai aussi le plaisir d'évoquer Baltard et l'architecture du fer. Si jamais quelqu'un passe par Nogent-sur-Marne, faites-moi, s'il-vous-plaît, quelques clichés du seul pavillon restants des anciennes Halles!

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  15. Ma belle-fille est aussi dans l'enseignement, combien de fois quand nous allons chez eux les copies à corriger nous empêchent une sortie ou une soirée au restaurant, mais nous avons droit aussi à quelques perles à la lecture des rédactions !

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  16. Waouh ! Quel sujet !
    Une fois n'est pas coutume, j'ai non seulement lu ton article, mais aussi tous les commentaires... Un échange riche et passionnant...
    J'avoue ne plus savoir par où commencer pour commenter et j'ai bien peur de ne rien ajouter de bien intéressant. Je n'étais pas prof, seulement instit. Pas de grosses copies à corriger, mais, sans parler des différentes préparations, des lignes d'écriture à préparer chaque soir dans chaque cahier, d'une belle écriture, propre, ronde qui respectait les différentes hauteurs des lignes (un long travail); des corrections bien sûr, mais faciles... Une dictée de CP ou un petit texte libre sont loin d'être une dissert et les exercices dans les fichiers de maths ne sont pas des travaux de futurs spécialistes des chiffres... Mais quel temps passé pour se rendre compte parfois que la leçon n'était pas "passée"...
    Chercher alors comment transmettre, comment faire comprendre à ces petites têtes... Et comme tu l'écris alors, faire des "sauvetages enthousiasmants"... Combien j'en ai fait (ou cru en faire) de ces sauvetages... Quel bonheur de voir des yeux s'illuminer quand l'enfant a compris. J'en ai souvent eu les larmes aux yeux.

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  17. Suite de mon com trop long qui ne pouvait s'inscrire en entier...


    Oui j'avais la vocation mais sur la fin de ma carrière, j'ai déchanté.
    J'ai rencontré des parents extraordinaires, des enfants extraordinaires, mais aussi, hélas, des parents méprisants et des enfants désagréables... Et pourtant... je travaillais en campagne. C'était très calme, convivial même. Ce que doivent supporter les jeunes enseignants dans certains secteurs me paraît totalement inhumain. Comment enseigner correctement quand le respect, l'envie d'apprendre ne sont plus là. Comment enseigner correctement dans des classes surchargées ? Comment enseigner correctement quand on n'adhère pas aux nouveaux programmes prétentieux et pompeux et loin des réels besoins des enfants....Ne peut-on comprendre qu'il est nécessaire d'avoir une ambiance paisible (entre autres) pour transmettre.
    C'est une joie profonde d'enseigner. J'ai adoré apprendre à lire à mes petits élèves mais j'ai aussi souvent été découragée. Quand les parents n'ont plus le respect de l'enseignant, les enfants ne peuvent être respectueux.
    Je vais te raconter une courte anecdote. Un soir, j'ai fait écrire à mes élèves une petite question sur leur cahier de brouillon afin qu'ils interrogent leurs parents durant le week-end. Notre école jouxtant un petit fleuve côtier, j'ai demandé de répondre à la question : "Dans quelle mer se jette notre "rivière" ?".
    Le lundi, j'avais des réponses correctes, des enfants qui n'avaient même pas montré le cahier, donc pas de réponse, mais aussi cette réponse qui m'avait vraiment sidérée. En travers de la marge, le papa ou la maman avait écrit : "Qu'est-ce que ça peut vous faire ?!"...
    Si je suis maladroite pour écrire ce que je ressens à propos du métier d'enseignant je peux te dire mon admiration, à toi qui, je le sais, est intègre, sérieuse et qui dois te donner à fond dans l'enseignement.

    Comme Christineeee, j'ai aussi un souvenir de jeunesse, souvenir déçu...
    Je devais avoir plus ou moins 12 ans. C'étaient les vacances de Noël et j'avais la chance d'être aux sports d'hiver. Nous étions en maison familiale mais au lieu d'aller jouer avec mes copines l'après-midi, maman m'installait à une table pour que je fasse mes devoirs et plus particulièrement le compte-rendu du film sur la chauve-souris que le prof de Sciences Nat nous avait présenté en cours.
    J'en ai bavé pour rédiger ce compte-rendu. Je me suis appliquée et j'avoue que même si j'y ai par moments travaillé de mauvais coeur, j'étais à la fin très fière du résultat car je sentais que j'avais fait du bon boulot et que je méritais une très bonne note...
    Hélas, je l'attends toujours...
    Madame X, si vous lisez ce blog et si vous avez toujours ma copie, merci de l'envoyer avec ma BONNE note à l'adresse que Michelaise vous communiquera... Merci ! ;-)

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  18. Les élèves ou étudiants souffrent quand ils font leur devoir, et l'enseignant souffre quand il les corrige....
    Une souffrance partagée.
    Même si elle est inégale selon les circonstances...
    Et après tout, peser un devoir, c'est aussi peser ce que l'on a enseigné...

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  19. Oh Oxy, outre ton témoignage qui est précieux et, tu l'as dit, construit lui aussi ce billet où chacun a mis un peu du sien, j'adore ton histoire de devoir non rendu, et j'espère que madame X, du haut du paradis des profs où elle se trouve forcément, va vite t'envoyer la bonne note due !!!
    Herbert tu as raison de le souligner, que de souffrances croisées et sans doute inutiles, ce serait tellement mieux dans la joie !!! pourtant apprendre est parfois difficile et aider les apprentis aussi ! De plus, c'est vrai, ce qui est parfois épuisant dans la correction de copies c'est justement cette impression de n'avoir pas été compris !

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