LA MOYENNE AUX ELIMINATOIRES CRESPIN

5/10... c'est le nombre de candidats qui figurent sur notre liste et que le jury a sélectionnés. Je m'explique : depuis cette année, la Fondation Long-Thibaud qui organise les fameux concours qui font trembler et rêver pianistes et violonistes, a décidé d'offrir une chance aux chanteurs. Une nouvelle épreuve, le concours Régine Crespin, devrait permettre aux futur(e)s divas (comment dit-on pour un homme ?) d'accrocher une nouvelle étoile, qui promet d'être brillante, à leur palmarès.

La présélection a eu lieu dans différents pays au printemps 2011. Les candidats devaient avoir 32 ans maximum et toutes les voix sont représentées. Les organisateurs ont eu une pensée émue pour les japonais, car l'audition prévue là-bas a dû être annulée à cause des événements que l'on sait, ce qui n'empêche que quelques japonais étaient présents, sans doute sélectionnés dans d'autres villes.

Au total, 39 chanteurs se sont succédés durant deux jours sur la scène de Gaveau et nous ont égrené chacun deux airs, de deux époques et dans deux langues différentes. Le stress était palpable mais la qualité était au rendez-vous.

Le jury, composé exclusivement de directeurs d'opéras ou de festivals, et des plus prestigieux, écoutait sagement, en manifestant parfois quelque plaisir ou quelque surprise. Ils étaient bienveillants et attentifs. Première édition oblige, il me semble que l'organisation de cette manifestation est perfectible : ils n'avaient pas de table, étaient installés fort à l'étroit dans les sièges inconfortables au premier balcon... fauteuils qui peuvent suffire pour un concert mais qui devaient leur provoquer des crampes après 7 ou 8 heures d'audition. On n'avait pas prévu pour eux d'éclairage discret, résultat la lumière est restée allumée durant tout le concours, rajoutant certainement une pression aux candidats qui affrontaient le public à nu. On a senti que les plannings de passage étaient chamboulés, les improvisations rendant le stress des jeunes chanteurs encore plus palpable. Mais au total, pour une première, tout s'est finalement déroulé presque sans encombre et il nous a suffi d'écouter, de noter, modestement, en tant que non spécialistes, les voix qui nous charmaient. Nous avions établi une échelle du rond noir (qui n'a pas été utilisé...) aux 4 étoiles.

Nous avions nos favoris, qui, fort heureusement ont été choisis pour la demie-finale, nous avions nos ronds blancs, genre zéro non pointé, qui, encore heureusement, ne figurent plus au palmarès intermédiaire... et si certains qui nous ont beaucoup plu n'ont pas été sélectionnés, la faute en revient sans doute au déséquilibre des voix représentées. Trop de barytons, tous ou presque, très bons, donc difficile de les départager, même remarque pour les sopranos... par contre les ténors n'étaient que trois et les mezzos guère plus. Il nous reste maintenant à suivre avec passion la demie puis la finale. Mais, quoique l'exercice soit agréable et fort divertissant, j'avoue que je préfère, et de loin, le concours de quatuors à cordes, beaucoup plus riche musicalement.