lundi 2 janvier 2012

GENNAIO, JANUARY, ژانویه, 一月, JANVIER ETC...


Avez-vous remarqué que le mois de janvier est, de loin et sans contestation possible le mois le plus pénible, le plus éprouvant, le plus débilitant de l’année ? D’abord, c’est le plus long… oui je sais il y en a d’autres qui font 31 jours, mais tous ont des compensations qui font oublier cette durée : mars annonce le printemps, mai est tellement doux qu’on le voudrait de 33 jours, juillet et août sont des mois d’été qui devraient ne jamais finir, octobre est parfois tellement beau qu’on déguste ses journées sans regret, quant à décembre vu qu’il passe toujours comme l’éclair, on n’a même pas le temps de compter ses jours qu’on est déjà au 31. Et le 31 décembre on déploie un arsenal impressionnant de vœux généreux, de projets mirifiques, de résolutions mirobolantes, de promesses éternelles et de souhaits enrubannés. Et on y croit, dur comme fer : l’année qui arrive sera la plus belle, la plus réussie, la plus aisée qu’on ait jamais connue, et on la souhaite telle à tous ceux qu’on aime. Et quand arrive le 2 janvier, à peine remis des excès de la veille, soudain, on a la gueule de bois : va falloir affronter la tourmente et ce fichu mois de janvier qui est la pire épreuve de notre calendrier.

Non content d’être froid, humide et désespérément  détrempé quand il n’est pas glacé, c’est le mois où, souvent, on se retrouve coincé par des tempêtes, des congères et toutes autres joyeusetés qui nous font les déplacements impossibles. A combien de spectacles auxquels nous nous étions imprudemment abonnés au plus doux de l’automne n’a-t-il fallu renoncer pour cause de frimas ? Combien de risques avons-nous pris pour aller travailler devant des salles vides ou des rendez-vous annulés ? Bref, certains pays l’appellent le « mois au cœur de l’hiver » ou le « mois de glace » et ce n’est pas sans raison.


Nous, nous l’appelons le mois du passage, des transitions et des changements, en le plaçant sous la protection du dieu Janus qui est le symbole de toutes ces évolutions qui nous font croire en l’inventivité de l’avenir. L’espoir est de mise, les projets sont au rendez-vous et nous voudrions que le paysage s’éclaircisse. Pourtant … d’abord, les assurances arrivent, notre portefeuille, mis à mal par les fêtes de fin d’année est plat comme une limande, les soldes nous narguent et menacent notre futur proche d’insolvabilité accrue et nos armoires d’asphyxie aigue. Les dîmes redevances, taxes et autres tributs tombent comme à gravelote… Il faudrait prendre des décisions drastiques et l’engourdissement nous guette. Tout fonctionne au ralenti et les jours se trainent. Ils rallongent si peu qu’on a du mal à croire qu’un jour, le soleil puisse enfin l’emporter sur la nuit. Et puis, les mêmes travers, les mêmes imperfections, de semblables carences reprennent le dessus comme dans l’an qui vient de mourir. Tout ce qu’on a gagné dans l’histoire c’est qu’on est peu plus vieux, que notre avenir se restreint et la certitude qu’il va falloir une belle énergie pour déblayer tout cela ! Les projets sont encore à échéance lointaine et tout se traine, les commandes sont en carafe, les rendez-vous piétinent, il va falloir redémarrer la machine après une quinzaine douillette et un peu artificielle. Et se profilent, dans un horizon qui se rapproche dangereusement, une multitude d’obligations qui n’ont de rien de franchement réjouissantes : corvées, tracas, tourments, soucis en tous genres qu’il faudra surmonter patiemment et gérer efficacement. On se retourne alors vers cette journée hors du temps, la première de la nouvelle année, où l’on a prodigué avec sincérité et confiance une multitude de souhaits sincères à tous ceux que l’on aime, et on se demande quelle mouche euphorique nous a piqués la veille !! Sans doute les effets des bulles de champagne : il faudrait se pencher plus savamment sur les effets collatéraux de la fermentation champenoise pour éclaircir cette propension à l’exaltation et à la béatitude qu’engendre le blanc de blanc ! Dans certains cas extrêmes, amis très éprouvés par une année 2011 particulièrement difficile, on est à peu près sûr de son coup : on ne voit pas comment l’an nouveau pourrait être plus éprouvant pour eux… Mais dans l’ensemble faut bien se rendre à l’évidence, l’année qui vient apportera sa dose de joies et de peines, son équilibre instable entre déboires et délices, et vaille que vaille la roue continuera de tourner, et nous, de tenter de la maitriser.


Il ne nous reste plus qu’à reprendre notre bâton d’humains, pèlerins d’un avenir pas toujours facile, pour affronter nos contradictions et nos angoisses, et construire à la force du poignet ce que nous imaginons être le meilleur, en désherbant abondamment les impondérables, et en soignant ardeur les possibles. Janus est là pour nous y aider, couloir étroit et parfois sombre qu’il faut franchir vers un ailleurs qui sera notre avenir, que nous espérons lumineux ! Les paysans, qui avaient besoin d’espoir pour empoigner avec courage les aléas du temps, inspectaient le ciel et les nuages pour en tirer quelques maximes qui faisaient leur miel ou leur cigüe :



Après le classique « les douze premiers jours de janvier indiquent le temps qu'il fera les douze mois de l'année» on était à l’affût des bons augures « Janvier sec et sage est un bon présage» « janvier rigoureux, an très heureux », « neige en janvier, blé au grenier » , « poussière de janvier, abondance au grenier », « neige en janvier, vaut du fumier », « brouillard en janvier, année ensoleillée ». Mais la nature humaine a du mal à croire toujours au miracle et d’autres dictons sont franchement alarmistes : « Autant de bonne journées en janvier, autant de mauvaises en mai », « janvier détrempé, signe de cherté », « si la grive chante au mois de janvier, bouvier prend garde à ton grenier», « si les mouches dansent en Janvier, ménage ton foin au grenier», selon le bon vieux bon sens populaire selon lequel ce qui est bon doit, forcément, « beaux jours de janvier trompent l'homme en février », se « payer » un jour ! Je vous renvoie à la collection de dictons recensés par Larousse pour vous faire une idée, mais, à mon sens, si vous notez tout ce qu’exigent ces aphorismes pour vous faire une idée de ce qui vous attend en 2012, vous allez vous retrouver complètement débordés ! Alors le mieux est de faire confiance à Janus, qui assure pour le mieux la transition entre passé et futur et de passer avec Danielle la porte qui nous mènera, bon gré mal gré, vers le mois de février, mois de la purification !

18 commentaires:

  1. Heureusement, on vous voit, Michelaise, jolie et souriante parmi des feuillages dorés et l'on se dit que le fameux "petit coup de blues de janvier" sera bien vite passé. Ne jamais prendre de "bonnes" résolutions permet de ne jamais se culpabiliser de ne pas les avoir tenues et, si tout paraît triste pendant ce long mois d'hiver, il faut alors s'ingénier à improviser la fête, pourquoi pas? Je suis sûre que vous aurez plein d'idées pour vous amuser en compagnie de ceux qui vous sont chers et que vous aurez d'ici peu beaucoup de choses intéressantes à raconter sur votre blog avec le talent qui vous caractérise. A bientôt, Michelaise!
    Anne

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  2. Pas de coup vrai coup de blues en fait Anne, mais une interrogation sur notre manque total de réalisme quand nous jouons à nous prédire les uns les autres un avenir idyllique !! Jusqu'où va le rêve .... Allez vous avez raison, on va tacher de faire la fête, avec de petits riens qui comptent plus que tout !

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  3. Ah, cette période des voeux...
    Je pense que l'on n'y croit pas et c'est bien naturel car nous avons depuis longtemps perdu le sens du rêve et sommes par la force des choses très réalistes... Mais nous aimerions tellement le bonheur pour ceux que l'on aime que c'est avec beaucoup de sincérité que l'on offre ces voeux avec l'espoir bien sûr qu'une sorte de miracle se produise et que tout soit rose durant 365 ou 366 jours...
    J'ai beaucoup aimé tous ces proverbes que tu cites.
    Ça ne manque pas de variété...
    Merci Michelaise :-)

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  4. Ah Janvier! Comme vous avez raison Michelaise de le trouver si long et "si (sic) metière"... c'est un mois de dormance, une épitaphe sur l'Année précédente plus qu'une carte d'invitation sur l'Année neuve.
    L'ours, qu'il soit noir ou polaire, en profite pour faire dodo. Quelle belle façon de tuer le temps que de le dormir sans vergogne. Ah, si nous pouvions nous pauvres humains faire de tels sommes! Plus de neige à balayer des vitres et carosseries de nos automobiles, pas de stationnement (nos parkings québécois) à déneiger à la pelle ou au souffleur à neige! Plus de vision d'horreur des factures d'électricité et de chauffage! Nul besoin d'un deuxième foulard, celui qui ceint le front où siège nos pensées, car le cache col et le duvet ne suffisent pas à nous tenir chaud. Moins quarante degrés nous font prendre les grands moyens.
    Une belle nuit de sommeil dans un bon lit chaud qui nous conserverait frais et dispos pour février. Ah si nous pouvions rêver 744 heures d'affilée, sans pause pipi et ventre creux. :-)
    Le portrait que vous faites de Janvier est délicieux. Je l'ai savouré avec un plaisir qui me console grandement des réalités qu'il nous fait vivre. Mais comme on ne peut l'éviter et le dormir, autant en tirer le meilleur, et le meilleur de l'Hiver et de Janvier c'est souvent par la littérature qu'il vient à nous! Merci pour ce beau moment, cette magnifique lecture!

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  5. Pour un peu, si vous vous étiez arrêtée au premier paragraphe, je vous aurais prise pour une Québécoise! Car c'est une caractéristique bien de chez nous de commenter la température. Il faut dire qu'après la pluie du premier janvier, nous aurons demain -14...

    Quant aux voeux...Je souhaite, depuis quelques années, surtout et presqu'essentiellement la santé, car pour le reste, on peut toujours s'arranger, mais les ennuis de santé...

    Personnellement, j'aime assez ce mois de janvier parce que c'est encore UN MOIS DE CONGÉ jusqu'au 23!!!! Pas si mal! Alors il peut neiger, grêler, pleuvoir, je n'aurai pas à aller à l'école! Donc, c'est le pactole!!!

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  6. Et si on disait que janvier est le mois où les jours commencent à allonger et où les premiers mimosas pointent leur nez (même si c'est déjà fait chez toi...) ?
    Et puis, tu es bien lumineuse sur cette photo !
    Alors, tout va bien en ce jour de reprise !
    Je t'embrasse.
    Norma

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  7. Tu n'aurais pu choisir une journée meilleure pour ce billet: ici bora forte et forte pluie, un ciel à faire peur et en plus moi en lutte depuis hier après-midi contre un rhume éléphantesque; ciao ciao, je retourne me coucher... Bonne journée et, malgré tout, buon gennaio.

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  8. J'avoue rester assez dubitative devant cet étalement de souhaits,voeux...
    Je me plie à la tradition comme tout le monde sans aucune conviction.
    Tu as raison nous jouons!
    Je tente de rester réaliste de percevoir le vrai,donc le probable.
    De rester optimiste et pragmatique ,et profiter des petites choses agréables de la vie ,de cultiver la complaisance que j'ai avec le bonheur
    Santé,argent,bonnes choses??????

    "Le bonheur, c'est avoir une bonne santé et une mauvaise mémoire"
    Ingrid Bergmann

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  9. Bonjour, Michelaise.

    Je te conseille très amicalement et donc sans perfidie de faire un calendrier à ta mesure.
    Quoique tu le fasses déjà dans ta tête...
    Tu pourrais aussi inventer des dictons. Cet exercice- là est tout à fait à ta portée.
    Mais surtout ne te transforme pas.
    Tu es rayonnante dans cette verdure qui fait pâlir de jalousie l'hiver à peine commencé.

    Merci beaucoup...
    Bonne journée.

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  10. Ah ah je me marre, car vous êtes bien d'accord avec moi, les vœux c'est pour faire semblant d'y croire !! allez je reviens bien vite vous répondre individuellement, si, si !!

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  11. Oxy c'est sûr qu'on est sincère mais faut pas trop se poser de question pour éviter de penser qu'on n'est pas trop réaliste !! Mais bon, la ritournelle est sympathique !
    Mamiecolo est de retour !!! super... bonne année Mamiecolo... moi qui me prenais pour une marmotte car l'hiver, je dors, je dors, je dors jamais assez, voilà que j'appends que je suis un ours... grrr....
    Marie Josée, qu'apprends-je, en vacances jusqu'au 23, veinarde !! profites-en bien et, en effet, le mois de janvier est pour toi un mois de fête, il le serait à moins !!
    Ah le rallongement (??? oups, c'est quoi ce mot barbare... enfin tu me comprends !) des jours, que voilà un sujet qui me plait ! A bas la nuit qui tombe vers 17h... et vivent les longues soirées Norma. D'autant qu'on n'a même pas l'occasion de faire des flambées en ce moment (la meilleure façon d'apprécier la nuit précoce), on a essayé le 31/12 on a cru mourir de chaleur ...
    Bon Siu, manquait plus que cela, un rhume maintenant, mais faut prendre soin de toi !!! tu as raison, au lit !! voir le comm de mamiecolo à ce sujet.
    Aloïs, voyons, je suis TOTALEMENT d'accord avec Ingrid Bergmann, et avec toi : l'idéal pour être heureux est d'avoir une mauvaise mémoire... Vive Aloïs....
    Herbert, si j'inventais un calendrier, il n'aurait que les mois de mars à juin et de septembre à octobre... soit une année de 6 mois !!! Mais j'aime attendre des jours meilleurs, et je sais que le meilleur moyen de les apprécier est de les désirer.

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  12. Un grand merci de ton inscription chez moi et au plaisir d'échanger aussi du côté des petits essais!

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  13. Je ne suis pas franchement réactive je l'avoue Marie Josée et n'étais pas encore allée voir du côté de ton blog. Voilà chose faite, je l'ai rajouté à la liste de mes blogs amis pour pouvoir le suivre car j'ai adoré le ton de tes billets, mais encore une fois je cours je cours, commentaires à venir !!!!

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  14. Janvier c'est avant tout le mois de ma fête, alors !!!!!

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  15. De la couronne d'épines tressée par tous ces vœux
    Fallacieux
    Jaillit au sein des mimosas (~)
    Michelaise
    Comme une née nouvelle,
    A l'esprit toujours pétillant.
    (Le pain durcit dans le placard,
    Je m'en vais passer te voir...)

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  16. Ah ah Noune, tu as repéré la couronne d'épines !! quant au pain dur, message secret mais très évocateur ! En tout cas, si ton pain est dur, amène-le, nous rions le porter aux canards du port !!! ça mes lecteurs connaissent...

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  17. Je ne suis pas d'accord avec ton analyse extrêmement pessimiste. Le mois de janvier est aussi celui où on touche ses intérêts et où son épargne mécaniquement sans qu'on ait rien à faire. Ce billet a dû être rédigé au mois de décembre pour être aussi à charge!!!

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  18. GF que voilà une belle façon de se réjouir, on sent le "rentier" en toi !!! Mais crois-tu que ces intérêts soient tels que cela permette de payer toutes les autres dépenses débiles du mois ? Et pire, j'avoue, ce fut écrit en janvier, à la date dite ! sans doute le trop plein des voeux dans une ambiance pas franchement folichonne, une vague impression de "mais ils y croient eux à toutes ces gentillesses ?"

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