Voilà bien une circonstance dans laquelle les ebooks, ou comme dirait nettement plus élégamment notre amie Marie-Josée, les liseuses, sont utiles. Vous y chargez avant de partir tous les ouvrages nécessaires à votre périple, gratuits s'ils sont assez anciens, et, sur place, il ne vous reste plus qu'à suivre les impressions de vos illustres prédécesseurs. Vous pouvez emporter sans alourdir votre bagage, le "Voyage en Sicile" de Dominique Vivant-Denon de 1788 (extrait ci-dessus), celui fait entre 1820 et 1821 par Auguste de Sayve, celui de l'illustre (??) Félix Bourquelot, et qui date de 1848, celui de du Vicomte Marie-Théodore Bussierre, de 1837, voire, et c'est déjà nettement plus marrant, les Impressions de Voyage de Dumas, dans le Capitaine Arena, le Speronare et le Corricolo. Il ne vous reste plus qu'à convoquer vos guides au fur et à mesure que la curiosité se fait sentir !! Même s'ils ont un peu tendance à se répéter, comme si l'usage du copié-collé avait déjà été de mise au XIXème siècle !!
Pas de doute, pour nous raconter la légende de la Fonte Ciane, et son environnement magique, Dumas est nettement plus marrant que les autres ! Il conclut plaisamment : "Heureux temps où les bergers épousaient des princesses ! Et quelles princesses encore !!".
Le lieu est toujours aussi envoûtant. Pour le trouver, il faut s'accrocher, au téléphone, à la carte et au GPS !! Mais la promenade en barque suit toujours le même chemin, des eaux limpides de l'embouchure de l'Anapo, dans laquelle les poissons sautent comme de petits dauphins, en passant par l'entrée du port de Syracuse qui s'élargit complaisamment au loin, pour s'acheminer ensuite vers un bras riche en roseaux, frênes séculaires et eucalyptus chevelus. On fait demi-tour au niveau d'une écluse au-delà de laquelle s'étend une véritable forêt de papyrus, dont j'ignorais qu'ils soient si rares en nos eaux. Pour en avoir vu dans des jardins ou dans des bassins, je n'avais pas réalisé qu'ils ne poussaient pas à l'état naturel dans nos contrées : les italiens sont fiers de cette luxuriance qu'ils essaient de protéger, les précautions écologiques n'étant pas forcément leur point fort ! Mais la Fonte Ciane reste luxuriante et je laisse, pour finir, la parole à Maupassant, qui vint en Sicile en 1885 et qui décrit le lieu avec plus de sensibilité que tous. Avouez qu'il est étrange de marcher ainsi sur les traces de tous ceux qui vous ont précédés et de lire toutes ces descriptions (il y en a bien d'autres encore car c'est l'endroit le plus "anecdotique" du circuit) qui, peu ou prou, décrivent une nature inchangée...
On traverse le golfe d'un bord à l'autre et
on aperçoit, sur la rive plate et nue,
l'embouchure d'une très petite rivière,
presque un ruisseau, où le bateau s'engage.
Le courant est fort et dur à remonter.
Tantôt on rame, tantôt on se sert de la
gaffe pour glisser sur l'eau qui court, rapide, entre
deux berges couvertes de fleurs jaunes, petites,
éclatantes, deux berges d'or.
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Voici des roseaux que nous froissons en passant, qui se
penchent et se relèvent, puis, le pied dans l'eau, des
iris bleus, d'un bleu violent, sur qui voltigent
d'innombrables libellules aux ailes de verre, nacrées
et frémissantes, grandes comme des oiseaux-mouches.
Maintenant, sur les deux talus qui nous emprisonnent,
poussent des chardons géants et des liserons
démesurés, enlaçant ensemble les plantes
de la terre et les roseaux du ruisseau.
Sous nous, au fond de l'eau, c'est une forêt de
grandes herbes onduleuses qui remuent, flottent, semblent
nager dans le courant qui les agite.
Puis l'Anapo se sépare de l'antique Cyané,
son tributaire. Nous allons toujours à coups de perche
entre les berges. Le ruisseau serpente avec de charmants
points de vue de perspectives fleuries et coquettes. Une
île apparaît enfin, pleine d'arbustes
étranges. Les tiges frêles et triangulaires,
hautes de neuf à douze pieds, portent à leur
sommet des touffes rondes de fils verts, longs, minces et
souples comme des cheveux. On dirait des têtes humaines
devenues plantes, jetées dans l'eau sacrée de
la source par un des dieux païens qui vivaient là
jadis. C'est le papyrus antique.
Les paysans, d'ailleurs, appellent ce roseau :
parruca.
En voici d'autres plus loin, un bois entier. Ils
frémissent, murmurent, se penchent, mêlent leurs
fronts poilus, les heurtent, semblent parler de choses
inconnues et lointaines.
N'est-il pas étrange que l'arbuste
vénérable qui nous apporta la pensée des
morts, qui fut le gardien du génie humain, ait, sur
son corps infime d'arbrisseau, une grosse crinière
épaisse et flottante, ainsi que celle des
poètes ?
Nous revenons à Syracuse alors que le soleil se
couche ; et nous regardons, dans la rade, un paquebot qui
vient d'arriver et qui, ce soir même, nous emportera
vers l'Afrique.
Maupassant
Je ne lasse pas de lire les récits de voyage de Dumas (le Corricolo quel bonheur...)
RépondreSupprimerEt Maupassant
Ah ! ils savaient écrire au XIXème,-))
bon WE (josette)
Pas de doute Josette ces deux-là sont les plus agréables à lire dans le style récit de voyage
SupprimerJ'ai du mal avec la liseuse et puis je dois être complètement débile mais je n'ai pas encore compris comment fonctionnait Calibre,ceci dit je n'ai pas beaucoup cherché non plus .
RépondreSupprimerJe reste attachée aux livres que j'emporte sur lesquels je peux annoter, dans lequel je glisse des bouts de papier griffonnés ;je suis tellement maladroite lorsque je comptabilise le nombre de fois où je tombe mon livre je te laisse imaginer l'état de la liseuse
J'ai beaucoup aimé Cette brume de la mer me caressait comme un bonheur.
J'espère que tu avais emporté le merveilleux Temples Grecs Maisons des Dieux
Calibre c'est surtout pour gérer ta bibli au mieux, si tu t'y intéresses, tu n'auras aucun souci il est vraiment intuitif et pratique
SupprimerPour le reste c'est pratique dans certaines circonstances, et j'apprécie quant à moi d'avoir toujours un bouquin à lire quand il me faut attendre... sans parler du problème des valises ryanair !!! on peut la tomber, elle est solide !
Moi j'ai remarqué les beaux papyrus "antiques"! Chouette le petit pont de bois pour traverser les marais... et la liseuse, j'y pense et puis j'oublie, pas encore essayée. Comme le dit Aloïs, j'aime trop les livres... Pour voyager, peut-être ?
RépondreSupprimerOui Enitram pour voyager léger, pour les queues un peu trop longues, bref pour toutes les circonstances où il est bon d'avoir un livre sous la main sans l'avoir trainé lourdement
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