Le monastère bénédictin (1614-1641) qui borde avec panache la piazza del Municipio
Tout a commencé à Militello ... encore un dimanche !! Sur la place les hommes se pressaient pour entendre les discours électoraux, pendant que nous parcourrions la ville, particulièrement enrichie par la présence en son sein d'une cour instituée par Jeanne d'Autriche (1573-1630), nièce de Charles Quint et qui vint y vivre après son mariage avec un seigneur local, Franceso Branciforte. Elle amena dans ces monts un peu reculés son goût de la culture et du beau, laissant à la ville une solide tradition culturelle, qui survécut au séisme de 1693. Nous avions déjà arpenté la ville en tout sens, nez au vent et œil aux aguets, mais l'église Santa Maria Della Stella restait obstinément close. Elle renfermait, annonçait mon guide, un Della Robbia et un Laurana. J'avais bien demandé à une brave dame qui arrosait ses fleurs sur son balcon, mais elle n'en savait trop rien. Dans ces cas-là, on se dit "peut-être à 16h"... il faut laisser passer la sieste et laisser ces idiots de touristes courir en rond sur les parvis désertés. Pourtant à 16h, rien.
Nous avons forcément surnommée "Zizza" la jeune femme juchée sur ces périlleuses "modissime" !!!
On a alors tenté une petite sortie, Fontana della Ninfa Zizza, édifiée en 1607 par le fameux Branciforte, pour célébrer la mise en service du premier aqueduc de Militello, puis, plus loin, Santa Maria la Vetere. Remontée vers Santa Maria della Stella, toujours obstinément close. Le temps de prendre un café, de reprendre la voiture, et en partant se jeter un dernier coup d’œil pour voir si l'église était ouverte. Toujours rien : mais au moment de démarrer, un monsieur tape à notre vitre et nous propose, invités par "le directeur du musée de la Céramique de Caltagirone", en visite avec des amis, de se joindre à eux pour entrer dans l'église. Avec cette charmante courtoise que déploient parfois les italiens, tout en discrétion et en délicatesse, ce monsieur avait vu notre manège et nous conviait à profiter de "sa" visite.
Compliquée la visite, car il fallait trouver la clé, se faire ouvrir, rentrer par la sacristie, et enfin découvrir l'Andrea della Robbia : un magnifique retable d'autel représentant la Nativité, bergers émerveillés, anges enjoués, petit cochon ahuri, bref tout le génie de ce maitre toscan de la terre cuite émaillé s'offrait à nos yeux d'autant plus ravis que nous l'avions longuement attendu. Nous étions dans l'église, perdus dans notre admiration, quand je me risquais à m'enquérir du Laurana. Je compris alors que nous attentions... quoi je ne savais trop, mais bon, on était bien devant ce retable. Un long moment plus tard, un homme arrivait avec un trousseau de clé et, après de longs conciliabules, le guide s'attaqua vaillamment au système d'alarme, entouré de notre groupe attentif et impatient.
Il nous ouvrit le petit musée de l'Eglise qui renferme plusieurs œuvres d'art et surtout un austère mais puissant bas-relief, portrait de Pietro Speciale, encore un chef d’œuvre renaissant de Francesco Laurana (1430-1502) sculpteur croate (enfin plutôt vénitien !!) qui commença sa carrière à Naples, puis fut appelé à la cour du roi René d'Anjou, comte de Provence et roi de Naples, puis partit en Sicile où il réalisa ce superbe profil et d'autres œuvres que nous n'avons pu voir. Après un détour par Naples et un séjour de trois ans à Urbino (c'est pour cela que nous le connaissions !), il repartit en France et se fixa à Marseille (on peut admirer de lui un autel, celui de la chapelle Saint Lazare dans la cathédrale). Sa fille ayant épousé un peintre avignonais, Jean de la Barre, il finit par s'installer à Avignon, où il mourut en 1502 et fut inhumé dans une chapelle aujourd'hui disparue. Autant dire que, Urbino, Marseille, Avignon, c'est un artiste qui nous est proche de moultes manières et nous étions ravis de voir ce précieux marbre. En sortant de l'église nos "hôtes" nous invitèrent à les suivre : direction le musée San Nicolo ! Fermé pour le vulgum pecus, il s'ouvrit pour permettre au directeur du musée de Caltagirone d'y amener ses amis. Le directeur du musée en personne s'était déplacé pour nous accompagner. Après quelques urbanités d'usage, il nous fit découvrir son étonnant musée, somptueux quant à l’aménagement, moderne et très bien mis en scène dans les cryptes de l'église qui le surmonte. Une muséographie très savante présente avantageusement une superbe collection d'ornements d'église, d'ex-votos, de joyaux et autres trousseaux liturgiques. La visite se termine par la pinacothèque, riche de plusieurs toiles fort intéressantes, dont un Paladini (un peintre toscan que nous avons croisé à plusieurs reprises), Franzetto ou Vaccaro.
Nous nous apprêtions à remercier et à partir quand il fut décidé d'aller voir l'extraordinaire église Santa Maria alla Catena. L'église qui donne sur la place de Militello n'a, vue de l'extérieur, rien que de très classique : un baroque raisonnable et presque sévère comparé à l'exubérance d'autres édifices, une taille assez modeste. Nous l'avions regardée sans plus de conviction car les merveilles semblaient à l’intérieur et, forcément, la porte était close. Et de fait, c'est un festival de stucs éclatants de blancheur, une sorte de folie baroque consacrées aux Mystères Joyeux et à une suite de saintes siciliennes, toutes plus jolies les unes que les autres, le tout dans une "euphorie" de putti, de cornes d'abondance, de festons et de fleurs.
Notre guide nous apprit avec fierté que c'était une église totalement dédiée aux femmes puisque, hormis les anges, on n'y trouvait que des saintes et des vierges. Le plus étonnant est que cette décoration date de 1652, et que le plafond de bois à caissons qui couronne l'ensemble a été édifié en 1661... Soit bien avant le tremblement de terre auquel l'église a donc résisté.
Mais que vient faire dans tout cela Renoir et quel est ce titre étrange qui annonce Caltagirone alors que tu nous fais visiter Militello, Michelaise ???
Il nous ouvrit le petit musée de l'Eglise qui renferme plusieurs œuvres d'art et surtout un austère mais puissant bas-relief, portrait de Pietro Speciale, encore un chef d’œuvre renaissant de Francesco Laurana (1430-1502) sculpteur croate (enfin plutôt vénitien !!) qui commença sa carrière à Naples, puis fut appelé à la cour du roi René d'Anjou, comte de Provence et roi de Naples, puis partit en Sicile où il réalisa ce superbe profil et d'autres œuvres que nous n'avons pu voir. Après un détour par Naples et un séjour de trois ans à Urbino (c'est pour cela que nous le connaissions !), il repartit en France et se fixa à Marseille (on peut admirer de lui un autel, celui de la chapelle Saint Lazare dans la cathédrale). Sa fille ayant épousé un peintre avignonais, Jean de la Barre, il finit par s'installer à Avignon, où il mourut en 1502 et fut inhumé dans une chapelle aujourd'hui disparue. Autant dire que, Urbino, Marseille, Avignon, c'est un artiste qui nous est proche de moultes manières et nous étions ravis de voir ce précieux marbre. En sortant de l'église nos "hôtes" nous invitèrent à les suivre : direction le musée San Nicolo ! Fermé pour le vulgum pecus, il s'ouvrit pour permettre au directeur du musée de Caltagirone d'y amener ses amis. Le directeur du musée en personne s'était déplacé pour nous accompagner. Après quelques urbanités d'usage, il nous fit découvrir son étonnant musée, somptueux quant à l’aménagement, moderne et très bien mis en scène dans les cryptes de l'église qui le surmonte. Une muséographie très savante présente avantageusement une superbe collection d'ornements d'église, d'ex-votos, de joyaux et autres trousseaux liturgiques. La visite se termine par la pinacothèque, riche de plusieurs toiles fort intéressantes, dont un Paladini (un peintre toscan que nous avons croisé à plusieurs reprises), Franzetto ou Vaccaro.
Nous nous apprêtions à remercier et à partir quand il fut décidé d'aller voir l'extraordinaire église Santa Maria alla Catena. L'église qui donne sur la place de Militello n'a, vue de l'extérieur, rien que de très classique : un baroque raisonnable et presque sévère comparé à l'exubérance d'autres édifices, une taille assez modeste. Nous l'avions regardée sans plus de conviction car les merveilles semblaient à l’intérieur et, forcément, la porte était close. Et de fait, c'est un festival de stucs éclatants de blancheur, une sorte de folie baroque consacrées aux Mystères Joyeux et à une suite de saintes siciliennes, toutes plus jolies les unes que les autres, le tout dans une "euphorie" de putti, de cornes d'abondance, de festons et de fleurs.
Notre guide nous apprit avec fierté que c'était une église totalement dédiée aux femmes puisque, hormis les anges, on n'y trouvait que des saintes et des vierges. Le plus étonnant est que cette décoration date de 1652, et que le plafond de bois à caissons qui couronne l'ensemble a été édifié en 1661... Soit bien avant le tremblement de terre auquel l'église a donc résisté.
Mais que vient faire dans tout cela Renoir et quel est ce titre étrange qui annonce Caltagirone alors que tu nous fais visiter Militello, Michelaise ???
Suite au prochain épisode !
Petite visite de Millitello en images (non mosaïquées !!) :
Dès la Renaissance...
... au XVIIème, au XVIIIème ...
... au début du XXème ...
... et même dans les années 30, Militello a toujours été une ville qui aime les belles constructions !
En PS, pour Marie-Josée : un peu flou car je l'ai pris en détail sur la grande photo, le petit cochon qui n'est d'ailleurs pas forcément un cochon, mais un gros chien ?? ce serait plus logique avec le berger, mais j'avoue qu'au premier regard, il m'avait fait penser à un cochon (faut dire que nous aimons bien les cochons dans la famille Michelaise ... mais cela c'est une autre histoire)
En PS, pour Marie-Josée : un peu flou car je l'ai pris en détail sur la grande photo, le petit cochon qui n'est d'ailleurs pas forcément un cochon, mais un gros chien ?? ce serait plus logique avec le berger, mais j'avoue qu'au premier regard, il m'avait fait penser à un cochon (faut dire que nous aimons bien les cochons dans la famille Michelaise ... mais cela c'est une autre histoire)
le directeur du musée rien que ça! quel guide!
RépondreSupprimerEt une tendresse toujours particulière pour les oeuvres de Della Robbia, souvenirs d'un magnifique séjour à Florence...
vivement la suite de l'article!
Il nous a montré ses "trésors" avec passion, on le sentait très "impliqué" dans "son" musée... j'ai cru sentir une petite réticence de la part notre notre "hôte", l'autre directeur de musée, comme si celui de Militello s'était un peu trop "approprié" la chose. Mais au moins, il avait "investi" et apporté à sa ville un musée qui vaut le détour !
SupprimerQuant à Della Robbia, c'est sûr qu'il vaut mieux aller à Florence pour les voir, et là, nous étions tous devant le retable en nous demandant "mais comment est-il arrivé là ??"
Allez, je ne craque pas que sur les chaussures, mais sur tout ton billet qui donne une folle envie de Sicile !
RépondreSupprimerJe t'embrasse, bon week-end, Michelaise !
Je suis certaine que la Sicile vous plait beaucoup à tous les deux... et que Toti sera très fier de s'y promener en t'offrant son bras secourable pour déambuler dans les superbes "modissime" que tu auras choisies !!!
SupprimerTrès beau della Robia! quelle imprudence que de vouloir faire des visites l'après midi! Heureusement dans les petites villes les pas des visiteurs étrangers se propagent de façon intéressantes.. Le directeur! mazette! moi c'est le balayeur qui trainait opportunément à Agrigente!
RépondreSupprimerAh oui, Miriam, je vois que vous connaissez bien le problème !! des visites l'après-midi, encore un truc de touriste ça !!! marrante en effet la façon dont nous nous sommes faits "repérer", et vraiment sympathique le directeur du musée de Caltagirone qui nous a invités à se joindre à lui. Du coup, nous avions un guide, deux directeurs de musée et un gardien, pour les clés !! Mais, en général, c'est le gardien qu'il fautr trouver !! Mais en France ou en Espagne, c'est la clé qu'il faut dénicher et ce n'est pas toujours facile !!!!!
RépondreSupprimerBen oui Michelaise, on attend que tu ouvres la porte sur Renoir... Tu peux nous dire aussi où il a rangé la clé, merci :-)))
RépondreSupprimerA tout bientôt, j'attends ici.
Grosses bises du jour.
Vos photos donnent envie de voir de près toutes ces merveilles!
RépondreSupprimerAnne
Moi, je veux voir le petit cochon! J'ai eu beau scruté, pas réussi à le trouver!!!
RépondreSupprimerBravo pour cette chance que tu as eue! Ce n'est pas toujours le cas. À Padoue, dix minutes de retard sur l'horaire, et j'attends encore ma visite de la chapelle des Scrovegni... Pas de cochon, mais un super chameau sympa avec des oreilles... d'âne! Giotto n'avait pas beaucoup fréquenté le chameau...
Tes désirs sont des ordres, et pas uniquement le jour de la fête des mères !! petit cochon qui n'est peut-être pas un cochon rajouté à la fin de l'article !! je me rappelle du chameau avec oreilles d'ânes !!!
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