Vous connaissez, je crois, mon incurie proverbiale pour la chose germée, et mes regrettables incapacités au jardinage. Vous connaissez aussi ma "muse" en la matière, cette pauvre Madeleine qui tente, contre vents et marées, de maintenir quelques arbustes en vie dans mon jardin et quelques plantes fleuries dans la maison. Ayant, malgré mes maladresses, des ambitions potagères, j'aime bien chaque année faire pousser quelques pieds de tomates, en rêvant des courgettes de légende de notre amie Aloïs. Madeleine a donc décidé d'y pourvoir, car elle a, ça s'impose, une jolie serre, dans laquelle elle exerce ses talents et a prévu dans ses semis double dose pour moi, afin de prévenir mes échecs.
Mais voilà que Madeleine est partie voir fleurir les tulipes au Keukenhof, et qu'elle m'a confié avec forces recommandations, la survie de ses jeunes pousses. J'y vais chaque jour, arrose l'ensemble après avoir contrôlé l'humidité ambiante, en tirant fort la langue, en croisant bien les doigts, et en invoquant très fort la protection de Sainte Rita... Vous savez, la patronne des cas désespérés. Sainte Rita que nous trouvons si peu dans nos églises mais qui protège quelques autels italiens. Donc quand nous en croisons un, je m'empresse de l'invoquer pour le passé, le présent et l'avenir, les cas désespérés étant légion sous nos climats !
Nous étions à Scicli, sans doute une des plus belles villes du Val di Noto baroque, et profitant de la porte ouverte, nous visitions l'église quand m'apparut la Sainte, offerte à la dévotion des fidèles par des parents désespérés qui avaient confié à Rita le sort de leur petite fille. Petite frustration, pas de "vrais" cierges en vue, mais de simples petites loupiotes qui s'allument dès lors qu'on introduit dans le tronc une piécette. Comme vous pouvez en juger sur la photo, j'en ai abondamment pourvu la petite sœur augustine envers laquelle j'ai quelques dettes (n'est-ce pas Koka !!) : oui, oui, toutes ces lumières sont dues à mes monnaies. Il doit donc bien avoir parmi ces lumignons quelque flamme, artificielle certes mais sincère, qui protège les précieux plants de Madeleine de mes interventions périlleuses !
J'étais en train de faire tomber mes pièces, toute à la joie de voir à chaque fois s'allumer une modeste flamme quand j'entendis derrière moi : "Il "faut" voir la Vierge sur un cheval blanc, je ne sais pas où elle est mais on va la trouver". M'étant dit in petto "Mais ils sont fous ces italiens, la Vierge à cheval maintenant, pourquoi pas le Christ en parachute ??", j'ai tout de même décidé d'en avoir le cœur net.
Et de fait, dans une chapelle latérale, bien à l'abri derrière une verrière, trônait un immense cheval blanc, presque grandeur nature, chevauché avec fougue par une Madone guerrière. Pourvue d'épais cheveux noirs, vêtue d'un manteau bleu, elle caracole hardiment et écrase, sous les fers de son destrier immaculé, des sarrasins grimaçants. La légende veut, qu'alors que les maures débarquèrent sur la côte sicilienne en 1091, une intervention miraculeuse de la Vierge à cheval donna la victoire aux Normands. La région a conservé le culte de cet épisode et vénère donc cette madone peu commune, en la sortant en procession.
Et de fait, dans une chapelle latérale, bien à l'abri derrière une verrière, trônait un immense cheval blanc, presque grandeur nature, chevauché avec fougue par une Madone guerrière. Pourvue d'épais cheveux noirs, vêtue d'un manteau bleu, elle caracole hardiment et écrase, sous les fers de son destrier immaculé, des sarrasins grimaçants. La légende veut, qu'alors que les maures débarquèrent sur la côte sicilienne en 1091, une intervention miraculeuse de la Vierge à cheval donna la victoire aux Normands. La région a conservé le culte de cet épisode et vénère donc cette madone peu commune, en la sortant en procession.
Un peintre du XVIIIème, un certain Francesco Pascucci, peignit même en 1780 cette représentation enlevée de la scène, pour une ermitage des environs, fort opportunément appelé "les Milizie". J'avoue que ces deux œuvres n'ont pas une valeur artistique qui vaille qu'on s'y attarde, mais voir Marie en soldat, épée au poing, bravant et terrassant "le maure",en longue robe rouge, couronnée et altière, voilà qui est peu commun ! Tout le contraire de ce que je fais avec les fleurs de Madeleine, à qui je fais de douces incantations pour éviter soigneusement de les effrayer... Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manque, j'aimerais les convaincre avec autant de hardiesse qu'elles n'ont pas intérêt à piquer du nez : faut qu'elles soient toutes belles pour le retour de mon amie ! Sainte Rita, aiutami !!!!
Petite visite de Scicli au passage :
J'espère qu'il ne t'arrivera pas la même mésaventure que moi,limaces et escargots se sont occupés de pas mal de mes plants!
RépondreSupprimerSainte Rita était aux abonnés absents!
Je sais que Madeleine a parsemé sa serre de petits grains verts pour repousser les limaces, avec cette humidité c'est un peu la panique ! J'en ai fait de même pour les feuilles d'huitre, il parait qu'elles adorent cela !
SupprimerQuant aux nuisibles, j'ai une jolie taupe en ce moment, ce qui, vu mon terrain, est un exploit !
La Vierge à cheval!
RépondreSupprimerAlors ça effectivement, c'est surprenant!
Je n'ai jamais vu ça ailleurs!
Et à califourchon comme un combattant, et non pas en amazone comme on la voit parfois sur un âne.
Belle trouvaille!
(et une pensée pour les fleurs!)
Mais au as raison Eimelle, elle chevauche comme un homme, et c'est assez étonnant en effet ! Cela la rend plus guerrière !!
SupprimerC'était effectivement une cavalière... à ne pas manquer !
SupprimerBiseeeeeeees de Christineeeeeeeeeee
Mais elle est costaud, cette Marie du tabeau ! En revanche j'ai quelque perplexité sur la longueur (n'est-elle pas un peu excessive ?) des deux pattes chevalines qui se croisent, la brune et la blanche...
RépondreSupprimerAh oui, musclée la nana !! Quant aux pattes du cheval j'avoue ne pas être une grande spécialiste en équins !
SupprimerTout simplement ces pattes me semblent disproportionnées par rapport aux corps, car moi non plus je ne suis pas spécialiste en équins (pour se taire des plantes, là tu vas en tout cas faire mieux que moi qui suis nulle !)
SupprimerCe que je remarque c'est la beauté de ce village endormi au soleil ...
RépondreSupprimerNe me parle pas de potager en ce moment avec ce temps épouvantable presque rien ne pousse normalement ici, pluie incessante, froid, vent ! Il me faudrait investir dans une serre... Sans serre, point de salut ! Sainte Rita pourquoi pas, au point où nous en sommes!
Bon voyons, le temps s'améliore, alors tout va s'arranger !! Sinon, pour le beau temps, ce n'est pas Sainte Rita, patronne des causes désespérées (et j'en suis une en termes d'entretien de végétaux) mais Sainte Claire !!! à qui on offre, va savoir pourquoi, des oeufs. Bref, je pense que l'anticyclone est plus sûr !
SupprimerSurprise ; rencontre à cheval, j´aime ces traditions conservées.
RépondreSupprimerQuelle belle petite ville fleurie de printemps.
Toi aussi tu as dû monter, descendre ces petites côtes... La forme.
Ah oui Alba, excellent pour les mollets, les cuisses et les fesses ! Mais par contre, on mange trop bien en Sicile alors bonjour les bourrelets !
RépondreSupprimerDunque è tornata Madeleine? Sono riuscite a crescere, nonostante la tua presenza, le piantine?
RépondreSupprimerIci, pas encore ce problème puisqu'il faut attendre la mi-mai pour planter en raison des risques de gel inhérents à la zone où nous nous trouvons.
Ta Vierge a été croisée avec une Amazone! C'est effectivement une représentation inusitée pour la douce Marie dont c'est en ce moment le mois.
Est-ce que ce chant vient de chez vous :
«C'est le mois de Marie,
c'est le mois le plus beau!
À la Vierge chérie,
offrons un chant nouveau.»
Ma mère avait, enfant, des problèmes avec le mois de Marie, car il fallait quitter les jeux et remettre les uniformes «avec les grands bas beige qui piquaient» pour aller aux offices du mois de Marie dans la très catholique province de Québec d'avant 1960!
@ +
P.S. Tu vas nous parler de ce que représentent les très belles photographies que tu as ajoutées à ton billet? Please...
Nonstante, c'est exactement cela ! Madeleine est rentrée, aucune tomate n'a péri et elles sont maintenant en de bonnes mains.
SupprimerLe mois de Marie !! Pour nous, petites filles des années 60 élevées par les dominicaines, c'était plutôt joyeux : chaque matin, avant la classe, on se rendait dans une jolie petite cour fleurie, pour chanter le petit cantique que tu proposes !! Cela permettait de commencer les classes avec un bon quart d'heure de retard, nous trouvions que Marie avait du bon !
Pour le reste, imprudent PS, je vais, c'est malheureusement certain, détailler toutes les merveilles siciliennes jusqu'à plus soif ! Certaine de lasser tout le monde mais c'était tellement superbe ... Un nombre impressionnant de billets s'accumulent dans mon escarcelle au lieu de corriger les copies, oh là là !!!
Il faut bien que des enseignants enseignent puisque c'est là situation tout à fait normal contrairement à ce qui continue à se passer ici!
Supprimera presto in Sicilia!