mercredi 11 juillet 2012

AVIGNON OFF 2012 - 3 -

Couloir de la Mort


Manuel Pratt
Pendant plus de dix ans, Manuel Pratt a correspondu avec un prisonnier américain, détenu dans le Couloir de la Mort. Trois mois avant son exécution, Pratt a rencontré Gérald S.
De cet échange, de cette rencontre, est né ce spectacle. Un témoignage direct, sans concession sur les conditions d’incarcération, d’exécution, sur la peine de mort, telle qu’elle est appliquée aux Etas Unis.
« Un spectacle puissant, véritable coup de poing dont on ne sort pas indemne» Le soir - Belgique
«Emouvant, inoubliable» Charlie Hebdo
«Pas de misérabilisme, pas de fausse pudeur, la violence au sens brut du terme. Ce que certains hommes peuvent imposer à d’autres hommes au nom de la Justice… D’une réalité implacable» le Monde
Un moment fort, grave et inoubliable. Une fois entré dans le registre langagier un peu chaotique du taulard, on est emporté par le flot, fasciné, cloué sur son siège. Pratt joue juste, parle avec ses tripes et
surtout, n'en fait ni trop ni trop peu. Pas de provoc, pas de débat, il témoigne. Et ça fait mal, on entend ce qu'on préfèrerait ne pas écouter, on voit ce qu'il suggère et on a honte de l'homme. L'argument choc de Pratt est clair : il n'y a aucune différence autre que formelle entre les criminels et ceux qui, au nom de la protection de leurs semblables, s'arrogent le droit de les tuer. Ces derniers ont les mêmes instincts, ils sont simplement plus malins et ont trouvé le moyen d'assouvir leurs instincts en tout légalité.
Pratt est parfait, totalement dans le rôle sans affeterie, sans effet inutile, un "vrai" acteur qui garde sa "distinction" naturelle pour jouer le loubard tout en étant crédible.

La Dispute au Collège de la Salle


Marivaux

Qu'est-ce que l'amour ? Marivaux propose une expérience…
"Terrible voyage initiatique qui témoigne de la complexité de la vie, de la formation de la personnalité, du trouble de l’ego et qui interroge la confusion des sentiments. Courrez voir ce Marivaux dont la langue résonne avec toute sa puissance." MARIANNE
"Un spectacle beau et saisissant. Une réalisation très originale. D’excellents comédiens."
POLITIS/COUP DE CŒUR
"Belle lecture de ce texte troublant sur la défaillance des sentiments." PARISCOPE



Nous parlions, il y a peu, de classiques revisités, et je disais les aimer quand ils sont intelligemment repensés. En voilà un qui est une vraie réussite : le metteur en scène a chorégraphié le texte, en insistant sur la découverte du "je", "vous" (on ne tutoie pas dans Marivaux" puis "nous". Un code gestuel précis montre toute la complexité qu'il y a, sortant de l'égocentrisme de la petite enfance, à découvrir "l'autre". C'est certes un peu agité, mais le texte de Marivaux, sans prétention, n'en souffre guère. La lecture en est terriblement clarifiée (le court texte de Marivaux est assez confus) et le talent des acteurs fait le reste. Une belle interprétation, sans contresens, qui éclaire notre lanterne, nous fait rire et sourire, et qui ne se prive pas, comme Marivaux, de nous faire découvrir les replis de l'âme humaine !

Fin de journée


André Benedetto

André BENEDETTO est l’homme de toutes les révoltes et de toutes les réconciliations.
Fin de journée est un questionnement permanent sur le rôle du théâtre, de l’auteur et de l’interprète.
Un couple de vieux acteurs vient se "poser" dans un théâtre. Lui tourne, retourne et jongle avec une idée : jouer "Le Cid". Elle l’écoute et l’aiguillonne... Le projet est joyeux et poétique, clairvoyant et ambitieux.
Maryvonne SCHILTZ et Jean-Claude DROUOT sont "chez Benedetto" en pays de connaissance. Ils partagent la même exigence et le même appétit de théâtre.



Dieu sait que je suis une groupie de Jean-Claude Drouot, une inconditionnelle ! Mais je me suis un peu ennuyée à cette fin de journée. C'est le texte de Benedetto qui est en cause je crois. Il s'interroge sur LE théâtre, sur la mission de l'auteur, sur l'évolution du rôle de la chose écrite et jouée. Et il le fait par la voix de deux vieux acteurs, un vieux couple, de vieux complices, qui revisitent leur vie, leurs convictions, leurs sensations. C'est bourré de bonnes idées, de clins d'oeil, et en vous le racontant je trouve que tout cela était bel et bon, et pourtant, je ne sais pourquoi j'en suis sortie un peu trop dolente, sans cette flamme qui vous fait vibrer après un bon spectacle. Comme si Drouot, qui pourtant joue admirablement, n'avait pas finalement été lui-même convaincu. Que cela ne vous empêche pas d'y aller, c'est un joli moment de théâtre qui parle du théâtre vu du côté de ceux qui le font, du côté de ceux qui l'inventent.

Dans la solitude des champs de coton


Bernard-Marie Koltes
Dans la solitude des champs de coton est une pièce sur l’obscure trajectoire du désir. Deux comédiens, deux musiciens, dans un dialogue impulsif, réactif, jouent une partition faite d’attirances, de violence, d’ambiguïté, de faux-semblants. Un combat qui oblige l’Autre à se dévoiler, à se révéler à lui-même. La scénographie et le jeu des comédiens plongent le spectateur au cœur de ce duel, qui se joue peut-être en chacun de nous, et dont nous ressortons transformés.


Un texte que nous avons entendu 10 fois, et pas toujours compris. Avec la compagnie "la Tramédie" nous étions, a priori, en confiance : une troupe montée par une ancienne promo de la classe de Schiaretti cela nous a rassurés !! Et, de fait, on retrouve du Schiaretti dans cette mise en scène sobre, précise et ciselée. Et le texte, poétique et ambigu de Koltés était (presque) limpide. Ce qui, en soi, est un exploit. La musique était seulement un peu trop forte et l'inconfort de la salle extrême. L'idée de nous installer autour de la scène, au plus proche du dialogue intense et épais de ces deux protagonistes qui se cherchent et se fuient, est bonne. Mais c'est sans compter sur l'incommodité des bancs sur lesquels on se tortille comme des asticots pour tenter de tenir assis !! Pour autant, les acteurs sont efficaces, sans fioriture démago, et nous donnent à entendre Koltes avec un vrai respect, ce qui est méritoire et appréciable.
Petit message de Koka à la troupe, si par hasard elle passe par ces pages : il serait bon que le batteur cache avec une étiquette ou quelque chose de sombre, la pomme de son mac, qui brille quand l'ambiance est au noir complet : ça détourne l'attention et ça gache l'effet recherché !

6 commentaires:

  1. Quel marathon, trois à quatre spectacles par jour, comme j'aimerai te suivre... ici on regarde passer les nuages... aussi nombreux que les compagnies théâtrales.

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  2. Cela surprend toujours ce rythme de 4 spectacles par jour mais comme on ne fait rien d'autre, c'est très agréable... sauf quand on se vautre dans le choix et qu'on fait de mauvaises pioches !! Quant à la chaleur, elle est terriblement pénible mais on compose comme on peut avec elle !! en rêvant de nuages !

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  3. Mieux que Télérama ton blog !
    je commente plus rarement mais les lectures sont toujours savoureuses.

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    1. Oh Vince, tu es trop gentil !! Merci de ce commentaire auquel j'ai presque envie de croire !!

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  4. Et nous nous rêvons de soleil et de chaleurrrrrrrrrrrrrrrr !

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    1. Oui je sais Enitram, mes plaintes à propos de la chaleur d'Avignon, la ville chaudron, sont indécentes ! Mais on vient de rentrer sur l'estuaire et on respire enfin !!

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