Les ressources touristiques de la région des villages perchés du Pays de Fayence sont, au bout d'une semaine, assez limitées. Certes les villages ont un certain charme et les paysages sont dotés de vues à couper le souffle. Mais pour les visites, il ne faut pas être trop exigeant ! Le seul musée d'importance, issu de la donation de Dorothea Tanning à la commune de Seillans d'une collection de plus de 70 estampes réalisées par elle et son époux alors qu'ils habitaient l'endroit, était obstinément clos. Pour cause de 1er novembre d'abord, puis de pont de la Toussaint ensuite. Dommage, car l'époux de Dorothea était tout simplement Max Ernst (dont elle fut la 4ème épouse et la 5ème compagne) et la visite en valait sans doute la peine.
Il eut fallu aller plus loin, mais les petites routes de montagne et la météo chaotique, alliés à une voiture de location d'un inconfort patenté, nous en dissuadèrent. Nous avons préféré rester auprès de la cheminée en écoutant, histoire de changer un peu, quelques quatuors de Mozart ou les quintettes de Brahms. Et lorsqu'une éclaircie nous décida à aller faire un tour, ce fut très modestement pour le village de Bargemon qui abrite un musée intercommunal consacré à l'histoire locale (certes passionnante mais quelque peu roborative, malgré l'enthousiasme communicatif du conservateur) et dédié au peintre local, Honoré Camos.
Bien que la cote de ce peintre ne soit pas très élevée, le musée, qui n'a bénéficié d'aucune donation ou legs d'importance, n'offre que quelques rares toiles de lui et nous, qui étions venus voir "les poules" d'Honoré Camos, nous sommes un peu restés sur notre faim. Pourtant si vous tapez "Honoré Camos" sur Google images, vous tomberez sur une multitude de cours de fermes, où la gent gallinacée est en bonne place.
Après une longue discussion sur le sexe des anges, non pardon, sur la nature des oiseaux suspendus dans l'entrée, Alter y voyant des poules et moi des oies, nous avons épluché très consciencieusement les archives régionales, regardé le plus attentivement du monde les articles de journaux consacrés à la "gloire locale", tourné sagement autour de sa représentation en cire offerte par le musée Grévin, et nous avons dû nous rendre à l'évidence : le poulailler était vide et la petite collection fort modeste, quoique fort bien présentée.
Un peintre sans prétention, qui fréquenta Picasso (ce qui explique une partie de sa "gloire") particulièrement à Vallauris, sa ville natale, où il avait ouvert avant-guerre un atelier de céramique. Autodidacte, doté d'un sens aigu de l'observation et d'un don certain pour la couleur, il consacra sa vie à peindre sur le motif des scènes simples et souvent champêtres.
Il aimait chanter, raconter, esquissa même une carrière de comique troupier, et il est de bon ton de trouver dans son œuvre peint une élégante propension à la "galéjade". Des peintures somme tout assez poétiques, lumineuses et joyeuses. Je laisse la parole au peintre pour vous parler mieux que moi de sa conception de l'art :
"Du haut de la terrasse, je regarde les arbres avec leurs couleurs flamboyantes que Dieu a créées pour que les humains puissent reposer leur regard et adoucir les peines de la vie journalière. Mais hélas, combien peuvent admirer la beauté de tous les jours, avec le soleil qui montre ses rayons de feu derrière ces feuillages jaunes et pourpres ?
Le matin, le chant des coqs ici, et les oiseaux qui viennent sur la terrasse, cela vaut bien toutes les premières de Paris et des villes modernes.
Je regardais le coucher du soleil. Quel est l'abruti qui peut essayer de peindre cette chose-là ? Ah, voilà de belles choses qui font vibrer les sens. Pas un bruit de (travers), que la source qui déverse ses gouttes d'eau au loin là-bas, au fond de la vallée. Vive la nature"
Ce manifeste, écrit à Bargemon par le peintre le 16 novembre 1976, il a 70 ans, dit bien son amour de la nature, du soleil et du vent, des couleurs qui chatoient et des saisons qui dorent la colline.
"On le voit, dès que pointe le jour, son chevalet plus grand que lui, son menton en galoche comme un défi aux inquisiteurs, ses yeux fouineurs avides de lumière, s'en aller d'un pas nonchalant à la découverte de nouvelles beautés. Il chante en route, il siffle, il parle aux bêtes et aux gens, rêve qu'il sera célèbre et que les méchants seront chassés en enfer" (Francis Huger). Célèbre, il ne l'est guère, sympathique, il le reste et il nous parle encore à travers ses petites toiles sensibles et enjouées qui nous racontent une beauté simple, à la portée de qui sait regarder.
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Vous connaissez les merveilles de Danielle ??? Et bien dans son dernier billet, elle nous narre son dernier achat aux puces de Montreuil, et de quoi croyez qu'il s'agit ??? Je vous le donne en cent, je vous le donne en mille... mais oui, d'une peinture d'Honoré Camos !! Il doit avoir les oreilles qui sifflent ce gentil troubadour de la peinture ! Et je vous recommande fort d'aller admirer chez Danielle ses capucines....
Michelaise, incroyable mais vrai pendant que tu nous régales de la vie d'Honoré qui fréquenta Picasso, de mon côté je trouve une oeuvre de lui aux puces... Cette anecdote est vraiment savoureuse...
RépondreSupprimerJe te remercie de mettre un lien sur mes capucines, ce qui élargit la palette visible de notre artiste...
Il en arrive des trucs sur nos blogs...:-))))
Merci encore à toi Michelaise, pour cette belle aventure, je te bisess fortes du soir.
Que oui, il en arrive des drôles de choses sur nos blogs... imagine ma surprise quand j'ai vu ces capucines... la signature, quoiqu'illisible, et le style m'ont instantanément fait penser à Camos ... et ta remarque à la fin du billet a confirmé cette impression
SupprimerMais c'est presqu'incroyable..!! J'avais savouré avec grand plaisir les capucines de Danielle-merveille et la belle genèse de leur arrivée chez elle, et voilà que je retrouve leur peintre si bien raconté chez Michelaise...
RépondreSupprimerEt surtout qu'on ne vienne pas me dire que, les blogs, y en a pas des géniaux. Bien sur, quand ils sont à des blogueuses si... inadjectivables, et donc très grand merci à toutes les deux, et n'arretez jamais de nous régaler !
Et oui que veux- tu dans ce pays que je connais bien ( une amie de plus de trente ans possède une lmaison à Fayence) il fait presque toujours beau aussi on vit dehors et n'éprouve pas le besoin de se mettre à l'abri dans un musée
RépondreSupprimerOn sait qu'il ne sera pas très fréquenté
Si elle vivait encore tu aurais pu aller rendre visite à Sœur Emmanuelle
Comment l'atelier de cordonnerie ne t'a pas intéressée?
Tu aurais dû aller au domaine de Baudouvin qui abrite un jardin remarquable
Quant à "il fait presque toujours beau", fin octobre on était TRES loin de compte ! Quel temps pourri mazette, nous regrettions nos brumes atlantiques !! Et les jardins sous la pluie, bof !! mais ce sera sans doute pour une prochaine édition, car le festival de Fayence, lui, est passionnant.
SupprimerChère Siu merci pour ton chaleureux enthousiasme... j'adore !
RépondreSupprimerBises du soir.
Bonsoir Michelaise. Ton article joyeux me semble vraiment à l'unisson avec le peintre dont tu parles. Cet homme proche de la nature et des choses est très sympathique et j'aime son tempérament et sa simplicité.
RépondreSupprimerMerci pour cette belle présentation et bon week-end à toi
Oui, un talent discret, c'était un peu "osé" de lui consacrer un billet mais j'aime bien parler des talents peu connus, ou locaux. Etonnant toutefois que tu aies trouvé une peinture de lui à Paris car il était vraiment provençal, disons qu'il a peu vécu à Paris. Si tu savais combien je suis contente pour toi !! J'espère que d'en parler va faire monter sa cote !!!!!
Supprimeret ben j'en ai un de tableau de h camos,poules cheval,et basse cour quoi.il est si joli.vous pouvez le voir dès demain sur le blog ...augustepotage.centerblog.net
RépondreSupprimerAllons bon !! Je suis allée sur le site consacré au peintre Auguste Potage (un nom que j'avais déjà entendu, faut dire qu'on a du mal à l'oublier !!) et ai apprécié le travail que vous faites. Mais je n'ai pas trouvé le Camos... à suivre donc !
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