Que dire encore de Syracuse après en avoir éclusé le musée, les ruelles d'Ortigia et épluché le moindre tableau de renom ?? Après avoir aussi rendu visite aux restes romains, avoir trainé sur les marchés et y avoir dégusté en bonne et due forme les oursins tout frais péchés ? Il nous restait une curiosité à satisfaire.
Le monument se voit dès qu'on aborde les faubourgs de la ville : immense, surprenant, il décontenance le visiteur qui ne sait, a priori, ce qu'est cet édifice d'un genre peu identifiable : stade, musée futuriste, marché couvert gigantesque ? Rien n'indique vraiment qu'il s'agisse d'une église, et l'on n'a pas l'habitude de voir des clocher en forme de pyramide. Et où qu'on soit dans la ville, on le voit, surgissant au-dessus des gradins du théâtre, ornant de sa silhouette massive la vue de la baie, se dressant fièrement devant l'Etna, il est toujours là, en ligne de mire. Il fallait donc aller le voir de plus près, et c'est ainsi que nous avons visité la Madonna delle Lacrime, sanctuaire triomphant du milieu des années 60, quand l'église catholique était encore susceptible d'attirer sur les lieux de culte des milliers de pèlerins sur les traces d'un miracle. Celui de Syracuse eut lieu en l'espèce en 1953 : du 29 aout au 1er septembre, devant une foule sans cesse grandissante de fidèles émus, une statue de plâtre représentant le "cœur immaculé de Marie" pleura. On recueillit le liquide qui coulait sur le plâtre? et une analyse scientifique confirma qu'il s'agissait bien d'un liquide lacrymal. Dès lors, la dévotion à cette statue exceptionnelle prit des proportions telles qu'on décida de construire un édifice gigantesque pour accueillir les fidèles qui se pressaient chaque jour plus nombreux.
Un concours fut lancé et, vous comprendrez mieux alors notre intérêt redoublé pour Notre Dame des Larmes quand vous saurez que "notre" architecte royannais, Guillaume Gillet participa à la sélection.
Son ébauche, que nous avons découverte en visitant l'exposition que lui consacrait le musée de Royan il y a peu, s'élevait en étoile autour d'un plan carré et aurait surplombé Syracuse de façon totalement différente, mais il ne fut pas retenu. En 1957 le projet fut confié à Michel Andraut et Pierre Parat. Pourtant la construction en fut longtemps contestée, retardée, car son modernisme et sa forme audacieuse fit naître, on s'en doute, moult polémiques... qui durèrent durant tout le temps du chantier, de 1966 à 1994 ! Il fallut 28 ans pour que l'église soit enfin inaugurée par le pape Jean-Paul II.
Outre les indignations et contestations en tous genres, la découverte, lors du creusement des fondations, de ruines d'habitations datant du VIème siècle avant Jésus-Christ et d'un morceau de route antique, retarda d'autant la réalisation définitive du sanctuaire. Un crypte aménagée sous le corps principal de l'église, permit finalement de sauvegarder et de montrer les restes d'un temple païen et d'un assez grand bâtiment, dont les murs étaient à l'origine recouverts de mosaïques.
Le bâtiment qui s'élève au-dessus a donc la forme d'un gigantesque cône de 100 mètres de hauteur, pour une circonférence d'environ 90 mètres. Ce n'est pas une flèche, mais plutôt un corps conique formé de côtes marquées en béton armé, qui s'évasent autour d'une base assez puissante, jusqu'à se terminer par un couronnement en acier sur la pointe duquel repose une statue de la Vierge.
L'ensemble ne manque pas de prestance, même si l'on se prend à regretter l'impression de lourdeur que l'édifice provoque quand on le voit à distance. Par contre, dès qu'on se rapproche et plus encore quand on y entre, la réussite est totale.
Tout y est conçu pour le cheminement : cheminement vers l'intérieur grâce à d'immenses rampes d'accès qui permettent de passer de la crypte au sanctuaire élevé, passages permanents du haut vers le bas grâce à la déclivité des pans inclinés qui permettent de passer largement de l'un à l'autre, cheminement du regard vers le haut quand on pénètre dans le sanctuaire où tout est fait pour vous inciter à lever les yeux vers le ciel ! En un mot cheminement de l'âme vers les prémisses de son Salut.
Dans cette ambiance, le mobilier liturgique est réduit à sa plus simple expression. On croise, de-ci de-là des autels, sobres (l'un d'eux est même un autel de rite byzantin, ce qui en fait une preuve de l’œcuménisme actif de la fin des années 2000), on serpente entre piliers, on se glisse dans des chapelles dépouillées. Tout est très serein, disposé pour la foule mais propice au recueillement. Un chemin de croix d'une exceptionnelle intensité dramatique et d'immenses toiles au graphisme nerveux et incisif montrent que le lieu, toute basilique de pèlerinage qu'il soit, est décoré avec sobriété, dans l'esprit qui a présidé à sa conception : moderne, voire futuriste mais classique, dépouillé et puissant.
Son ébauche, que nous avons découverte en visitant l'exposition que lui consacrait le musée de Royan il y a peu, s'élevait en étoile autour d'un plan carré et aurait surplombé Syracuse de façon totalement différente, mais il ne fut pas retenu. En 1957 le projet fut confié à Michel Andraut et Pierre Parat. Pourtant la construction en fut longtemps contestée, retardée, car son modernisme et sa forme audacieuse fit naître, on s'en doute, moult polémiques... qui durèrent durant tout le temps du chantier, de 1966 à 1994 ! Il fallut 28 ans pour que l'église soit enfin inaugurée par le pape Jean-Paul II.
Outre les indignations et contestations en tous genres, la découverte, lors du creusement des fondations, de ruines d'habitations datant du VIème siècle avant Jésus-Christ et d'un morceau de route antique, retarda d'autant la réalisation définitive du sanctuaire. Un crypte aménagée sous le corps principal de l'église, permit finalement de sauvegarder et de montrer les restes d'un temple païen et d'un assez grand bâtiment, dont les murs étaient à l'origine recouverts de mosaïques.
Le bâtiment qui s'élève au-dessus a donc la forme d'un gigantesque cône de 100 mètres de hauteur, pour une circonférence d'environ 90 mètres. Ce n'est pas une flèche, mais plutôt un corps conique formé de côtes marquées en béton armé, qui s'évasent autour d'une base assez puissante, jusqu'à se terminer par un couronnement en acier sur la pointe duquel repose une statue de la Vierge.
L'ensemble ne manque pas de prestance, même si l'on se prend à regretter l'impression de lourdeur que l'édifice provoque quand on le voit à distance. Par contre, dès qu'on se rapproche et plus encore quand on y entre, la réussite est totale.
Tout y est conçu pour le cheminement : cheminement vers l'intérieur grâce à d'immenses rampes d'accès qui permettent de passer de la crypte au sanctuaire élevé, passages permanents du haut vers le bas grâce à la déclivité des pans inclinés qui permettent de passer largement de l'un à l'autre, cheminement du regard vers le haut quand on pénètre dans le sanctuaire où tout est fait pour vous inciter à lever les yeux vers le ciel ! En un mot cheminement de l'âme vers les prémisses de son Salut.
Dans cette ambiance, le mobilier liturgique est réduit à sa plus simple expression. On croise, de-ci de-là des autels, sobres (l'un d'eux est même un autel de rite byzantin, ce qui en fait une preuve de l’œcuménisme actif de la fin des années 2000), on serpente entre piliers, on se glisse dans des chapelles dépouillées. Tout est très serein, disposé pour la foule mais propice au recueillement. Un chemin de croix d'une exceptionnelle intensité dramatique et d'immenses toiles au graphisme nerveux et incisif montrent que le lieu, toute basilique de pèlerinage qu'il soit, est décoré avec sobriété, dans l'esprit qui a présidé à sa conception : moderne, voire futuriste mais classique, dépouillé et puissant.
FIN
Alors là bravo.
RépondreSupprimerNous avons trouvé le bâtiment tellement incongru dans ce contexte que cela ne nous a pas donné du tout envie d'aller y jeter un œil
Nous avons pourtant passé deux jours intra muros à Syracuse
J'avoue que ma première réaction a été exactement la même : c'est quoi ce truc ? d'autant que cela ne fait pas du tout église...
RépondreSupprimerje pense que celle de Gillet aurait été plus identifiable. Par contre, intérieurement, c'est une vraie réussite