lundi 3 décembre 2012

GOURMANDISES ROMAINES : LES SAN PIETRINI


Oh certes, nous n'avons pas fait à Rome un séjour gastronomique ! Notre "méthode de tourisme", qui nous permet financièrement de "durer" (ça va... on se tait dans les rangs, je sais que nous partons souvent !!) consiste à louer, avec plus ou moins de bonheur, un appartement grâce auquel nous réalisons de réelles économies en termes de restaurant et de petits déjeuners.
Par contre, fut-ce de manière frugale, nous aimons bien nous arrêter en cours de journée dans des lieux un peu exceptionnels, pour se reposer, se sustenter un peu (pas trop parce que ce n'est pas donné !) et surtout profiter d'une belle vue ou d'un cadre rare. 


Une pizza sur la terrasse du Musée des Conservateurs (musées capitolins) offre une vue inoubliable sur Rome : la cafeteria est accessible même sans aller visiter l'exposition (cette année "l'âge de l'équilibre", passionnante au demeurant) en passant sur le côté droit du musée, on peut monter au deuxième étage directement. Et c'est accessible aussi pour la bourse.

Quelques bruschette, prises face à la Torre delle Milizie, à deux pas du Quirinale, nous ont consolés de ne pouvoir accéder à la fort agréable cafeteria du musée des Scuderie del Quirinale alors que nous avions déjà visité l'exposition Vermeer. Très bon marché !

 Sur le côté de l'escalier d'Espagne, à gauche en regardant vers le haut, il est un bar où l'on déguste d'excellents Bellini (Asti Spumante et pêche) ou autre Rossini (la même chose avec de la fraise) : à la tombée de la nuit, face à l'église de la Trinité des Monts illuminée, cela vaut la halte, surtout en fin de journée quand on est harassé .... Et tant pis pour le portefeuille, cela reste accessible si l'on n'abuse pas.

  
Impossible d'éviter la céfeteria du cloître de Bramante, à côte de l'église Santa Maria delle Pace : l'endroit, de proportions parfaitement équilibré et d'une sobriété architecturale grandiose, est très calme et y prendre une petite (??) pâtisserie n'est pas forcément ruineux ! C'est d'un calme parfait et par un salon, on peut voir l'intérieur de l'église où se cache des Sybilles de Raphaël.

L'affaire, sauf à partager nos adresses, ne mériterait pas le billet mais je ne peux résister à l'envie de vous raconter, à ce propos, l'histoire des "petits pavés romains".


Parmi ces haltes délicieuses, il en est une qui reste incontournable, c'est le troquet de la Piazza San Ignazio ! L'endroit, à deux pas du Corso, fait partie de ces lieux que nous avons vu "revivre" à Rome, durant les dernières décennies. Une campagne de restauration efficace et intelligente nous le cacha durant plusieurs années, encombrant la chaussée de barrières malséantes, obstruant les perspectives d'échafaudages contrariants, mais l'effort en valait la peine. Quand elle réapparut, rose et délicatement ombrée de beige, illuminée par le soleil caracolant sur ses façades ondulantes et dorées, nous en sommes définitivement tombés amoureux. Elle se déploie comme un décor de théâtre digne d'une pièce de Goldoni, les ruelles s'échappant selon une logique insaisissable, comme s'il ne s'agissait que de permettre à des personnages d'entrer et de sortir.

Et là, installés devant la haute façade de l'église qui donna son nom à la place, il est bon de faire halte pour un verre de vin accompagné de quelques olives succulentes, ou, si c'est le matin, d'un cappuccino qu'on nous servit, l'autre matin, agrémenté de quelques biscuits tièdes qui fleuraient bon le four ! Tendres et délicieux... je demandais au patron le nom de cette petite gourmandise "Ce sont des Sanpietrini".
Au passage suivant, je tâchais de m’enquérir de la recette, et j'obtins les ingrédients : beaucoup de ricotta, des oeufs, du sucre et de la farine. Je n'osais pas demander le temps de cuisson ni les proportions et dus m'abstenir de savoir s'ils contenaient de la levure, ne connaissant pas le mot en italien.
Enfin, lorsqu'un peu plus tard, sa femme partit faire des courses, je la hélais pour la féliciter sur ses petits gâteaux et, plus bavarde, elle nous répéta le nom, et nous expliqua qu'à Rome (et ailleurs ?? je ne sais pas trop) les Sanpietrini sont des pavés. Dieu sait que la ville en regorge et qu'on s'y tord joyeusement les chevilles. Et le gâteau, nous dit-elle, devient au bout de deux jours tellement dur qu'on dirait un pavé, d'où son nom.


Dont acte. A peine rentrée à Meschers, je voulus en tâter : internet consulté ne me fut d'aucune utilité, sauf à me confirmer que le Sanpietrino est bien un pavé qui doit son nom à l'ouvrier spécialisé qui s'occupait de l'entretien ordinaire de la basilique du Vatican. c'est en 1725 qu'apparait la dénomination de sanpietrino au sens actuel : Monseigneur Ludovic Sergardi, alors préfet et économe de la Fabrique de Saint Pierre, constata l'état lamentable de la place où, peu de temps auparavant la voiture qui transportait le pape s'était renversée. Il décida alors de paver la place avec de petits blocs de leucitite, une roche volcanique typique du Latium. En fait, au sens strict, le sanpietrino correspond à une taille de dimensions inférieures à celles des pavés (quadrucci) qui ornent la place Saint Pierre actuelle ou la place d'Espagne, mais les romains ont conservé à ces derniers le petit nom "affectueux" de sanpietrino.


Mais de recette, point. Ne trouvant pas ma vie sur internet, je résolus d'en faire une fournée "au pif" : 250 g de ricotta, deux gros oeufs (je n'avais que ça !!!), 150 g de sucre et 150 g de farine. La question de la levure n'étant pas résolue (je me disais que s'ils devenaient si durs, c'était peut-être parce qu'ils ne contenaient pas de levure), je décidais d'en mettre un tiers de paquet environ, et après voir formé avec une grosse cuillère, des petits tas égaux, j'enfournais le tout à 220° durant 25 minutes.  à 210° durant 20 minutes (la première expérience étant un peu sèche, j'ai testé ces données là et c'est plus moelleux). La seconde fois j'ai ajouté un peu de gingembre et de la poudre d'écorce de citron, pas mal du tout !! "Ma" romaine" y avait quant à elle semé quelques pépites de chocolat !


Le résultat était tout à fait convenable, mais je ne peux absolument pas vous dire si les gâteaux en question durcissent rapidement : ils ont été mangé en moins d'une après-midi !! A consommer tiède et sans modération !!


Le seul mystère que je n'ai pu élucider est de déterminer si les San Pietrini sont des spécialités romaines "officielles", répertoriées, ou si simplement la spécialité de la patronne du bistrot de la piazza San Ignazio ?

8 commentaires:

  1. Sincèrement, je n'ai jamais entendu parler de "sanpietrini" comme de quelque chose de doux qu'on mange... Moi, comme la plupart de mes compatriotes j'imagine, l'idée que je lie au mot sanpietrini (à coté bien sur de celle du pavé : http://it.wikipedia.org/wiki/Sampietrino ) c'est plutot celle d'objets contondants lancés contre les forces de l'ordre quand les manifestations tournent à la violence, à partir surtout des années '60/'70.
    E pour revenir sur Rome c'est étonnant, ou peut-etre pas du tout, mais moi aussi, quand je m'étais retrouvée -tout par hasard d'ailleurs, en flanant sans but précis- en Piazza Sant'Ignazio, j'avais eu exactement la meme et merveilleuse sensation d'etre tout à coup au milieu d'un théatre délicieux, une minute avant que la pièce commence... Goldoni ? Ben oui, rien de plus approprié !

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  2. Bon, en tout cas les Sanpietrini selon la recette de cette dame n'ont jamais le temps de justifier leur nom, on les mange dans l'heure qui suit, tièdes et tendres !!
    Mais c'est marrant de "faire 68" sur la piazza Sant'Ignazio !! sur laquelle il est merveilleux de déboucher par hasard ... car la surprise est grande !

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  3. J'ai beaucoup aimé cette place c'est véritablement un décor de théâtre par contre je n'ai pas de souvenir de café en face de l'église, il faut dire que nous avions nos habitudes au sant Eustachio sur la place éponyme, le meilleur café de Rome mais il faut se transformer en gladiateur pour approcher le comptoir.
    Pour la recette il me semble qu'on peut fouetter la ricota puis monter le sucre et les jaunes d'oeufs, mélanger le tout, incorporer la farine puis les blanc montés en neige .... parfumer au zestes d'orange et citrons plus petits éclats de chocolat.....
    J'ai beaucoup de retard dans mes lectures, je passe au message suivant.

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    1. Pas de doute, on a affaire à un spécialiste ! la recette, revue et corrigée par Robert, est encore plus alléchante. Promis que je tente la prochaine fournée avec ces améliorations... ah les souvenirs romains, on ne se lasse pas des évoquer

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  4. Coucou Michelaise En tous cas moi j'adore les photos et j'applaudis aux tentatives gastronomiques par approchements.
    J'en profite aussi pour applaudir au jardin bio, qui est une de mes obsessions du moment
    Bises de Cantabria

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    1. Ah ça Fred, je me doute qu'avec mes moutardes, je n'ai pu qu'éveiller un écho favorable en Cantabrie !! Je te dirai l'an prochain si c'était une bonne méthode pour raviver la terre.
      Pour les Sanpietrini je pense qu'on est presque à bon port, et les idées de Robert seront suivies à la lettre dès la prochaine étape gourmande

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  5. Il y a longtemps que nous adoptons ce genre de tourisme où que ce soit ,pas pour une question d'argent mais parce que nous aimons bien après avoir crapahuté toute la journée être tranquilles le soir une bonne douche et un repas "tranquilou" on refait la journée
    Il y un endroit où nous aimons bien nous restaurer à midi c'est à La Vacca

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  6. Lorsque nous partons plus de trois jours c'est la formule que nous adoptons, c'est plus économique et j'aime bien aller chez les traiteurs de l'endroit et trouver des spécialités à réchauffer.
    D'ailleurs je garde sous le coude Le Beaulieu car, un jour si tout s'apaise il faudra bien que je vienne découvrir la terre de certains de mes ancêtres et, cet endroit en est proche. Alors qui sait?
    Tes photos de Rome me font rêver et ton gâteau au premier plan baver.
    J'ai bien envie d'essayer ces Sanpietrini mais peut-être vais-je attendre le verdict de la version améliorée Robert.
    J'espère que tu mettras le résultat.
    J'ai aussi beaucoup de retard dans mes lectures (on peut dire cela pour tes billets) et je vais essayer d'en rattraper le fil, pour faire mentir le vieil adage qui dit que : le temps perdu ne se rattrape jamais.
    Belle soirée

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